Cinq présidents de la sous-région d’Afrique de l’ouest, sont attendus dans la capitale du pays pour demander aux rebelles d’abandonner.
Le geste est suffisamment fort, pour être souligné. Une délégation de cinq chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) devrait dans les prochaines quarante-huit heures, se rendre à Bamako, la capitale malienne. Ils envisagent de demander personnellement aux putschistes de renoncer au pouvoir, dont ils se sont emparé il y a quelques jours. La liste des membres de cette délégation n’est pas exactement connue, mais des sources médiatiques citant un communiqué de la CEDEAO, avancent les noms des présidents ivoirien, béninois, burkinabé, nigérien et libérien. La mission est annoncée pacifique: Le dialogue et la concertation seront nos instruments premiers dans la recherche d’une solution mais nous n’hésiterons pas à utiliser d’autres options dictées par les circonstances, a déclaré le président ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO. Dès lors on comprend qu’un recours à des représailles pouvant aboutir à l’usage de la force n’est pas totalement exclu. Dans le communiqué rendu public le mardi 27 mars dernier, dans la soirée, la CEDEAO réunie en sommet extraordinaire, a suspendu l’appartenance du Mali à cette organisation, suivant ainsi une décision déjà prise par l’Union Africaine, aux premières heures du putsch. Le Mali doit retrouver immédiatement le fonctionnement normal de ses institutions démocratiques. Cette position n’est pas négociable, a fait savoir Alassane Ouattara. Les rebelles sont désormais sous pression. Dans leur communiqué final, les dirigeants de la CEDEAO précisent que: le sommet autorise les préparatifs pour une force qui se tiendrait en attente afin que la CEDEAO puisse réagir à toute éventualité.
Contestés même à l’intérieur du pays, la junte au pouvoir au Mali, semble vouloir aujourd’hui relativiser ses positions de départ. Après avoir suspendu la Constitution elle a annoncé mardi soir, avoir adopté un nouvel « acte fondamental », par lequel elle s’engage à ce que les membres de la rébellion ne se présentent pas aux prochaines élections présidentielle et législative. i Le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE, junte) a adopté l’acte fondamental composé de quelque soixante-dix articles qui, durant la période de transition, sera exécuté comme Constitution de l’Etat], indique un texte lu par un de leurs représentants sur la télévision publique (ORTM). Le préambule dispose que le peuple malien: affirme solennellement sa détermination de perpétuer un Etat de droit et de démocratie pluraliste dans lequel les droits fondamentaux de l’homme (…) sont garantis. Le texte fait aussi référence à l’indivisibilité du pays.
Autre signe de « bonne volonté », deux candidats à la présidentielle qui était prévue le 29 avril prochain, dont l’ex-premier ministre Modibo Sidibé, aurait été libérés mardi soir par la junte. Ils avaient été arrêtés après le coup d’Etat du 22 mars. L’homme d’affaires Jamil Bittar a également été « libéré », selon certains média, qui citent un membre de sa famille. Une source proche de la junte aurait confirmé ces deux libérations. Cependant, il n’y a aucune précision sur la durée de la transition.
Le 21 mars 2012, un groupe de soldats renverse le régime du président Amadou Toumani Touré (ATT), à quelques semaines de la présidentielle prévue le 29 avril prochain. La junte militaire fait l’objet aujourd’hui d’une réprobation internationale unanime, et la condamnation de la quasi totalité de la classe politique malienne. Le nouveau pouvoir, composé essentiellement de militaires, affirme avoir agi en réaction à l’échec du président Touré face à une nouvelle rébellion touareg active depuis la mi-janvier dans le Nord du pays. Un argument qui ne suffit pas à convaincre. Pour autant la question de savoir qui a organisé le mouvement reste sans réponse effective.
