En plus des mesures de lutte contre le Coronavirus, plusieurs Etats africains volent au secours des entreprises et des populations vulnérables.
La survenue des premiers cas d’infections a suscité une levée de boucliers au Cameroun comme partout ailleurs en Afrique. Ce fut l’acte 1 de la riposte : fermeture des écoles et des frontières, couvre-feu, interdiction des regroupements populaires etc.
Ces derniers jours, les pays sont passés à l’acte 2. A travers des mesures pour éviter le péril social et la chute des économies frappées de plein fouet par la pandémie. Hier 29 mars, le Nigéria voisin (97 cas de Covid-19) a décrété le confinement total des populations de la capitale Abuja et de la mégalopole de Lagos pour enrayer la propagation du coronavirus. « Les commerces alimentaires, les stations d’essence, les compagnies de distribution d’électricité, et les compagnies de sécurité seront exemptés. Leur accès sera très restreint et surveillé. Nous savons que ces mesures vont causer beaucoup de difficultés (…) mais c’est une question de vie ou de mort », a expliqué le président Muhammadu Buhari
Le Rwanda qui enregistre une cinquantaine de malades a aussi décidé du confinement total de sa population. Le gouvernement distribue des denrées de base aux familles les plus vulnérables et localement, l’entraide s’organise dans certains quartiers, où les habitants aisés peuvent faire des dons à leurs voisins dans le besoin. La RDC vient pour sa part de se doter d’un Plan stratégique national qui s’étend sur 12 mois, financé à près de 80 milliards de FCFA. Le couvre-feu décrété à Kinshasa a été reporté pour être mieux organisé.
Macky Sall
De l’autre côté de la rive, au Congo Brazzaville, le chef de l’Etat dans son adresse à ses compatriotes le 28 mars dernier a annoncé pour avril prochain la stratégie nationale de résilience. Denis Sassou Nguesso dit vouloir compenser des pertes de revenus des actifs et instaurer un mécanisme d’aide aux personnes vulnérables. 100 milliards de francs CFA seront à cet effet déployés pour soutenir l’économie et le social. Rien n’est encore décidé dans ce sens au Gabon. En dehors des mesures de limitation des rassemblements, fermeture de frontières et des écoles notamment, l’Etat gabonais a d’instaurer un couvre-feu général de 19 heures et 30 minutes jusqu’à 6 heures du matin.
En Afrique de l’Ouest, le Sénégal qui compte environ 120 infectés, a créé un fonds national d’un montant initial de 1000 milliards FCFA, dénommé Force Covid19. Le fonds Force Covid19 servira principalement à soutenir les entreprises, les ménages mais aussi la Diaspora. De fortes contributions financières des acteurs du secteur privé (près de 3 milliards de FCFA) se multiplient pour sauver l’économie nationale.
En Côte d’ivoire (près de 150 cas), l’on a adopté un plan de riposte d’un montant de 95,88 milliards de FCFA, articulé autour de 4 priorités essentielles. Il s’agit notamment de limiter la progression de cette maladie à l’échelle nationale, de prendre en charge correctement les cas confirmés en assurant la sécurité de la chaîne des intervenants, de renforcer le système sanitaire, et avoir une capacité d’actions rapides en cas de flambée.
Eau et électricité gratuites
Madagascar où 37 cas étaient déclarés au soir du 28 mars dernier, a décidé que le secteur privé bénéficiera d’un report de la déclaration et du paiement d’impôts synthétiques durant les deux semaines de confinement. L’Etat malgache a suspendu les contrôles fiscaux et des avis aux tiers détenteurs. Le Président de la République Andry Rajoelina a affirmé avoir mené une négociation avec l’Association des responsables de banques afin que les échéances bancaires et les crédits immobiliers pour les entreprises et les particuliers soient repoussées. Les citoyens quant eux bénéficieront d’un report d’un mois du délai de paiement des factures d’eau et d’électricité. Pareil pour le règlement des cotisations de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNAPS) et de l’Organisation Sanitaire Tananarivienne Inter-Entreprises (OSTIE).
Depuis le 23 mars en Afrique du Sud, pays le plus touché par l‘épidémie de coronavirus en Afrique subsaharienne avec plus de 400 cas confirmés, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a imposé un confinement strict de trois semaines dans son pays, « Sans action décisive, le nombre de personnes infectées va passer rapidement de quelques centaines à des dizaines de milliers et, d’ici quelques semaines, à des centaines de milliers. C’est une décision indispensable pour sauver des millions de Sud-Africains de l’infection », a-t-il expliqué.