Le député européen qui est au Cameroun a soutenu l’idée de souveraineté alimentaire défendu par des associations camerounaises
Oui pour la souveraineté alimentaire lors du comice d’Ebolowa
Au cours d’une conférence qu’il a donné ce vendredi 10 décembre 2010 au Hilton Hôtel de Yaoundé, José Bové connu pour son militantisme en faveur de l’amélioration constante du cadre et des conditions de vie des paysans du monde, a fait savoir qu’il soutenait l’idée de souveraineté alimentaire défendu par l’Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs (ACDIC) présidée par Bernard Dzongang. Monsieur Bové a fait savoir que cette idée de souveraineté alimentaire revendiquée dans le cadre du comice agropastoral qui aura très bientôt lieu à Ebolawa dans la région du sud était d’autant plus importante car au niveau de l’Europe, la Politique Agricole Commune (PAC) était en voie de subir de modifications considérables. Nous avons pu obtenir que les subventions de restitution à l’exportation pratiquées par les états européens soient éliminées, elles étaient injustes a-t-il déclaré. En effet la question des exportations européennes vers les pays tiers à des prix inférieurs au coût local de production a longtemps été au centre de divergences lors des discussions sur le commerce mondial. On leur reproche le fait qu’elles affectent les agricultures familiales des pays africains dont le niveau de productivité peut-être 100 fois inférieur. José Bové a cité en exemple le cas du poulet congelé dont la suppression des subvention d’exportation vers le Cameroun a permis aux filières locales camerounaises de prouver leurs capacités à se développer dés lors qu’elles n’étaient plus en concurrence déloyale avec des producteurs européens. Parlant du comice agropastorale lui-même encore en préparation, il a indiqué que l’initiative était bonne. Selon José Bové, il serait incompréhensible après tous les efforts qui ont été déployés que le comice ne se tienne pas.
Nécessité pour les autorités de comprendre les enjeux de la diplomatie agricole
José Bové a aussi attiré l’attention sur le fait que si l’Union Européenne devait évaluer l’impact de ses exportations sur la sécurité alimentaire des populations des pays africains, il était aussi indispensable de l’autre côté, c’est-à-dire que les pays en développement puissent exercer effectivement leur souveraineté alimentaire grâce à des outils de protection de leurs marchés. Ce qui exige que ces pays fassent pression pour que les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) puissent être revues en profondeur et que par exemple des initiatives comme les accords de partenariat économique puissent faire l’objet de discussion plus approfondies. Il faut rester vigilant sur le mobile d’un accord de marché global, les africains risquent de se trouver pigés par des accords qui ne leur seraient pas avantageux a fait savoir Jose Bové. Il a aussi cependant attiré l’attention sur le fait qu’une plus grande implication des africains au long processus de changement escompté est très important. Cependant, la souveraineté alimentaire à un coût que malheureusement les camerounais à la consommation extravertie ne sont pas prêts à payer dans l’immédiat. Avec seulement 4% de son budget réservé à l’agriculture, les autorités camerounaises ne semblent pas prendre conscience, une fois de plus, de l’importance d’une véritable politique agricole dans un contexte de mondialisation.
Fin de l’invasion européenne, début de l’invasion asiatique
Selon certaines personnes, l’exemple du succès des suppressions des subventions du poulet congelé pris par José Bové ne serait pas un bon exemple. Tout d’abord, l’augmentation de la production locale a été accompagnée d’une augmentation du prix du maïs principalement utilisé dans la fabrication de la provende. Du coup la part réservée à la consommation des ménages a été affectée ainsi que les coûts ce qui montre la difficulté pour les acteurs locaux à maitriser leur activités dans un cadre de globalité. D’un autre côté, il est important de comprendre les questions des subventions européennes aux exportations. C’est incidemment qu’elles ont eu un impact sur l’Afrique. Leurs objectifs réels étaient de permettre aux produits européens d’un coût important de s’aligner sur les prix du marché mondial par hypothèse inférieure. La filière poulet est un cas particulier car les aides ont été utilisées pour créer une filière d’exportation qui n’aurait pas été viable sans elles. De plus, seuls la Russie et le Moyen-Orient étaient les zones concernées par ces restitutions. L’Afrique qui est un marché secondaire pour l’Union Européenne (10 % des exportations totales) ne bénéficiait pas vraiment des restitutions. D’un autre côté, en raison du manque d’initiative des africains et des responsables politiques de pays de cette région, une fois l’invasion des produits européens supprimée, elle est tout de suite remplacée par celle des produits asiatiques qui en plus sont parfois de moins bonne qualité. Mais a fait savoir Jean-Baptiste Fattaccini, qui participait aux échanges, les choses sont entrain de changer. Les politiques européennes prennent de plus en plus en compte l’importance d’apporter aux pays africains un soutien logistique en terme de formation mais les africains doivent eux aussi se prendre en main et s’organiser a déclaré ce responsable de l’entreprise ELECREM qui a contribué au montage d’une unité de transformation du lait de vache à Bamenda dans le nord-ouest du Cameroun.