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Can féminine 2016 au Cameroun: le fiasco est-il encore évitable?

Par Ludovic Yarro C'est en 1972 que le Cameroun organisait pour la première fois de son histoire une Coupe d'Afrique…

Par Ludovic Yarro

C’est en 1972 que le Cameroun organisait pour la première fois de son histoire une Coupe d’Afrique des Nations sur son territoire. Celle-ci, avait d’ailleurs été marquée par son élimination de la compétition au stade des demis-finale par les diables rouges du Congo (0-1).

44 ans plus tard, il a donc fallut attendre plus de quatre décennies pour voir à nouveau le Cameroun comme pays organisateur de la CAN féminine (2016) et masculine (2019). Mais aujourd’hui, la question qui fait couler beaucoup d’encre et de salive est celle de savoir si le Cameroun se trouve aujourd’hui dans les meilleures dispositions pour organiser un évènement d’une telle envergure ?

Sans se positionner dans le camp du pessimisme ou de la fatalité, nul besoin d’être un expert pour s’apercevoir qu’on assiste aujourd’hui à une véritable course contre la montre et à moins de trouver une solution miraculeuse, il sera quasiment impossible d’achever les travaux selon les échéances déterminées. Alors se dirige t- on vers un échec dans l’organisation de cette compétition ? Honnêtement, je voudrais bien croire le contraire. Mais lorsqu’on se rend compte de la gestion cacophonique qu’il y’a dans cette organisation, il n’y a pas beaucoup de raisons d’y entrevoir un succès. Ainsi à l’heure actuelle où les infrastructures sportives font cruellement défaut, il me semble qu’il n’y ait pas un seul stade, pas un seul qui soit en mesure de recevoir un match de CAN.

D’ailleurs, on peut voir chaque semaine dans quelles conditions nos clubs de première division évoluent en MTN Elite One. N’avons-nous pas honte de voir ces clubs professionnels disputer des matchs sur des terrains semblables à des champs de patates ? Combien de stades sont munis de vestiaires, de sièges, de tribune de presse ou même de simples bancs de touche qui répondent aux normes conventionnelles ? Et pendant ce temps, le peuple camerounais se demande bien évidemment mais que fait donc la Fécafoot ?

Au lieu de répondre aux responsabilités qui sont les leurs et de regarder en face les défis qui leurs incombent, les membres du comité exécutif se réunissant il y’a quelques semaines adressaient plutôt une motion de soutien au chef de l’État sollicitant ouvertement sa candidature aux prochaines élections de 2018 alors qu’on sait très bien que, la FIFA interdit formellement à toute fédération de s’ingérer dans la sphère politique nationale. En effet, je me demande souvent si dans ce pays les dirigeants et responsables ont tout bonnement vendu leur conscience au diable ?

Dans quel pays qui se respecte peut- on voir une telle mascarade où les responsables ne sont qu’intéressés que par ce qu’ils profiteront de la mangeoire ? Ainsi, tout se passe comme si tous les mécanismes ont été mis en place dans ce pays pour éviter que les gens aient une certaine lucidité et une cohérence dans la manière de penser, et surtout dans la manière d’agir, mais qu’il faut avant tout « normaliser l’écart et s’écarter de la norme ». Alors dans un tel environnement, comment envisager de manière sereine le déroulement de la CAN au Cameroun ?

Pendant près d’un demi-siècle, ceux qui gouvernent ce pays en général et le football plus spécifiquement sont demeurés spectateurs de leur propre fainéantise ne voulant rien faire pour faire avancer la moindre chose au lieu d’agir. Combien de stades ont vu le jour en près de quatre décennies de gouvernance sous le régime en place ? Le constat est tout simplement choquant surtout lorsqu’on regarde tout le potentiel dont dispose ce pays.

Par ailleurs, alors que les échéances approchent au pas de course, les chances de voir les autorités parachever efficacement et dans les délais le programme national de développement des infrastructures (PNDIS) qui prévoit la construction de plusieurs stades sur l’étendue du territoire s’amenuisent un peu plus. Aujourd’hui, même les stades déjà en place comme les stades omnisport de Yaoundé ou de Douala construits il y’a 42 ans, et même celui de Garoua ne s’arriment pas aux standards internationaux. Il faudrait impérativement les réaménager pour espérer qu’on puisse voir s’y dérouler une compétition.

Alors qu’il ne reste que quelques mois pour que les différents stades qui abriteront la CAN soient livrés, le pari de l’organisation peut- il encore être gagné ? Même si plusieurs man uvres ont été déclenchées pour accélérer la cadence (à l’instar de l’appel lancé à la compagnie Arab Contractor en vue de remplacer Sinohydro Corporation à cause de son inefficacité dans la réalisation des attentes), les résultats ont du mal à être perceptibles. À titre d’exemple, au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, les taux d’avancement estimés à ce jour à 8 % ont sérieusement du mal à évolué. Alors que la plupart du temps les travaux sont à l’arrêt faute de moyens financiers, les réalisations avancent à pas comptés.

C’est donc dans ce contexte qu’aujourd’hui, la CAF n’exclut pas un simple retrait de la compétition aux mains du Cameroun si les infrastructures sportives ne sont pas construites dans les délais escomptés. Ceci aurait évidemment des allures d’un scenario catastrophe pour un pays comme le Cameroun ou le Football déchaîne les passions et fait vibrer les c urs.


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