Centrafrique: Des soldats centrafricains armés au Cameroun

Au moins 145 militaires ont trouvé refuge au Cameroun après l'offensive de la coalition Séléka qui a renversé le président…

Au moins 145 militaires ont trouvé refuge au Cameroun après l’offensive de la coalition Séléka qui a renversé le président François Bozizé le 24 mars

Avant d’arriver à Garoua Boulaï, la ville camerounaise frontalière de la Centrafrique, certains militaires tiraient des coups de feu en l’air, mais «ils ont été maîtrisés» (désarmés) avant d’entrer au Cameroun, a assuré Élie Nsangue Mwanjo, le sous-préfet par intérim de cette ville. De source concordantes, un total d’environ «cent quarante-cinq militaires centrafricains ont fui leur pays pour se retrouver au Cameroun où ils se trouvent encore», a affirmé un officier supérieur de l’armée camerounaise. Plus de 90 d’entre-deux étaient arrivés le 25 mars (le lendemain de la prise de Bangui) à Garoua Boulai, à l’est du Cameroun. «D’autres (militaires) sont entrés au Cameroun par Kentzou», une autre localité de la région donnant accès à la Centrafrique, a précisé M. Mwanjo. Ainsi, ce sont au moins 900 réfugiés se trouvent également dans cette zone.

Selon le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune citant une source proche des autorités régionales, ces militaires sont logés dans «un camp militaire de Bertoua», la capitale régionale de l’Est, frontalière de la Centrafrique. Ils ne vont pas y «rester indéfiniment, car ils doivent rentrer dans leur pays regagner leur poste», selon l’officier de l’armée. Selon lui, le ministre camerounais de la Défense, Edgar Alain Mebe N’Go, le leur a rappelé lors d’une récente visite dans la région de l’Est. Selon le journal, plus de «3 000 migrants» centrafricains se sont installés au Cameroun depuis le coup d’État en Centrafrique. «Nous avons enregistré 935 réfugiés à Garoua Boulaï. Sur les 935 réfugiés préenregistrés, 370 seulement ont accepté d’être transférés» dans un camp créé dans un village, a indiqué Mamady Fata Kourouma, chef de la sous-délégation du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Bertoua. Parmi les réfugiés arrivés à Garoua Boulaï, «on a eu quatre blessés par balles» dont un est «décédé le 27 mars» peu après son arrivée dans un hôpital de la ville, selon un responsable local de la Croix-Rouge, Flaubert Mvongo. Quatre autres arrondissements de la région sont frontaliers de la Centrafrique, mais le HRC dit n’y avoir pas recensé de cas officiels de réfugiés s’étant signalés aux autorités.

Désarmement les soldats centrafricains réfugiés au Cameroun
Selon RFI, cette opération a été menée dans la nuit du 12 au 13 avril. A Yaoundé, les autorités camerounaises ont lancé cette opération afin de désarmer des soldats centrafricains réfugiés au Cameroun après la chute de l’ex-président Bozizé, à Bangui, le 24 mars. Quelque 150 militaires et gendarmes ont bouclé deux quartiers de Garoua Boulaye, et les perquisitions ont eu lieu de 3h du matin à 9h. Objectif / récupérer des armes infiltrées du côté camerounais suite au coup d’Etat de Bangui. Durant l’opération auelques personnes ont par ailleurs été interpellées, puis relâchées après avoir été contrôlées par les forces de sécurité camerounaises. D’après une source militaire citée par l’Agence France Presse, les forces de sécurité camerounaises cherchaient surtout du matériel: armes, munitions, tenues de l’armée de Centrafrique, ce alors que près d’une centaine de soldats de RCA ont trouvé refuge dans cette localité.

Un stock d’armes important récupéré
Le Cameroun a donc décidé de réagir avec vigueur aux répercussions de cette crise centrafricaine sur son territoire. Yaoundé est sans conteste en état d’alerte et tient à contrôler cette zone frontalière très poreuse. Officiellement, aucun détail ne filtre sur cette opération secrète mais on sait de bonne source que les forces camerounaises auraient déjà récupéré un stock d’armes important de ce côté-ci de la frontière. D’après les mêmes sources, Yaoundé craint des menaces de plusieurs natures : les armes infiltrées lors de la débâcle qui a suivi le coup d’Etat bien sûr. Mais pas seulement. Il mène également la chasse au Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) d’Abdoulaye Miskine, une faction dissidente de la rébellion centrafricaine qui se sert de la zone frontalière camerounaise comme base arrière. Enfin, la présence de réfugiés, les quelque 3 000 réfugiés, devrait également être sous contrôle. Les fouilles et les rafles devraient donc se poursuivre jusqu’à la normalisation totale de la situation en Centrafrique.

Des soldats de l’armée centrafricaine à Bangui en janvier 2013. Nombre d’entre eux se sont réfugiés au Cameroun voisin
rfi.fr)/n