Très peu d’électeurs se sont déplacés pour participer aux élections régionales et municipales pourtant attendues de longue date
Les Ivoiriens se sont faiblement mobilisés dimanche 21 avril pour des municipales et régionales marquées par le boycott du parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, symbole d’une réconciliation en panne, deux ans après la fin d’une crise postélectorale meurtrière. A Abidjan comme dans l’intérieur du pays, les opérations de vote ont souvent démarré bien après l’ouverture officielle fixée à 7 h, en raison d’importants retards dans l’installation du matériel ou des agents électoraux. Les bureaux de vote ont fermé à partir de 17 h. Le double scrutin s’est globalement déroulé dans le calme. Cependant, selon une source onusienne, 16 « fauteurs de troubles » qui tentaient d’intimider les électeurs ont été interpellés à Koumassi, quartier très disputé du sud d’Abidjan. L’autre incident le plus notable est le saccage d’un centre électoral par des militants à Ferkessédougou, dans le nord du pays, selon la même source. Il n’y a pas eu une « grande affluence », a indiqué Inza Diomandé, porte-parole de la Commission électorale indépendante (CEI), estimant que la participation pourrait se situer autour de 30 %. Aux commandes depuis la fin de la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011 qui avait fait quelque 3 000 morts, le président Alassane Ouattara avait souhaité un vote « dans la paix ». Ces élections sont « importantes pour la gestion décentralisée du pays », a-t-il déclaré en votant à Abidjan.
Des résultats très attendus..
Après une campagne émaillée de quelques échauffourées, de dérapages verbaux et d’actes d’intimidation dénoncés par l’ONU, quelque 5,7 millions d’inscrits étaient appelés aux urnes à travers le pays, première puissance économique d’Afrique de l’Ouest francophone. L’étape sensible du dépouillement des bulletins de vote a débuté hier dimanche soir. La CEI estime pouvoir annoncer les résultats complets d’ici le milieu de cette semaine. Le Front populaire ivoirien (FPI), parti de l’ancien chef de l’Etat qui avait déjà boudé les législatives fin 2011, a vu dans ces élections locales une «mascarade ». Il exigeait une réforme de la commission électorale ainsi qu’une amnistie pour les crimes commis durant la crise de 2010-2011 et la libération de ses dirigeants emprisonnés, à commencer par Laurent Gbagbo, détenu à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI). Il est par ailleurs soupçonné de crimes contre l’humanité. En l’absence du FPI, la bataille électorale a surtout crispé les relations entre les alliés au pouvoir, le RDR et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ex-chef d’Etat Henri Konan Bédié, qui concouraient la plupart du temps en rangs dispersés.