Ils ont commencé un sit-in hier devant le siège à Douala et revendiquent l’application de leur convention collective
Article 112 de la Convention
Plus de quatre cents employés de la Camerounaise des Eaux (CDE) ont commencé une grève ce mardi 1er février 2011, à l’entrée du siège social de l’entreprise, à Bali. Plus précisément à l’endroit baptisée Place du 10 mars, en rappel au dernier mouvement d’humeur. Cette grève a consisté en l’arrêt du travail, jusqu’à ce que leur exigence soit prise en compte. Il s’agit donc d’une grève illimitée. Nous allons faire ce sit-in jusqu’à ce que notre revendication soit prise en compte, promettent les délégués du personnel. Tous les employés de l’entreprise ont répondu favorablement à cet appel de la Fédération nationale des syndicats des travailleurs de l’énergie électrique et de l’eau du Cameroun (FEENSTEEEC). Il s’agit des employés de la direction générale, de la direction régionale pour le Littoral et des différentes agences de la ville de Douala. Seuls les hauts cadres dirigeants et quelques hauts responsables nationaux très proches du top management étaient absents de ce rendez-vous. C’est normal. Ils ne peuvent pas faire grève comme nous. Certains d’entre eux ont un salaire de 10 millions à la fin du mois et 500.000 chaque vendredi comme frais du week-end, lance Simon Pierre Tchoungui, employé à la CDE. Dans l’ensemble, les grévistes revendiquent l’application immédiate de la convention collective du secteur de l’eau et de l’électricité. Cette convention en négociation depuis plusieurs années, a été finalement paraphée le 29 janvier 2011 à Yaoundé par les trois parties concernées. Le ministre du Travail et de la sécurité sociale (MINTSS), les représentants des employeurs et les représentants des travailleurs. Seulement, expliquent les grévistes, la convention a été paraphée après avoir retiré la veille, nuitamment, pour reprendre leur adverbe, une disposition essentielle. Il s’agit de l’article 112 notamment.
D’après les grévistes, deux syndicats minoritaires ont paraphé le document
Au cours de la dernière session de la commission mixte paritaire des négociations qui s’est tenue le 6 janvier 2011, nous avons adopté une mouture finale de la convention collective qui devrait être paraphée par les différentes parties, explique Tsoungui Ongoh, délégué du personnel et membre de la FEENSTEEEC. Malheureusement, le 29 janvier, quand il faut parapher, l’article 112 est soustrait nuitamment. Et la convention finale paraphée par les deux autres syndicats du secteur qui ne sont pas représentatifs, déplore-t-il. Il s’agit du syndicat national des travailleurs du secteur eau et activités connexes (SYNATSEACC) et du syndicat national indépendant de l’eau (SNIE). D’après des témoignages concordants ce sont les représentants des deux syndicats qui ont donné l’écho favorable au document, en dépit de la soustraction de cet article. Cet article stipule in fine que : La présente convention prend effet à compter de la date de signature et s’applique de plein droit aux contrats de travail en cours. Les contrats individuels de travail qui interviendront après la signature de la convention seront soumis à ces dispositions qui sont considérées comme conditions minima à l’engagement. Toute clause restrictive insérée dans lesdits contrats individuels étant nulles et de nul effet. Il a donc été retiré et à la place, il a été retenu que la convention collective prendra effet un an après la signature, c’est-à-dire, à compter du 1er janvier 2012. C’est ce que contestent les employés qui veulent une application immédiate.Cette convention doit entrer en vigueur immédiatement. Un an c’est beaucoup. Entre temps, plusieurs agents pourront mourir, s’indigne Simon Pierre Tchoungui, La grève est supposée demeurée aussi longtemps que cet article ne sera pas restitué dans la convention querellée. Pour un début, les employés comptent privilégier la méthode douce. Pour le moment, c’est le service minimum, car nous n’allons pas pénaliser tous les Camerounais, oriente Michel Boyokino. Mais si rien ne change, nous serons obligés d’accélérer sur la pédale,prévient Simon Pierre Tchoungui. Les grévistes ont pour intention de priver la ville de Douala d’eau, en commençant par la représentation diplomatique du Maroc dans la ville, ensuite les services publics, avant de chuter par les ménages. Après, la coupure sera étendue dans les autres localités Même s’il faut qu’on coupe l’eau à la Présidence de la République, on le ferra, préviennent-ils.

L’employeur argue le problème de trésorerie
Du coté de l’employeur, on prend cette menace au sérieux. Mais, la CDE dit, dit ne pas avoir les moyens de répondre à l’immédiat à leurs revendications.Les employés voudraient qu’on commence à servir les nouveaux salaires à partir de février 2011. Or, on n’a pas encore les moyens pour financer l’augmentation des salaires qui est extrêmement importante, car la moyenne des salaires va augmenter pratiquement du tiers, explique le directeur des ressources humaines (DRH). Il a été convenu de l’application à partir de 2012 pour résoudre les questions de trésorerie. C’est une question de timing simplement, mais qui est remise en cause par une partie du personnel, poursuit Ahmed Toubali. Il y avait un premier projet dans lequel il était clairement spécifié que la convention allait être applicable dès sa signature. Pendant tous les travaux de la convention, les représentants des employeurs ont clairement indiqué que leur condition est la mobilisation des financements pour faire face à cette augmentation substantielle. Ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui, résume-t-il. Pour le Drh, la masse salariale de l’entreprise est estimée à 8,5 milliards pour les 2000 employés, dont 600 à Douala, et l’augmentation est de 3 milliards.Il faut mobiliser ces fonds. Pour les mobiliser, il y a des procédures à observer et ces procédures prennent du temps. C’est ce qu’on a expliqué aux représentants des employés. Nous n’avons pas de moyens pour répondre à cette exigence des employés en ce moment, avoue le Marocain. Pour lui, ce problème de financement ne concerne pas uniquement CDE. Mais, aussi la CAMWATER et les pouvoirs publics qui, d’après lui, ont supervisé tout le processus de négociation. Une manière de dire que CAMWATER et l’Etat doivent aussi mettre la main dans la poche. Ce qui n’est pas assez évident. Les employés, quant à eux, vont continuer avec leur mouvement d’humeur. La CDE est l’un des démembrements crées à l’issue de la privatisation de la Société nationale des eaux du Cameroun (SNEC). L’autre étant a CAMWATER. Le premier gère la distribution de l’eau et a été concédé aux Marocains, le second gère les infrastructures.
