Kah Aaron a été arrêté le 7 décembre dernier en raison d’un article qu’il a écrit sur une organisation chrétienne présente dans sa localité
Selon une information transmise par le Comité de Protection des Journalistes (CPJ) basé à New York, Kah Aaron, journaliste exerçant à Bamenda dans la région du Nord-Ouest au Cameroun, est menacé d’emprisonnement par un juge local pour diffamation s’il ne révèle pas la source d’un certain nombre d’informations qu’il a publié sur la Cameroon Baptist Convention (CBC), une organisation chrétienne dans cette partie du pays. «Ils m’ont demandé de leur donner le nom de la source qui m’a permis de rédiger l’article qui fait problème aujourd’hui, mais j’ai refusé. Je leur ai dit que je ne voyais aucun problème à ce que la CBC puisse demander la publication d’un droit de réponse, le juge ne veux pas et me donne jusqu’au 28 décembre 2012 pour leur indiquer qui m’a donné les informations», a fait savoir le journaliste, créateur du magazine Kilum 24. Selon des informations concordantes, Aaron Kah a été arrêté le 07 décembre dernier, après que l’organisation chrétienne ait porté plainte contre lui, pour des articles incriminant la CBC et sa gestion, au mois d’octobre dernier. Des témoignages de nombreux journalistes de la ville de Bamenda rapportent que l’organisation n’a pas publiquement démenti les informations qui ont été rendues publics par le journaliste Kah. Ses différents responsables se sont refusé à commenter la situation avec les membres du CPJ.
Dans cette région majoritairement d’expression anglophone, l’arrestation et les menaces exercées sur ce journaliste suscitent un vif débat au sein de l’opinion, avec en prime, la réflexion sur les sujets des articles qui auraient été publiés. De nombreux journalistes de la ville de Bamenda ont menacé de manifester publiquement si le journaliste n’était pas libéré. Une démarche qui semble avoir payé, puisque Aaron Kah a été libéré lundi 10 décembre dans la matinée. Les journalistes interrogés sur l’affaire estiment que la réaction du CBC une organisation chrétienne est assez difficile à comprendre. «C’est juste dommage que ce soit l’église qui en principe véhicule des messages de pardon et d’amour du prochain qui soit en train d’encourager qu’on fasse souffrir un individu juste parce qu’il a dit des choses qui ne plaisent pas», commente un des journalistes exerçant dans une chaine FM locale. Il est difficile de savoir jusqu’où ira la situation. Dans la région du Nord-ouest du pays, les organisations chrétiennes comme le CBC sont de véritables pouvoirs en raison d’un penchant poussé de ces populations vers la religion baptiste. Les conséquences d’une perte de crédibilité en raison de «révélations sulfureuses», peuvent avoir une ampleur très importante. Pour sa part, le CPJ invite l’organisation et la justice locale à une certaine retenue. «Si la CBC est mécontente ou contre ce qui a été écrit, ses responsables peuvent toujours demander la publication d’un droit de réponse, comme le prévoit la loi», peut-on lire dans son communiqué sur cette affaire.
