C’est la conclusion à laquelle sont parvenus les responsables du projet de virtualisation des procédures de passage de marchandise au port de Douala
Pour la dématérialisation complète et effective des opérations d’import-export au Cameroun, il faudra encore attendre jusqu’à 3 ans, selon les conclusions d’une récente analyse sur le sujet. Des responsables du Guichet Unique des Opération du Commerce Extérieur (GUCE) se sont retrouvés mardi 7 août à Yaoundé la capitale du pays, en vue de valider une étude portant sur la mise en place d’un système d’information des administrations impliquées dans les procédures d’importation et d’exportation. « Le processus de dématérialisation avance à un bon rythme, mais aujourd’hui, nous avons réalisé que de nombreuses choses doivent encore être prises en compte. Par exemple sur la plateforme portuaire, il existe d’autres administrations notamment certains ministère techniques qu’il faudra interconnecter au système et c’est une opération qui peut prendre un peu de temps », a expliqué un des responsables du GUCE. Pour l’expert qui a réalisé l’étude, on en aura pas fini avant un minimum de 18 mois. « Le véritable problème est celui de faire accepter le changement aux personnes qui interviennent dans la chaîne de service portuaire. Si on y parvient, les aspects techniques deviennent une formalité facile à franchir. Je pense qu’il y a un avantage au Cameroun c’est que tout le monde semble d’accord pour avancer vers la dématérialisation, mais c’est la mise en forme qui peut poser problème et il faudra travailler dessus », a expliqué l’expert tunisien ayant conduit l’étude. Au final, des experts de la Banque Mondiale, partenaires du projet, ont laissé entendre qu’il fallait encore modifier certains éléments. Mais au Guichet unique on rassure, le processus de mise en forme du système d’information n’est qu’une étape qui permettra de dématérialiser complètement. En attendant, l’agenda de dématérialisation poursuivra son cours en 2012, avec pour objectif, de parvenir à un délai de 13 jours pour les opérations d’import-export (au lieu de 19 actuellement) à la fin 2012.
Ces différentes réflexions interviennent alors que les bailleurs de fonds sont en train de mettre en place des mécanismes de facilitation au commerce en Afrique centrale. Une logique qui tire son fondement du fait que la facilitation des échanges régionaux peut être un important facteur de croissance et de développement pour les pays. Au Cameroun même si le principe est admis, le commerce extérieur fait encore face à de nombreuses contraintes. « Les marchandises mettent encore trop de temps au niveau du port et cela implique des surcoûts sur les produits et finalement ne profite pas au commerce. Il y a encore trop de procédure à accomplir et ce sont des choses qu’il faut limiter », a expliqué Dominique Djinkeu, un expert en matière de facilitation au commerce. Dans la chaîne de service, certaines administrations, notamment les douanes, ont fait beaucoup d’efforts et réduit considérablement les délais de procédure. Seulement, les responsables de la douane camerounaise préfèrent plus se focaliser sur la sécurisation des recettes que sur la prestation rapide des services aux usagers. En outre, la dématérialisation complète va se heurter à un problème, celui de la sécurisation des données. Un problème qui a lui seul risque d’être à l’origine de plusieurs comités de réflexions avec toutes les lourdeurs que cela comporte. « C’est justement de cela que je parlais lorsque j’évoquais la mise en forme du système, il faudrait que tous les acteurs se mettent à jour à l’exigence électronique. Vous savez les données du commerce extérieure c’est très important pour un pays et c’est pourquoi il reste laborieux d’y apporter des modifications. Le Cameroun a déjà fait un pas, il faut poursuivre », a expliqué l’expert tunisien. Cela fait dix ans que le GUCE travaille à la réduction des délais d’import-export, avec pour objectif initial, permettre d’importer en 7 jours. Mais même là, les délais resteront très longs. Dans certains ports bien plus volumineux que Douala, on importe en 4 jours. D’un autre côté, les travaux du GUCE doivent aussi prendre en compte l’avènement prochain du port de Kribi, pour ne pas être débordé par les événements le moment venu. Un aspect qui n’a pas été beaucoup évoqué.
