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Catastrophes d’Eseka et Manyai: l’urgence des enquêtes parlementaires

Par Martin Oyono Le Parlement doit enfin se réveiller pour éviter la destruction définitive de la vision du chef de…

Par Martin Oyono

Le Parlement doit enfin se réveiller pour éviter la destruction définitive de la vision du chef de l’Etat.

En hommage à la mémoire de nos compatriotes disparus à l’occasion de l’accident survenu sur la voie ferrée le vendredi 21 octobre 2016, mais aussi de ceux secourus par les populations et les différents corps de l’état mobilisés à cet effet, pris en charge dans nos différentes formations hospitalières, notre conscience nous appelle à rendre ce témoignage. Et le meilleur témoignage que l’on puisse rendre est celui de la vérité, qui pour certains semble-t-il n’est toujours pas bonne à dire, mais qui malheureusement pour eux est une prescription divine et céleste à laquelle tout croyant est appelé à se conformer.

La première vérité qui nous apaise, malgré les frustrations et la colère est celle de la mobilisation certaine et louable autour de cette malheureuse catastrophe du sommet de l’état au gouvernement ainsi qu’au niveau des populations où l’on aura noté un grand élan de c ur qui a appelé à des actes de secours en faveur des sinistrés, mais aussi et surtout des actions de grâces, prières et mobilisation spirituelle pour recommander les âmes des disparus au seigneur tout puissant.

Aujourd’hui sans distinction de tribus, de religions ou d’obédiences culturelle ou politique, tout citoyen camerounais est touché comme si les morts et les blessés étaient des siens. malheureusement la deuxième vérité qui ne plaira pas à d’autres c’est celle de la remise en question pour reconnaître que si les catastrophes ont été plus ou moins bien gérées, il y a des certitudes et des raisons d’interroger notre responsabilité sur la prévention de la survenance de l’accident d’Eséka ou de la coupure de la route à Manyai.

En effet, contrairement à la catastrophe naturelle du Lac Nyos dans la Région du Nord-ouest qui était un cas de force majeure, contrairement à cette injuste et barbare guerre imposée par les forces diaboliques de la secte Boko Haram, l’effondrement de la principale route qui relie notre capitale politique Yaoundé dans la Région du Centre et notre capitale économique Douala dans le Littoral ou l’accident de train de l’entreprise Camrail survenu à Eséka ne peuvent en aucun cas être considérés comme des catastrophes naturelles. La route, le rail, comme l’aviation dans notre pays, relèvent de l’expertise humaine et non divine, ne serait-ce qu’en ce qui concerne la maitrise du facteur technique.

Et nous, les parlementaires sommes, sauf fuite de nos responsabilités, les premiers qui puissions témoigner devant le président de la République, premier élu de la nation et le peuple qui nous a élus de tout ce qui constitue depuis des décennies suite à la privatisation de nos sociétés d’état et la mauvaise gestion, des sérieux freins au développement de notre pays, mieux, des dangers aujourd’hui pour la vie des citoyens camerounais sans exclusive. C’est pourquoi pour l’illustrer, nous voulons renvoyer les uns et les autres, ce choc aidant, aux mémoires des questions orales et écrites du parlement au gouvernement de la République touchant à la non visibilité des retombées des privatisations sur le bien être des camerounais ou l’émergence de notre pays.

S’agissant de la privatisation de la Régifercam, aujourd’hui Camrail, filiale du grand groupe français Bolloré Logistics, que de déceptions ! C’est pourquoi, par respect pour nos morts et nos blessés, laissons la langue de bois pour reconnaitre une certaine complaisance vis-à-vis des repreneurs de nos sociétés d’état. Des souvenirs d’une session du Parlement en 2012 nous rappellent que la société Camrail avait été interpellée à l’assemblée nationale pour donner des explications sur le respect ou non de son cahier de charges face à la médiocrité du service constatée et au non développement du patrimoine ferroviaire national.

Le résultat que l’on connaît et que nous avons tous vécu était la démission du directeur général de l’époque. Mais voici que quatre années plus tard, après que pour rassurer le Parlement, sous la conduite du ministre des Transports de l’époque M. Robert Nkili, les responsables de Camrail nous aient amenés visiter la carrière d’Ebaka qui devait apporter des solutions aux problèmes soulevés, rien de ce que cette société nous avait fait miroiter n’a été mis en uvre. Il s’agissant d’abord du remplacement des rails existants d’un espacement de 1,5 mètres par des blocs de rails en béton déjà fabriqués d’un espacement de 2 mètres qui obéit à ce qui se fait aujourd’hui en France pays d’origine de cette entreprise pour accueillir des locomotives et des voitures aux normes de la SNCF pour les trains de marchandises ou à grande vitesse (Tgv).

Aussi notre question à ce niveau de réflexion nous amène à interpeller le gouvernement chargé du suivi des politiques et Camrail sur l’existence non seulement d’une parcelle de ces nouveaux rails sur toute ou partie de notre territoire, mieux, de la visibilité d’une locomotive ou d’une voiture à l’image de celles de la SNCF, même d’occasion au Cameroun depuis ces promesses ?

S’agissant maintenant de la rupture de la route Douala- Yaoundé à Manyai, nous avons constaté sans être des ingénieurs des travaux publics ou des ponts et chaussées que ce n’est point ce genre d’ouvrage que mérite l’axe routier principal d’un état comme le Cameroun. Une buse mal posée, mal évaluée qui cède à la crue des eaux de pluie et coupe une chaussée sensée être constituée de bitume, c’est un vrai scandale technique qui soulève aussi en passant le problème de l’attribution des marchés publics fantaisiste.

Mais la plus grande désolation, c’est la gestion déplorable des deniers publics consacrés au fonds routier dont les réunions sont pourtant animées par les services du Premier ministre, mais dont les résultats décevants parlent d’eux-mêmes avec cette rupture de la route survenue le vendredi 21 octobre 2016. Comment en effet, ne pas déplorer la volonté manifeste de certains responsables à entretenir le flou pour distraire les fonds des péages routiers que les transporteurs et les utilisateurs de nos routes versent à l’état et qui sont de par leur destination considérés comme des fonds publics ?

Tout autour de nous règne un climat général de développement moderne des péages routiers et nous ne citerons que pour exemples nos voisins les plus proches dont le Tchad, le Congo Brazzaville, la guinée équatoriale ou le Nigeria. Où vont les fonds des péages routiers depuis des lustres et comment ces fonds sont-ils utilisés lorsqu’on sait qu’en 2011, la Conac dans son rapport épinglait déjà les pratiques occultes de détournement de ces recettes au détriment des caisses de l’état ?

Est-ce que là encore ce sont des questions ou des vérités qui ne sont pas bonnes à dire ou à poser ? Notre dernière visite au mali d’abord, et au Togo ensuite où se tenait le sommet sur la sécurité maritime et où notre pays était représenté, nous impose de nous interpeller sur les constats que nous avons fait sur le tarmac de l’aéroport de Lomé : Un aéroport moderne ressemblant en miniature à l’aéroport de Bruxelles en Belgique, Cinq avions appartenant au moins à cinq chefs d’états de la sous-région africaine pendant qu’au Cameroun les courageux détournent même l’argent destiné à l’achat de l’avion de leur Président ! Et c’est sur ces derniers constats et tout ce qui précède que nous disons non à ceux qui se moquent de la vision de celui qui leur a fait honneur en leur confiant les rênes du pouvoir dans le gouvernement et dans la haute administration.

Le président de la République méritait et mérite mieux car, sa vision sur la démocratie et les libertés, il l’a réalisée grâce au peuple camerounais, mais la vision sur le développement et l’émergence il faut le confesser a été massacrée par des saboteurs de tous bords même à l’intérieur de notre propre formation politique, parce qu’on s’est investi à trouver un autre sujet d’adoration : l’argent. Les cas sont légions où on a sacrifié la vision comme avec la SNEC, la Sonel, L’ONCPB, la Camair ou la Regifercam.

Alors le parlement doit se réveiller enfin pour éviter la catastrophe de la destruction définitive de cette vision dont les principaux piliers sont la rigueur et la moralisation comme hier, lorsqu’on a amorcé l’arrestation des responsables des fausses indemnisations au port en eau profonde de Kribi et au barrage de la mappe, une tentative du gouvernement de s’octroyer une immunité a heureusement avorté grâce à l’intervention du chef de l’état, nous ne pouvons et ne devons que nous mobiliser pour la mise sur pieds de véritables commissions d’enquêtes parlementaires qui auront l’avantage de l’objectivité pour la sauvegarde de l’intérêt général afin que justice soit rendue.

Sauvons la vision du Renouveau national pour que vive la République exemplaire !


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