Le Cameroun était représenté à cette réunion par le ministre Eyebe Ayissi en charge des relations extérieurs, il a plaidé pour une réallocation des dépenses militaires
Henri Eyebe Ayissi: Réduire les dépenses militaires au profit de la lutte contre la pauvreté
Aucun chef d’Etat n’est directement intervenu lors de la rencontre de haut niveau sur le désarmement tenu à New York ce vendredi 24 septembre 2010. Ce sont les ministres des relations extérieures qui ont pris la parole au nom de leurs pays. Le Cameroun lors de cette réunion était représenté par le ministre Henry Eyebe Ayissi, en charge des relations extérieures. Il a laissé transparaitre dans son intervention, que la question du désarmement est plus une question qui concerne les pays occidentaux, dont les stocks en armes sont les plus importants. Il a par ailleurs rappelé que le Cameroun, depuis son indépendance, n’a cessé de cultiver les initiatives, en vue de désamorcer les tensions dans le monde et de préserver la paix. Le Gouvernement du Cameroun a ainsi pu résoudre son différend frontalier avec le Nigéria. Le problème du désarmement est très largement entre les mains des grandes puissances, a-t-il déclaré, estimant que cela explique la «sage lenteur» des grandes négociations multilatérales. Le Ministre camerounais a néanmoins marqué son optimisme, expliquant que le lien qui existe entre l’armement et le développement, fait référence au Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement qui vient de se tenir à New York. Si l’on rapproche le montant des contributions nécessaires pour réduire la pauvreté dans le monde, dans cinq ans, de celui que les États ont consacré aux dépenses militaires (1 535 milliards de dollars pour 2009), une faible partie pourrait faire disparaître ces autres armes de destruction massive que sont la faim, la maladie, l’analphabétisme et la misère, a-t-il conclu. Dans l’ensemble, les participants à cette rencontre de haut niveau n’ont pas sorti la conférence sur le désarmement (CD), de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis 13 ans déjà.
Nécessité de relancer les négociations multilatérales
La solution camerounaise, d’envisager une réallocation d’une petite partie des dépenses militaires à la résolution des problèmes de santé et de pauvreté dans le monde, semble n’avoir pas fait l’unanimité, comme d’ailleurs plusieurs autres solutions proposées par d’autres délégations. Un seul point a fait l’unanimité. Tous les participants ont tenus à réaffirmer avec force l’importance de poursuivre les efforts déployés dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération nucléaire pour renforcer la sécurité mondiale et promouvoir la stabilité internationale. Faisant le résumé du débat en clôture de la réunion, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a lui aussi mis en avant le consensus existant autour de l’importance du multilatéralisme. Nous avons une vision commune, a-t-il souligné, qui se traduit aussi par la volonté unanime des Etats de bâtir un monde sans armes nucléaires. Mais la plupart des délégations ont salué les évolutions positives récemment survenues en matière de contrôle des armements, comme l’Accord américano-russe du 8 juillet 2009 (START), la résolution 1887 du Conseil de sécurité du 24 septembre 2009, le Sommet sur la sécurité nucléaire de Washington, qui a eu lieu au mois d’avril 2010, ou encore l’entrée en vigueur de la Convention sur les armes à sous-munitions. Le Cameroun assure la présidence tournante de la conférence sur le désarment depuis la fin du mois d’Août dernier. Il occupera cette position jusqu’à la fin du mois de janvier 2011. L’histoire retient que ce n’est pas sous son influence diplomatique que la question du désarmement aura été réglée. Mais au moins de nombreux engagements sont en train d’être pris dans ce sens. Mise en place en 1979, la conférence du désarmement réunit 65 pays.
