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Cameroun : voici des acteurs qui tuent l’école

Les acteurs qui tuent l’école au Cameroun
Membres du gouvernement camerounais en conférence de presse

Aucun individu ou organisation, fut-elle étatique, n’est doté d’un pouvoir de déclarer la mort de l’école au Cameroun. Or, les exactions des sécessionnistes, l’inertie du gouvernement, les excès des enseignants ou la violence des élèves y participent.

 

 

Les effets de la radicalisation des revendications corporatistes dans les régions dites anglophones en 2016, devraient nous servir de leçon. Près de 6000 établissements scolaires fermés, 600 000 enfants non scolarisés (selon Unicef en 2019), au moins 12 élèves tués depuis 2020, des dizaines d’enseignants mutilés, battus ; des enlèvements successifs avec ou sans demande de rançon.

L’opinion condamne avec la dernière énergie ces exactions ainsi que la position radicale des séparatistes. Ces derniers tentent à tous les prix de faire respecter leur ordre manifestement illégal. L’Etat à travers son gouvernement a déployé les moyens pour que pareil projet ne puisse pas prospérer.

Assassinat des élèves dans la crise anglophone

Obsèques des élèves assassinés à Kumba

Jusque-là dans l’imagerie populaire, l’on sait que les sécessionnistes sont les seules personnes qui s’érigent contre l’école au Cameroun. Que non ! La grève des enseignants en cours au pays depuis le 21 février 2022, et des scènes d’horreur vécus dans certains établissements scolaires révèlent le contraire. Bien d’autres acteurs contribuent à tuer l’école en silence.

La part de l’Etat et du gouvernement

En premier, l’Etat, son gouvernement et son administration. Ils s’illustrent ces dernières années par l’inertie, l’incompétence, et la mauvaise foi quant au traitement des problèmes légitimes posés par des enseignants. Les problèmes du système éducatif camerounais émanent de l’incapacité du système régnant à anticiper sur les problèmes généraux de la cité.

Depuis avant 2016, les seigneurs de la craie formulent des revendications en vue d’obtenir de meilleures conditions de travail et de traitement. Cependant, fidèle à sa logique du dilatoire, le gouvernement n’a pas daigné régler tous ces problèmes. Les premières directives données par le chef de l’Etat n’ont pas été toutes exécutées.

Malgré leur insatisfaction, les enseignants avaient levé le mot d’ordre de grève pour se remettre au travail. Du coup, une partie du problème étouffé continuait de ronger la plaie de l’intérieur. Tôt ou tard, cet état de putréfaction allait refaire surface et rependre une odeur nauséeuse.

La clameur « On a trop supporté » est ainsi venue rappeler le gouvernement à l’ordre en le mettant face à ses responsabilités.  Le lancement de l’opération « Craie morte », la tendance récente à sa transformation en opération « Ecole morte » sonnent comme un réveil, puis une volonté de radicalisation des revendications.

Cet état de choses bien qu’insupportable au regard des effets négatifs sur le système éducatif, n’est que la conséquence des lenteurs du système gouvernant. Dans la gestion de cette crise, le manque criard de solidarité gouvernementale s’est manifesté.

L’exagération de certains enseignants

Les enseignants relancent le mouvement de grève

Collectif OTS en mouvement au Cameroun

Du coup, les enseignants profitent de ce gouffre pour se positionner en second. Contrairement aux professeurs indignés en 2016, ceux d’OTS refusent de capituler malgré la division du mouvement en deux factions, OTS et OTS républicain. L’objectif est d’inciter le gouvernement à donner une suite favorable à toutes leurs revendications.

Pourtant, en fin mars dernier, le ministère des Finances a commencé à exécuter les directives présidentielles en payant la dette relative au non logement (5289 personnels) et aux compléments salariales (20449 personnels). Le montant total à verser au cours de l’exercice 2022 est 17 milliards 600 millions, dont un milliard 759 millions par mois depuis fin mars 2022.

Des mesures sont prises aussi au niveau administratif, pour régulariser leur situation. Les bénéficiaires en reconnaissant ces mesures conjoncturelles, revendiquent la mise en œuvre des mesures structurelles, notamment l’automatisation des avancements et des primes de sujétion.

Seulement, en proclamant la mort de l’école, les enseignants ont tendance à aller trop loin. Et surtout à s’écarter davantage de la voie légale. Certains manifestants ne le savaient peut-être pas. OTS et OTA sont des mouvements illégaux. Ils profitent de la tolérance administrative en raison des revendications reconnues légitimes. Mais la détection des infiltrés proches des partis politiques trahit une certaine instrumentalisation.

Or, s’il existe le métier d’enseignant, c’est parce que l’école existe. Si l’école meurt, l’enseignant cesse d’exister. En projetant mettre un terme à l’école, les enseignants programment ainsi leur propre mort.

La délinquance des élèves

Un élève poignarde son principal à Nkolbisson

Un élève poignarde son principal

En dernières position, les élèves. Certains élèves se sont transformés en assassins au sein des lycées et collèges. Depuis 2020, au moins un enseignant et un élève ont été tués par des camarades. D’autres ont survécu aux coups de poignard. Les élèves récalcitrants multiplient les actes de violence et de défiance signe de rejet de l’école. A cela s’ajoute la crise des mœurs avec la pornographie, le proxénétisme, la consommation des stupéfiants auxquels se livrent certains élèves.

Tout compte fait, l’éducation est un droit fondamental. Nul n’a le droit de la supprimer dans la société camerounaise. Sécessionnistes, gouvernement, enseignants et élèves, il faut se ressaisir.


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