Après trois albums et un récent concert à la Cigale de Paris, l’artiste, qui projette également des spectacles à Douala et Yaoundé, se confie à Journalducameroun.com. Côté cour et côté jardin
Après la Cigale de Paris, vous êtes annoncée à Douala et à Yaoundé les 10 et 11 avrils prochains pour deux spectacles, êtes-vous suffisamment en forme pour donner le meilleur de vous au public camerounais?
J’avoue que j’ai un peu tiré sur la corde (rires). L’album est sorti le 05 février et depuis je n’ai pas arrêté de travailler. Quand je suis arrivée, j’ai davantage enchainé et à un moment donné le corps m’a dit de modérer. Mais pour vendredi et samedi, pas d’inquiétude. C’est mieux d’ailleurs qu’il n’y ait pas de cassure entre les deux spectacles, de sorte que les musiciens et moi soyons dans la même dynamique, en restant dans la concentration des deux évènements. J’ai l’habitude de le faire donc ce n’est pas la petite fatigue de quelques jours qui va me perturber (rires). Je serai en forme de toutes les façons. Actuellement je me ménage, me repose, je dors. J’ai commencé une cure de vitamines et je crois qu’avant les jour-j, tout sera ok.
À la Cigale vous avez dit « porter le public camerounais dans votre c ur », pourquoi êtes-vous si attachée à lui?
Parce qu’il a su me manifester son intérêt depuis mes débuts. Je me suis construite avec le public camerounais. J’aime l’idée qu’aujourd’hui je reçoive des mails du Sénégal, du Gabon, de la Côte d’Ivoire, que toute l’Afrique reconnaisse l’artiste que je suis. Mais avant cela, pendant plusieurs années, c’est le public camerounais qui a cru en moi et m’a porté à bras le corps. Donc, je lui suis complètement reconnaissante. C’est la raison pour laquelle chaque fois que j’ai un projet, j’ai d’abord envie d’avoir l’aval de ce public-là.
Est-ce une manière pour vous de rassurer les Camerounais qu’en allant à la découverte de nouvelles cultures comme au Cap-Vert, vous ne les oublierez pas?
Absolument. C’est une promesse que je leur fais. Pour moi aller au Cap-Vert ce n’est pas me renier. Je suis camerounaise, je connais la culture de chez moi. Ce que je trouve intéressant aujourd’hui c’est d’ouvrir cette culture-là et la proposer au reste du monde pour inciter les autres à s’y intéresser.
Quels sont les artistes camerounais qui vous ont inspiré jusqu’ici?
Il y en a beaucoup. Je parle des artistes comme Bébé Manga, Annie Anzouer, Eboa Lotin, Kotto Bass, Nkodo Sitony, André Marie Tala. J’ai beaucoup aimé la poésie de Francis Bebey. Ils sont nombreux, ceux qui m’ont donné envie d’avoir la démarche musicale que j’ai aujourd’hui.
Particulièrement un, Richard Bona, quelque chose de spécial chez lui qui vous marque?
Richard Bona c’est l’artiste qui a su faire un savant mélange de notre musique traditionnelle avec le jazz. À la base je ne suis pas une chanteuse qui peut écouter un jazz sans vocal, mais quand j’écoute Richard Bona c’est différent. Je trouve qu’il a une façon extraordinaire de rendre digeste le jazz de sorte que tout le monde puisse se retrouver à travers ses compositions originales.
L’artiste camerounais Stanley Enow vous a mentionné dans une de ses chansons en disant: « Charlotte Dipanda i go marry you », et il se raconte dans les couloirs que cette phrase vous a choquée. Vrai ou faux?
Il ne faut surtout pas écouter dans les couloirs (rires). Pourquoi est-ce que ça me vexerait? Je l’ai plutôt pris comme une sorte de reconnaissance, un « big-up » qu’il me faisait en me considérant comme une chanteuse qui compte dans le sillage des artistes camerounais. Il n’y avait pas matière à être offusquée par ça.
Vous avez dit lors d’une conférence de presse que vous attendez celui-là qui vous donnera envie de convoler en noces. Est-ce à dire que Charlotte Dipanda n’a vraiment pas d’homme dans sa vie pour le moment?
Chaque femme s’identifie selon ses critères de société. Ça dépend de la quête de tout un chacun. Il y en qui existe à travers une filiation maritale, mais moi non. Je ne comprends pas pourquoi les gens sont obnubilés par rapport au fait que je sois mariée ou pas. Il y a une sorte de stress par rapport à ça que moi je n’ai pas. Et je pense qu’avec tout ce que je fais aujourd’hui, ce n’est peut-être pas le moment de mettre en avant ma situation de couple ou pas. Je suis une jeune artiste, la musique c’est le plus important pour moi actuellement. (Rires) C’est drôle mais pour moi ce n’est pas si important que ça.
Si vous parliez un peu de ce qui est important pour vous: votre famille? Quels sont vos rapports avec vos proches?
On s’entend très bien. C’est vrai que je n’ai pas grandi dans un schéma familial commun avec un père et une mère. J’ai grandi un peu à gauche à droite chez des oncles et tantes. Mais j’ai de très bons rapports avec mes frères et mes s urs, d’ailleurs je vis en France avec mon frère aîné; et mes s urs sont aux Etats-Unis avec ma mère. Ils vont tous bien grâce à Dieu.
Comment décririez-vous votre relation avec ce Dieu justement qui vous permet d’être ce que vous êtes aujourd’hui?
C’est une relation qui a maturé avec le temps. Quand j’étais adolescente je me souviens que j’ai commencé mes classes à l’église. On y allait chanter le dimanche, mais je pense que c’était plus par mimétisme que je le faisais. J’étais trop jeune et je n’en comprenais pas tout à fait la dimension spirituelle. Aujourd’hui que je me considère comme une adulte, j’ai pris le parti de créer une véritable relation avec Dieu. J’ai des valeurs en famille, dans mon couple… C’est vraiment une relation que je décrirai comme quelque chose qui est en train de prendre une place importante dans ma vie au quotidien, et donc, ça induit la qualité de relation que je veux avoir avec les uns et les autres parce que je crains Dieu.
Après les 10 et 11 avril, le «Massa tour» continue. Destination la Côte d’Ivoire, la Pologne, les Etats-Unis, le Canada.. De tous ces pays, lequel précisément suivra le Cameroun?
La Pologne. Le rendez-vous de ce côté-là c’est le 26 avril 2015.