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Délinquance scolaire : sexe, sang, stupéfiants, ces nouveaux « enseignants »

Le drame du lycée de Nkolbisson confirme, s’il en était encore besoin, que la frontière entre les lieux de transmission…

Le drame du lycée de Nkolbisson confirme, s’il en était encore besoin, que la frontière entre les lieux de transmission du savoir et l’univers du gangstérisme est depuis longtemps détruite.

Mars 2019, lycée bilingue de Deïdo à Douala,  l’élève Blériot Tsanou  en classe de 2nde C, est tué par un coup de poignard d’un camarade exclu.  Premier trimestre de l’année scolaire 2018, un autre élève du lycée de Ngousso Ngoulemekong à Yaoundé,  est grièvement blessé à la main et à la poitrine par son camarade n’appréciant pas  le regard porté sur une fille en classe. Non loin, à Nkolfoulou, Dave Menendi, élève en classe de Terminale à l’Institut polyvalent bilingue La Sophia, reçoit un coup de poignard de son camarade.

Alors que la société tend à banaliser ces évènements, le Lycée de Nkolbisson vient, ce 13 janvier 2020,  apporter la preuve la plus pédante que drogues et machettes côtoient désormais allègrement cahiers, livres et stylos dans les cartables  de nos élèves.

Qui suit de près la vie dans les lycées et collèges ne peut en être surpris. La montée en puissance du gangstérisme dans les établissements scolaires est un phénomène bien connu du corps enseignant. Lui qui reçoit toutes catégories d’enfants, issus de tous les milieux. Une bonne catégorie plus portée à parler de sexe, à vendre ou consommer de la drogue.

Ce n’est sans doute pas à l’enseignant qu’il faudrait demander de fermer les débits de boisson qui pullulent près des maisons d’habitation des élèves et des établissements scolaires. Ce n’est non plus à lui qu’il faut demander de réguler l’importation des drogues tels que les tramadols, comprimés abondamment extraits des poches d’élèves ces dernières années. L’enseignant ne quittera pas sa salle de classe pour agresser les médias pour qu’ils révisent le contenu de leurs programmes.

Ce qui peut lui être demandé c’est d’enseigner, de conseiller, y compris les parents. Mais combien en veulent ? Chez bon nombre, les réunions des parents d’élèves sont sans objet. A défaut d’invoquer les occupations professionnelles, l’on se fait représenter par le chauffeur, la dame de ménage ou l’ainée de l’élève. Bref, des personnes qui n’exercent pas nécessairement une grande influence sur le gamin.

Démission des parents, environnement social en chute continue de valeurs, les enseignants doivent ainsi affronter les méfaits de la négligence familiale et de la rue où l’élève emporte toutes sortes d’insanités. Trop lourd pour les « hommes de la craie », qui eux même, revendiquent un meilleur traitement, une meilleure attention.

Si l’Etat peine à trouver une solution à leurs doléances et à résoudre les problèmes sociaux qui rejaillissent brutalement à l’école, autant mieux sécuriser l’enseignant. Il devient dangereux d’encadrer des enfants sous l’emprise des drogues et porteurs d’armes blanches bien dissimulées.

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