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Cameroun: Vive le football féminin!

En six ans, entre 2006 et 2012, l’équipe nationale féminine de football du Cameroun est passée de la 88ème place à la 50ème du classement Fifa

Dans un pays où les autorités en charge du sport pensent que le football féminin est moins intéressant que le football masculin, les Lionnes viennent une fois de plus de confondre tous leurs détracteurs. Dimanche 17 juin face aux Black Queens du Ghana, après une rencontre riche en suspens, les Lionnes ont obtenu leur ticket pour le Championnat d’Afrique féminine qui se disputera en novembre prochain en Guinée-Equatoriale. Là où justement les Lions, depuis transformés en «chats», n’ont pas pu se qualifier. En avril dernier, un an presque jour pour jour après que l’équipe nationale masculine Espoirs se soit faite éliminer par une modeste équipe de Tanzanie des JO 2012, les Lionnes ont validé leur billet pour Londres 2012 en éliminant les Super Falcons du Nigeria. Lors de cette double qualification, les Lionnes en jouant avec beaucoup d’envie ont comblé les spectateurs qui ont fait le déplacement du stade Ahmadou Ahidjo. La clé du succès de cette équipe repose d’abord sur son sélectionneur Enoh Ngachu, qui, du fait de sa stabilité sur le banc touche et de son intelligence tactique, a su donner une âme à cette équipe. En six ans, entre 2006 et 2012, l’équipe nationale féminine de football du Cameroun est passée de la 88ème place à la 50ème du classement Fifa. Pendant la même période, leur homologue masculin, malgré la grande attention des pouvoirs publics, emboitaient presque le chemin inverse.

Les valeureuses Lionnes réalisent ces prouesses alors que le football féminin est moins médiatisé, moins payé, moins respecté. Au Cameroun, en matière de sports en général et du football en particulier, il est difficile de parler d’égalité. A tous les niveaux: joueuses, entraîneuses, journalistes sportives, infrastructures… Alors, le football féminin est-il un grand bastion du sexisme? Que non! Ou alors partiellement! Aux stades annexes n°1 et n°2, malgré les terrains poussiéreux, certains amoureux du football ont depuis fait leurs choix, en délaissant les matches de la Mtn Elite One et Mtn Elite Two pour assister aux matches de championnat de football féminin. Mais le problème se situe au niveau de la pratique, comme le reconnaît Enoh Ngachu : «L’expérience olympique va nous aider à obtenir plus de soutiens pour notre championnat national, dans lequel il y a actuellement 10 équipes. Je pense que nous allons réussir à attirer plus de footballeuses et à surmonter ce tabou culturel des parents qui, jusqu’à présent, ont mis beaucoup d’entraves sur la route des filles qui voulaient jouer au foot». Au pays de Samuel Eto’o, le football féminin possède son propre univers et défend une certaine idée du football. Les dix équipes du championnat d’élite jouent soit avec des meneuses de jeu ou des véritables milieux de couloirs offensifs. Du coup, on y voit du beau jeu et des joueuses de talent avec souvent moins de violence et de tricherie que chez les hommes. A partir de là, le football féminin va poursuivre sa quête de reconnaissance et de médiatisation et, surtout, peut-être susciter un véritable engouement. Mais, à condition qu’une véritable politique de vulgarisation, de formation et d’infrastructure soit mise en place. Les joueuses de football au Cameroun ne doivent plus par exemple découvrir le gazon lors des rencontres internationales!

Dès lors, plusieurs défis sont posés aux pouvoirs publics et communaux dans leurs politiques d’incitation à la jeune fille à pratiquer un sport de manière régulière, notamment à des fins de santé. N’ayons pas honte de regarder au-delà de nos frontières. Au Nigeria, le football féminin est professionnel et il y a trois divisions. Aux États-Unis, au Brésil, en Chine, en Norvège, en Allemagne et dans bien d’autres pays, la pratique féminine du foot est très développée et très populaire. Ça ne choque personne. Si l’on veut un jour au Cameroun rivaliser avec ses grandes nations de football, les préjugés sexistes qui entourent nos dirigeants doivent disparaitre. Les joueuses camerounaises démontrent chaque jour davantage, malgré la modicité des moyens, qu’elles peuvent faire honneur à notre football, et par ricochet à notre pays.

Une sélection du onze national féminin camerounais
Jean Jacques Ewong)/n


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