Les dirigeants ouest-africains planchent sur la question, bien que reconnaissant Alassane Ouattara vainqueur
Après l’Union africaine, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) tente à son tour – au sommet d’Abuja au Nigeria – de résoudre la grave crise politique en Côte d’Ivoire, déchirée entre deux présidents proclamés, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Signe que la crise n’est toutefois pas prête à prendre fin, le pays déjà doté de deux présidents et deux Premiers ministres. L’Onu a pour sa part commencé ce mardi 7 décembre à retirer son personnel de la Côte d’Ivoire. L’équipe du Premier ministre de M. Gbagbo et l’universitaire et économiste Gilbert Marie N’gbo Aké doivent en effet être présentés ce mardi, a-t-on appris de source officielle. Lundi 6 décembre, le Premier ministre de M. Ouattara, Guillaume Soro, chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le nord depuis le coup d’état manqué de 2002 a réuni son gouvernement dans le grand hôtel d’Abidjan où le camp Ouattara a établi ses quartiers, sous la protection de la mission onusienne Onuci et d’éléments des FN. Guillaume Soro, également ministre de la Défense, a fait monter la pression en n’excluant pas une confrontation avec M. Gbagbo. S’il nous oblige, on n’aura pas d’autre choix, a-t-il averti.
Dans ce contexte de fortes tensions, les chefs d’état et de gouvernement de la Cédéao se réunissent à Abuja pour un sommet extraordinaire auquel, selon un porte-parole, aucun dirigeant de la Côte d’Ivoire – un des 15 membres de l’organisation – n’a été convié. Comme une grande partie de la communauté internationale, la Cédéao a très fermement rejeté le maintien au pouvoir du sortant Laurent Gbagbo à l’issue de la présidentielle du 28 novembre et a apporté son soutien à Alassane Ouattara. Cette réunion intervient au lendemain d’une tentative de médiation de l’Union africaine via l’ex-chef d’état sud-africain Thabo Mbeki. Dans l’immédiat, sa mission n’a donné aucun résultat mais l’émissaire a tenu à conjurer les dirigeants ivoiriens de faire tout leur possible pour préserver la paix, avant de quitter le pays. L’ex-Premier ministre Alassane Ouattara est reconnu comme seul président légitime par une grande partie de la communauté internationale. Les Etats-Unis sont en pointe dans l’intense bataille diplomatique en cours pour obtenir le départ de M. Gbagbo. Barack Obama l’a formellement mis en garde contre un isolement accru et dit qu’il subirait les conséquences de ses actes injustes s’il s’accrochait au pouvoir, a indiqué un responsable de la présidence américaine.
Après une décennie de coups d’état et de violence, le pays de l’éléphant est replongé en pleine tourmente depuis la semaine dernière: Alors que M. Ouattara a été donné vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1% des suffrages, le Conseil constitutionnel, acquis à M. Gbagbo, a invalidé ces résultats et proclamé le sortant président avec 51,45%. A l’image de la communauté internationale, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon restait profondément préoccupé. A tel point que l’organisation a décidé de réduire ses effectifs sur place. Du fait de la situation sur le plan sécuritaire, les Nations unies ont commencé à retirer leur personnel non essentiel, soit 460 personnes, selon une source onusienne à Abidjan. L’Onuci compte plus de 10.000 Casques bleus, policiers et employés civils. Au moins 20 personnes ont été tuées par balles depuis le second tour de la présidentielle, à Abidjan et dans l’ouest notamment, selon Amnesty International. La finalité du sommet d’Abuja est de tenter de résoudre la grave crise en Côte d’Ivoire où les deux candidats au second tour de la présidentielle, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, ont été proclamés vainqueurs. Les analystes craignent cependant que tout appel de cette organisation à Laurent Gbagbo pour qu’il reconnaisse sa défaite électorale et démissionne tombe dans le vide. Ce dernier a déjà rejeté les appels extérieurs à son retrait, estimant qu’il s’agissait d’affronts à la souveraineté ivoirienne.