Il est accusé d’avoir négligé la couverture médiatique sur le retour du président des USA
Le président Alassane Ouattara vient de frapper un grand coup. Il a limogé le patron de la télévision publique ivoirienne après de graves dysfonctionnements, notamment l’absence d’équipe pour couvrir son retour des Etats-Unis, a-t-on appris de source officielle. M. Ouattara a mis fin par décret aux fonctions de Pascal Brou Aka comme directeur général de la RTI (Radiodiffusion Télévision ivoirienne), qui est remplacé par l’un de ses adjoints, Lazare Sayé Aka, a indiqué dans un communiqué le ministre de la Communication, Souleymane Diakité. Cette décision est la conséquence de graves dysfonctionnements observés dans la gestion quotidienne de la RTI. Ces dysfonctionnements ont atteint leur paroxysme samedi, aucune équipe de reportage n’ayant été dépêchée pour couvrir le retour à Abidjan du chef de l’Etat de sa visite aux Etats-Unis, a-t-il expliqué.
Officiellement patron de la RTI, Pascal Brou Aka était dans les faits le patron de la TCI (Télévision Côte d’Ivoire), les installations de la RTI ayant été détruites durant la crise post-électorale récente et les combats du début avril. La TCI avait été créée début 2011 par le camp Ouattara, cloîtré au Golf hôtel d’Abidjan, pour contrer la propagande de la RTI, alors contrôlée par les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril. Selon des sources bien informées, le sort de Brou Aka était scellé depuis le samedi 30 juillet où, de retour de sa visite de travail aux Etats – Unis, le chef de l’Etat n’a pas trouvé d’équipe de reportage de la télévision nationale pour recueillir ses propos. Une situation qui aurait fort déplu au président Ouattara à son arrivée à l’aéroport d’Abidjan. Ce, d’autant plus que la visite d’Etat qu’il venait d’effectuer aux Etats-Unis lui a permis d’échanger avec le président américain, Barack Obama, le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon et les plus haut responsables des Institutions de Bretton Woods. Ne pas pouvoir donner les nouvelles de ce déplacement important aux Ivoiriens à cause de la Rti était une chose que le chef de l’Etat ne pouvait tolérer. En fin de compte, c’est un technicien de la Rti qui aurait réussi à se présenter à l’aéroport pour interroger le président Ouattara sur sa visite aux Etats-Unis. Mais avant de descendre de son avion, le chef de l’Etat aurait été obligé de patienter à bord de l’aéronef parce que ni le protocole d’Etat ni les cameras n’étaient prêts pour fixer les images.
Des questions subsistent. Le patron de la Rti a-t-il été régulièrement informé de l’heure d’arrivée du chef de l’Etat? Pourquoi pour un déplacement aussi important, l’on n’a pas jugé utile de faire voyager un journaliste de la Rti? L’absence de journaliste de la Rti à l’aéroport était-il le seul fait reproché à Brou Aka? Y a-t-il autre chose qui a fait basculer la balance en faveur de cette décision? Parce que si l’on devrait se fonder sur cet argument, Brou Aka ne devrait pas être le seul responsable à écoper de cette lourde sanction. Parce que l’absence totale de journalistes à l’aéroport est la preuve que la faute ne se situe pas seulement au niveau du patron de la Rti. Il y a un cas de dysfonctionnement plus profond. Brou Aka n’a été que la face visible de l’iceberg. Selon certaines sources, le président Ouattara voulait, à travers cet acte, donner un signal fort, un avertissement solennel à tous les responsables de l’administration ivoirienne. Une passation de charges aura lieu le mardi 02 aout 2011 au siège de la RTI à Cocody.