Accusée en 2002, la presse ivoirienne s’est autocensurée afin de jouer son rôle pleinement lors de la campagne en cours
La Commission électorale indépendante sera en pointe sur les questions d`accès aux médias d’état dans la période électorale. Je voudrais évoquer que le rôle des directeurs de ces médias est important et déterminant. C`est pourquoi, nous devons aborder la question avec beaucoup de responsabilité pour faire en sorte que ces élections qui seront frappées du sceau de la certification des Nations unies, respectent non seulement les règles fixées en la matière, mais aussi les critères pour satisfaire l’ensemble de l’opinion nationale et internationale a déclaré le premier Ministre de la Côte d’Ivoire Guillaume Soro lors d’une réunion avec les responsables des médias d’Etat et ceux des organes de régulation en présence du ministre de la Communication Ibrahim Sy Savane. Nous allons vous donner des directives conformément à la documentation que nous avons reçue avait alors ajouté le premier Ministre. Et comme recommandation, il déclare: Je demande au ministre de la Communication, les responsables du Cnca de revisiter le contenu de la Télévision et la Radio afin que ces médias se conforment à l’article 30 de l’ordonnance portant Code électoral.
La réaction des directeurs de publications et rédacteurs en chef de la presse nationale ne s’est pas fait attendre. Ils ont pris des résolutions lors d’un séminaire de formation, à la Maison de la presse, au Plateau dont le thème était : Le rôle des médias dans le processus électoral en Côte d’Ivoire. Propagande ou éveil des consciences ? Ceci en vue d’assurer une couverture professionnelle des prochaines élections générales, particulièrement la présidentielle de ce 31 octobre. Au nombre de ces résolutions, une particulièrement montre que la presse nationale, dans toutes ses composantes, entend ne plus être accusée d’avoir suscité, d’avoir exacerbé les tensions sociales qui ont débouché sur la crise militaro-politique qui a éclaté le 19 septembre 2002.
Ainsi, pour la couverture médiatique des élections présidentielles, la presse publique et privée ivoirienne s’interdit de traiter l’information de façon sensationnelle aussi bien à la Une qu’à l’intérieur du journal. En plus de leur engagement, ils sont aussi sous le contrôle de Reporters sans frontières. Après le Sénégal et la Mauritanie, Reporters sans frontières scrute le comportement de la presse en Côte d’Ivoire : c’est ce que l’organisation appelle Le monitoring des médias en période électorale, une opération financée par l’Union européenne. Pendant les deux semaines de la campagne officielle, RSF passe au peigne fin une chaîne de télévision, une chaîne de radio et quatre quotidiens. Pour ce cas de la Côte d’Ivoire, le matériel qu’utilise RSF c’est un poste de télévision, un poste récepteur radio et un appareil pour enregistrer toutes les tranches, émissions et magazines d’information de la Radio Côte d’Ivoire et de la Radio-Télévision ivoirienne. Il y a aussi les quatre quotidiens choisis : l’un public, Fraternité Matin, et trois autres privés et partisans : Notre Voie, qui soutient le président sortant Laurent Gbagbo, Le Nouveau Réveil favorable à Henri Konan Bédié et Le Patriote, qui soutient Alassane Ouattara.
Il y a enfin une équipe de huit Ivoiriens venus d’horizons professionnels différents : ils sont juriste, sociologue, informaticien, criminologue ou encore commercial. Ghislain Houedjissi, l’un d’entre eux, explique la manière dont ils procèdent : Nous prenons les informations qui concernent uniquement les candidats et les mesurons à l’aide d’un chronomètre. En ce qui concerne les organes de presse, nous utilisons des traceuses, des crayons. Il s’agit de mesurer le temps d’antenne consacré à chaque candidat dans l’audio-visuel et l’espace dédié aux différents concurrents dans la presse.
