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De la Francophonie à la «Francosphere»

La lettre de soutien publiée par des écrivains, artistes et penseurs francophones pour la candidature de Jean Claude de l’Estrac à l’OIF

Venant d’horizons divers, nous sommes profondément attachés aux langues et cultures du monde, dont la langue française et les cultures qui lui sont associées. Cet attachement nous amène, aujourd’hui, à nous engager pour l’avenir de la Francophonie. «Ma patrie, c’est la langue dans laquelle j’écris», disait Rivarol.
Ecrivains, artistes ou penseurs, nous exprimons ici notre volonté de voir la Francophonie défendre toujours davantage les valeurs humanistes de la diversité culturelle, de la libre création, de l’échange entre les individus et, à travers eux, entre les cultures.
Nous sommes convaincus que la Francophonie, pour être exemplaire vis-à-vis des nations et des peuples qui luttent pour préserver le droit à la diversité culturelle et linguistique et au respect des identités, doit rompre le cercle de la realpolitik et des rapports de force, qu’ils viennent du Nord comme du Sud.

Nous ne sommes pas des donneurs de leçons. Nous avons, en revanche, la conviction que c’est à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) que se joue, pour une bonne part, le combat pour le respect de la pluralité des cultures. Cette lutte est au c ur de notre engagement, au c ur de cette «francosphère», espace rêvé d’échanges linguistiques et culturels respectueux de l’histoire et de l’exceptionnelle richesse créatrice du genre humain.

C’est avec cette idée que nous faisons aujourd’hui confiance à la candidature de l’île Maurice pour conduire le futur de l’OIF. En moins d’un demi-siècle, cette île-carrefour a donné naissance à un laboratoire à la fois du vivre-ensemble de multiples groupes sociaux et de préservation de la diversité culturelle dans le cadre d’un Etat démocratique, respectueux des droits de l’Homme et des croyances de chacun. C’est le pays qui fait cependant de l’idéal interculturel une quête constante.

Moderne parce que plurielle, l’île Maurice, par sa fidélité au français et sa pratique de l’anglais et des langues asiatiques, bâtit un pont entre l’Afrique, l’Europe, l’Inde et la Chine. Elle apporte au XXIème siècle l’image d’une francophonie originale et décomplexée, résolument ouverte et heureuse d’exister, dépouillée des pesanteurs coloniales.

Nous croyons donc que cette candidature mauricienne, incarnée par une personnalité aux multiples talents, exprime la synthèse positive du monde en mouvement. Elle est la promesse d’un projet mobilisateur pour les femmes et les hommes de nos pays qui attendent beaucoup d’une mondialisation respectueuse de ce qu’ils sont.

Enfin, nous appuyons cette candidature parce qu’à l’image d’un David luttant contre les Goliaths du monde moderne, elle rassemble, par sa force symbolique, les millions de femmes et d’hommes qui ont le français en partage. Celles et ceux – hispanophones et lusophones notamment – qui apportent au monde la force et l’enthousiasme des langues redessinées par la rencontre des cultures peuvent aussi y retrouver une part d’eux-mêmes.

C’est dans cet esprit que nous apportons aujourd’hui notre soutien à la République de Maurice et à Jean Claude de l’Estrac, son candidat.

Signatures:
Jean-Marie Gustave Le Clézio, écrivain, prix Nobel de littérature 2008, membre du jury du prix Renaudot dont il a été lauréat en 1967 et président du jury du prix Jean-Fanchette.

Tahar Ben Jelloun, romancier, poète et essayiste, membre de l’Académie Goncourt, lauréat du prix Goncourt en 1987, prix Ulysse en 2005 et prix de la Paix Erich-Maria Remarque en 2011.

Federico Mayor Zaragoza, scientifique, diplomate et poète, ancien directeur général de l’UNESCO, président de la Fondation Culture de Paix.

Patrice Nganang, écrivain, Grand prix littéraire d’Afrique noire en 2003, prix Marguerite Yourcenar en 2001.

Ngo Bao Chau, professeur de mathématiques à l’université de Chicago, médaille Fields 2010, directeur scientifique de l’Institut vietnamien des études avancées en mathématiques.

Joël de Rosnay, scientifique et écrivain, prix de l’Académie des Sciences morales et politiques, prix de l’Information scientifique de l’Académie des Sciences.

Johary Ravaloson, prix Roman 2010 de La Réunion, prix Regard poétique du Salon international du livre insulaire (2009), prix Williams Sassine, prix du Roman de l’océan Indien (2005).

Laure Adler, journaliste, écrivaine, éditrice et productrice, ancienne directrice de France Culture, membre du jury du prix de la Bibliothèque nationale de France.

Amadou Mahtar Ba, journaliste, cofondateur de AllAfrica Global Media, fondateur de l’Initiative pour les médias d’Afrique.

Edouard Maunick, poète, prix du Conseil international d’études francophones 2013, Grand prix de la Francophonie de l’Académie française en 2003, prix Guillaume-Apollinaire en 1977.

Dominique Wolton, directeur de recherches au CNRS, fondateur de l’Institut des sciences de la communication du CNRS, fondateur et directeur de la revue internationale Hermès.

Ananda Devi, écrivaine, prix Louis Guilloux 2010, lauréate du prix des Cinq-Continents de la Francophonie et du prix RFO du livre en 2006.

Jean-Robert Pitte, président de la Société de géographie, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques, ancien président de l’Université Paris-Sorbonne.

Abdourahman Waberi, écrivain et professeur d’université, Grand prix littéraire de l’Afrique noire 1996, prix Albert Bernard de l’Académie des Science d’Outre-mer.

Jean Orizet, critique et poète, Grand prix de poésie de la Société des gens de lettres en 2009, Grand prix de poésie de l’Académie française en 1991, prix Guillaume-Apollinaire en 1982.

Jean-Claude Guillebaud, essayiste, journaliste et éditeur, lauréat du prix Albert-Londres 1972, lauréat du prix Renaudot Essai en 1998.

Daniel Vaxelaire, historien, romancier, journaliste, scénariste, prix Amerigo Vespucci 1999, prix Vanille 2012.

Nguyen Quang Thieu, poète, écrivain, vice-président de l’Association des écrivains vietnamiens, premier secrétaire général adjoint de l’Association des écrivains d’Afrique et d’Asie

Axel Gauvin, écrivain, président de l’Office de la langue créole de La Réunion.

Philippe Rey, éditeur, fondateur et directeur des Editions Philippe Rey.

Issa Asgarally, linguiste et essayiste, cofondateur avec J.M.G. Le Clézio de la Fondation pour l’Interculturel et la Paix, présentateur de l’émission littéraire Passerelles.



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