Crise financière : Un impact indirect sur l’Afrique et le Cameroun

L'économiste et universitaire camerounais Bruno Bekolo Ebe en a fait la démonstration lors d'une conférence à Yaoundé C'est à l'initiative…

L’économiste et universitaire camerounais Bruno Bekolo Ebe en a fait la démonstration lors d’une conférence à Yaoundé

C’est à l’initiative de la Société Camerounaise des Agrégés (SOCA) que les universitaires, étudiants, hommes d’affaires, journalistes et autres curieux se sont retrouvés au Hilton de Yaoundé le 16 Octobre 2008.

La Soca organisait une conférence-débat sur le thème Comprendre la crise internationale : Enjeux et perspectives pour l’Afrique et le Cameroun.
Au-delà des origines de la crise et ses enjeux dans le contexte international, c’est l’impact probable de la crise sur les banques et les économies africaines et spécifiquement camerounaise qui a retenu l’attention du public. Le Cameroun sera-t-il affecté par la crise financière internationale actuelle ? C’est la problématique de fond du propos du professeur Bruno Bekolo Ebe. A cette problématique, le professeur d’économie et recteur de l’université de Douala a opté pour une réponse à la normande « oui et non selon que l’on se situe dans le secteur bancaire ou plus largement dans le secteur économique » a-t-il répondu.

Un impact limité pour les banques
L’orateur a observé qu’au Cameroun, la plupart des banques sont des banques de dépôt et non des banques d’investissement. Ce qui signifie qu’elles sont moins enclines à faire du crédit et ne sont donc pas très exposées à la crise. En outre analyse l’économiste, la réglementation du secteur bancaire est beaucoup plus marquée en Afrique qu’aux Etats-Unis où est pratiqué un laisser-aller dans les marchés financiers et bancaires. « Nos banques sont soumis à un régime de contrôle assez rigoureux. C’est ce qui explique qu’elles sont en situation de surliquidité alors que le taux d’investissement reste faible ». Cependant, Brunou Bekolo Ebe par ailleurs président de la SOCA a tenu à tempérer ces assurances. « J’éprouve toutefois une inquiétude. C’est que le frilosité de nos banques à faire des prêts aux Petites et Moyennes Entreprises (PME) et Petites et Moyennes Industries (PMI) ne se renforce davantage. Ce serait un effet pervers, inattendu et paradoxal de la crise financière » a déclaré l’orateur. Le Professeur Bruno Bekolo Ebe craint ainsi que le prétexte de la crise financière internationale n’amène les banques camerounaises à resserrer davantage l’enveloppe des prêts qu’elles consentent à faire aux investisseurs et animateurs des PME et PMI.

La crise financière va nécessairement affecter notre économie
En ce qui concerne la probabilité des effets de la crise financière sur les économies africaines et notamment camerounaise, le professeur Bekolo s’est voulu formel : « la crise financière va nécessairement affecter notre économie ». Il pense que les prix des matières premières seront affectés. Les prix de ces matières étant déterminés sur les marchés internationaux déjà perturbés, il est possible d’après l’universitaire qu’il y ait « un renversement des tendances des cours des matières premières ». Toute chose qui serait désastreuse pour les producteurs camerounais qui devront déjà faire face à une vaste concurrence. En effet, avec la probable signature des Accords de Partenariat Economiques (APE), les conditions d’entrée des produits Européens dans les marchés des pays signataires seront allégées.
En outre, le professeur Bekolo pense qu’avec la crise, « les grands pays vont eux-mêmes avoir besoin de capitaux. Ce qui risque de réduire le volume des Investissements Directs Etrangers ». En claire, les investissements possibles ou déjà programmés par certains pays étrangers pourraient être ajournés ou simplement annulés. Ce qui ne bénéficiera pas aux pays africains, les IDE étant source de croissance économique.
Il pense enfin la crise va affecter le secteur tertiaire qui est pourtant le secteur moteur de la croissance économique camerounaise.
C’est par un v u que l’orateur a achevé son propos « Le crise financière internationale doit nous interpeller. Il est peut-être temps que nos pays reprennent en main le pilotage de leurs économies ».

Au total, pour le professeur Bruno Bekolo Ebe, le Cameroun doit donc se préparer à subir les contrecoups de la crise financière internationale. Une crise qui va « nécessairement » affecter l’économie du Cameroun et risque de provoquer des « effets pervers » sur les prêts bancaires déjà frileux aux PME et PMI.


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