Le sultan sera inhumé ce 9 octobre 2021. Il avait rendu l’âme des suites d’une forme sévère de Covid-19 le 27 septembre 2021 à l’hôpital américain de Paris, où il avait été évacué. Des obsèques officielles ont lieu ce jour à Foumban en présence du Premier ministre, représentant du Chef de l’État. Retour sur la trajectoire de ce souverain qui aura marqué la vie traditionnelle et politique de son pays.
L’onde de choc qui traverse le Cameroun est immense. On le savait malade, mais personne n’osait imaginer le pire, tellement le sultan était grand et robuste. Le 11 septembre dernier, le Roi des Bamouns, atteint d’une forme sévère de Covid-19 a été évacué en Europe. Mais le Roi n’a pas pu vaincre ce fâcheux virus. L’image de son fils, Ahmed Mbombo Njoya, entraîneur de l’équipe nationale de basketball, féminine, du Cameroun, en larme, ce dimanche, après la troisième place obtenue face au Sénégal était assez expressive. Il a dédié cette victoire à son géniteur, qui agonisant vivait ses dernières heures.
Le souverain, qui était âgé de 83 a fait sa dernière grande sortie le 16 août dernier quand il recevait dans son Palais royal Patrice Motsepe, le président de la Confédération africaine de football, qui était accompagné pour la circonstance de Seidou Mbombo Njoya, le président intérimaire de la Fecafoot.
Né sous le trône
Depuis 1992, Ibrahim Mbombo Njoya était le Roi des Bamouns. Comme le veut la tradition, il sera enterré dans la plus grande discrétion. Après, s’ouvrira alors une période de deuil. Son successeur, tenu secret pour l’instant, sera désigné parmi un des fils, né pendant qu’il était sous le trône.
Avec la disparition d’Ibrahim Mbombo Njoya, c’est une page de l’histoire politique du peuple Bamoum, en particulier, et du Cameroun en général qui se tourne. Faut-il le rappeler, le peuple Bamoum est une dynastie traditionnelle vieille de près de neuf siècles, qui règne sur le département du Noun, dans la région de l’ouest du Cameroun et dont la cité traditionnelle est la ville de Foumban.
Ibrahim Mbombo Njoya, comme tout fils de sultan, était un privilégié. Au terme d’études primaires à Foumban, sa ville natale, il ira poursuivre ses études secondaires en France, puis reviendra les parachever au Lycée Général Leclerc de Yaoundé. Après son Baccalauréat, il poursuivra ses études supérieures au Sénégal, à l’Institut d’Etudes Administratives Africain de Dakar. Il y obtiendra un diplôme du deuxième degré.
Dès 1958, Ibrahim Mbombo Njoya va connaître un parcours politique exceptionnel. Il officie d’abord en qualité d’Attaché au Cabinet du Haut-commissaire de la République française au Cameroun, ce jusqu’à l’indépendance du pays en 1960. De 1960 à 1962, il occupe tour à tour les fonctions de Chef de Cabinet du Secrétaire d’Etat à la présidence de la République chargé de l’Information, chef de Cabinet du ministre des Forces armées, et enfin Directeur de Cabinet du ministre des Forces armées. Parallèlement, il est président de la Fédération camerounaise de football (1960-1964).
Siége au Sénat camerounais
Par la suite, il est nommé Commissaire Général à la Jeunesse, aux Sports et à l’Éducation populaire. Trois ans plus tard, le 25 mai 1965 précisément, il fera son entrée au Gouvernement en qualité de ministre adjoint de l’Education, de la Jeunesse et de la Culture. Cinq ans plus tard, il sera nommé Ambassadeur du Cameroun en Guinée Equatoriale, le 31 juillet 1970, puis Ambassadeur du Cameroun en Egypte jusqu’en 1981, avec pour premier secrétaire René Sadi, l’actuel ministre de la Communication.
Le 4 décembre 1981, il est nommé vice-ministre des Affaires étrangères par le président Ahmadou Ahidjo. 34 jours plus tard, le 7 janvier 1982, il devient ministre de la Jeunesse et des Sports. Commence alors une carrière ministérielle ininterrompue, qui le portera, sous la présidence de Paul Biya aux fonctions de ministre de l’Information et de la Culture du 21 novembre 1986 au 16 mai 1988, ministre de l’Administration Territoriale du 16 mai 1988 au 7 septembre 1990, de nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports dès le 7 septembre 1990 et enfin ministre Délégué à la présidence chargé des Relations avec les Assemblées à partir du 9 avril 1992.
Par ailleurs, il a été également PCA de la CRTV du 29 janvier 1988 au 12 janvier 1989. Le 10 août 1992, il est intronisé Sultan, Roi des Bamouns. Il démissionne du gouvernement pour se consacrer à ses nouvelles fonctions traditionnelles. Membre du Comité central et du Bureau politique de l’UNC depuis mai 1984, il devient également membre du Comité central et du Bureau politique du RDPC, depuis sa création en 1985. Il est par ailleurs chef de la délégation du comité central du RDPC pour la région de l’ouest. Depuis 2013, il siégeait au Sénat camerounais.