Quelques 7 millions d’abonnés au mobile y ont recours au Cameroun, un phénomène qui inquiète les puristes du Français
Un phénomène de mode
Lorsqu’on jette un il dans la boîte à message du téléphone d’un jeune et même de certains adultes, on réalise tout de suite que la langue française est en danger. « Kiff » ou « Mmé » pour dire « aimer », »o6″ pour dire « aussi », « Po » pour dire « Pas », « Er » pour dire « Heure ». Des milliers de mots comme ceux-là alimentent chaque jour les échanges par SMS entre des personnes. Le SMS est l’acronyme de Service de messages succincts. En France, le terme texto est également utilisé. Cette technologie permet de transmettre des messages dont la taille varie entre 70 et 160 caractères, suivant la langue utilisée, par un téléphone mobile ou un ordinateur. Au Cameroun le minimessage est rapidement devenu comme dans beaucoup de pays du monde, un moyen de communication très populaire, tout particulièrement parmi les populations jeunes et urbaines. Ce langage s’est transposé au tchat par ordinateur.
Identité communautaire ou économie de temps?
Plusieurs raisons sont attribuées à l’apparition et à l’émergence du langage SMS. D’après certaines études, le langage SMS serait apparu dans le but de créer une identité communautaire pour les jeunes avec un dialecte que seuls les membres du groupe pouvaient comprendre. Pour bon nombres d’adultes à qui la question a été posée, ce langage est probablement la conséquence d’une perte générale de repères sociaux qui engendrerait un besoin de reconnaissance identitaire. L’engouement pour le SMS peut également s’expliquer par la disparition de certaines barrières. Il crée un type de contact très différent, permettant par exemple au timide de s’exprimer sans crainte. Le langage SMS est un moyen d’économie de temps et d’effort. Frapper des lignes de textes sur un clavier de téléphone portable est long et fastidieux. Pourquoi ne pas aller au plus rapide avec des abréviations?
Très pratique certes, mais des conséquences non négligeables
Les critiques faites à l’endroit de ce mode de dialogue sont nombreuses. Le langage SMS détournerait les jeunes de la langue classique. Un professeur du lycée général Leclerc à Yaoundé peste contre les SMS, car selon lui, ses élèves feraient plus de fautes d’orthographe et de grammaire. Il ajoute même que de grossières erreurs sont commises sur les copies d’examen. Il donne l’exemple d’un candidat au baccalauréat pour qui l’euthanasie devient l’Etat nazi. Un « comité de lutte contre le langage SMS et les fautes volontaires » a même été crée en 2004. Il existe même des sites internet qui sanctionnent l’utilisation du langage SMS
Comprendre le langage SMS
Il est généralement admis que les utilisateurs font généralement la différence entre les supports et n’écrivent pas de la même manière en fonction des situations et des contraintes. Bien que la créativité soit la règle, l’âge de l’auteur et la nature de la personne à laquelle il écrit déterminent l’utilisation plus ou moins prononcée d’abréviations. De manière générale, plus l’auteur est jeune, plus son langage SMS est marqué. Au delà de 35 ans, le langage SMS est très peu utilisé. Les jeunes accompagnent souvent la forme par l’utilisation du Francanglais, verlan, abréviations et abrègements déjà bien connus et utilisés depuis longtemps. Cette vision du langage SMS tend à démontrer qu’on ne saurait lui attribuer la responsabilité totale du déclin constaté de l’orthographe chez leurs utilisateurs. Chez les lycéens et étudiants le langage SMS a tout simplement fusionné avec le langage de prise de notes de cours rapide habituellement utilisé, pour être à la page des cours.
On peut dire pour (l mo dl f1) le mot de la fin, que le langage SMS a encore de longs jours devant lui.