Par Jean-Marie Moukam, Bruxelles
Une naïve brutalité caractérise certaines associations de la diaspora camerounaise qui ont choisi la violence comme mode d’expression politique. De cette nébuleuse, la sonorité est forte mais le discours politique est faible.
Pire, une telle agressivité cache mal l’incapacité de ces politiciens du dimanche à dépasser le stade de l’activisme et articuler un discours politique lisible.
Outre l’irrespect à l’égard de la fonction présidentielle et de celui qui l’incarne, cette bêtise antipatriotique traduit avant tout l’ignorance de la gestion complexe du pouvoir et une confusion à l’égard de l’institution présidentielle.
Le tintamarre organisé par ces associations à chaque déplacement présidentiel vise certainement à se forger une existence politique. Mais on n’attend pas de ces organisations qu’elles existent uniquement, mais qu’elles contribuent à la participation du débat politique, à la clarification des enjeux majeurs du devenir économique du Cameroun. Ce qui n’est pas le cas.
L’efficacité de l’action politique par d’autres méthodes que celles offertes par la violence, réside dans la capacité à réconcilier la morale de conviction et la morale de responsabilité.
Loin de nous l’idée de cautionner ou d’occulter de quelque manière que ce soit le délabrement perpétuel des institutions dont nous avons fait l’examen en son temps. Il est plutôt question de rompre avec une certaine conspiration du silence dont l’opposition est coutumière lorsqu’elle doit prendre la mesure de ses propres faiblesses.
L’opinion progressiste a besoin d’un leitmotiv capable de catalyser les énergies dispersées de l’opposition. Ce qu’on attend de ces associations c’est qu’elles arrivent à s’identifier à des idées fortes et qu’elles travaillent à les faire passer dans l’opposition et le corps national.
L’expérience de nombreuses luttes a montré les limites de la violence ainsi que son incapacité à permettre aux hommes et aux peuples de recouvrer leur dignité et de défendre leur liberté.
Les idéologies qui ont dominé nos sociétés jusqu’à présent ont légitimé la violence en l’associant au courage, l’audace, le sacrifice, le risque, la virilité.de sorte que dans notre conscience et plus encore notre subconscient, la violence apparait elle-même comme une valeur et une vertu dont la non-violence serait la négation et le reniement.
La faillite de ces idéologies c’est précisément d’avoir justifié la violence, de l’avoir légitimé, de l’avoir concilié avec les idéaux de notre culture et de notre civilisation.