Le nouvel ambassadeur au Cameroun a présenté vendredi dernier à Yaoundé au Hilton hôtel la situation sociopolitique de son pays, après la crise post-électorale qu’il a connue
L’impasse post électorale ivoirienne et son cortège de malheurs, la reconstruction et le récent transfert de l’ex président Laurent Gbagbo à la Cour Pénale Internationale (CPI), l’actualité de ce pays frère et ami du Cameroun est visiblement chaude et dense. L’intérêt que les citoyens et médias camerounais portent au sort au de la Côte d’Ivoire est un fait. D’où cette conférence de presse organisée par le premier ambassadeur de Côte d’Ivoire au Cameroun après la crise qui a suivi l’élection présidentielle de novembre 2010.
S.E Dosso Adama nommé le 04 octobre 2011, est conscient de l’intérêt des camerounais pour la Cote d’ivoire. C’est la raison pour laquelle il n’a pas tardé à se présenter aux hommes de médias et surtout à donner l’information officielle sur la situation réelle de son pays en tant que « représentant du chef de l’Etat Alassane Dramane Ouattara ».
Méthodique, le diplomate a entamé son exposé sur la reconstruction de la Côte d’Ivoire par la nécessaire sécurisation du pays. En effet, la déliquescence de la société ivoirienne par la circulation des armes, une police et une administration inexistantes constatées au lendemain de la crise, entrave tout projet de reconstruction. A l’aide des chiffres, l’ambassadeur a présenté l’état d’avancement du processus de sécurisation du pays. « La sécurité des frontières et le redéploiement de la police dans les commissariats, à 30% au lendemain de la crise, a atteint les 99% aujourd’hui. La sécurisation du système judiciaire, point focal du programme de campagne du Président est également en bonne voie « , affirme-t-il. Par ailleurs, l’ouverture d’un bureau Interpol est effective et la criminalité est passée de 18 à 2 morts par jour.
Suite logique du calme après les troubles qu’a connu le pays d’Houphouët-Boigny, la réconciliation des populations est le deuxième volet du propos de l’ambassadeur. Selon ce dernier, en s’inspirant des exemples du Guatemala, de L’Afrique du Sud ou encore du Maroc, les autorités ivoiriennes souhaitent surpasser douleurs et ranc urs pour vivre dans le pardon et la réconciliation ; des valeurs gages de l’harmonie et de la prospérité. C’est dans cette optique que la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CRDV) a été constituée. Aussitôt active, elle a récemment organisé un atelier avec le concours du Haut commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, impliquant forces vives et société civile afin de recueillir leurs avis. « Après ces dépositions, la CRDV passera aux auditions et nous tirerons un trait sur ce passé regrettable,» promet S.E Dosso Adama, visiblement optimiste. Il s’agit d’une tâche qu’il a personnellement entamée à Yaoundé en rassemblant la communauté ivoirienne au Cameroun sans distinction de chapelle politique ni de région.
La reconstruction et la relance économique en question constitue le dernier point. Longtemps la locomotive de la sous région Afrique de l’Ouest, la Côte d’ivoire est déterminée à reprendre ce rang qu’elle a perdu suite aux troubles qu’elle a connus. « De -5% en avril 2011, le taux de croissance économique passera à 9% en 2012 », annonce l’ambassadeur. Pour y parvenir appuie-t-il, l’assurance du monde paysan, moteur du développement, est déjà un acquis. En matière d’infrastructures, deux chemins de fer et l’autoroute du nord sont en projet.
La réplique des journalistes s’intéresse aux atouts et acquis de la Côte d’Ivoire pour tourner aussi rapidement cette page noire de leur histoire, au moment même où la grogne persiste à la veille d’élections législatives. Inquiétude « dissipée » par la bonne dose de détermination et d’optimisme de S.E Dosso Adama. Bien plus, c’est le paradoxe frappant entre le pardon et les sanctions qui préoccupent davantage la presse. En d’autres termes « comment peut-on vouloir tourner la page sombre par le pardon et la réconciliation de tous les ivoiriens, tout en traduisant un autre (Laurent Gbagbo) devant la CPI ? » La réplique de l’ambassadeur, représentant du Président Ouattara au Cameroun, est claire : « lorsque vous perdez les élections, vous devez vous retirer, (.) la CDRV n’exclut pas de sanctionner les coupables. Le transfert de Laurent Gbagbo à la CPI n’est qu’un début car tous les auteurs de crimes, peu importe leur parti politique ou leur région, seront jugés et c’est la Cote d’Ivoire qui en sortira grandie » a-t-il tranché.