Le président du Synester et son homologue du Synacprotcam, ont été arrêtés le 17 janvier dernier, suite à un préavis de grève
Douze jours après son interpellation, Jean Collins Ndefossokeng, reste toujours en garde à vue. Le président du Syndicat des employés du secteur des transports terrestres (Synester) a été arrêté le 16 janvier 2015, en compagnie de Joseph Deudié, président du Syndicat national des conducteurs professionnels des taxis du Cameroun (Synacprotcam).
L’interpellation est survenue suite à la signature d’un préavis de grève qui devait avoir lieu le 19 janvier. Les deux syndicalistes ont été placés en garde à vue dans les cellules du Groupement mobile d’intervention (GMI) N°1 à Yaoundé, après avoir été entendus sur procès-verbal.
Selon la secrétaire de Jean Collins Ndefossokeng, citée dans Le Quotidien le Jour, édition du 27 janvier dernier, les deux hommes «sont considérés comme des terroristes».
«Je suis allée leur rendre visite mercredi (21 janvier), et il m’a été dicté ce message comme suit: « Nous avons été entendus sur process-verbal (presidents du Synester et du Synacprotcam) au terme duquel nous avons été mis en garde à vue avec le motif d’apologie du crime, sédition et activités terroriste», rapporte-t-elle dans Le Jour.
«On nous a fait dire que nous étions en détention administrative par le gouverneur de la région du Centre pour 15 jours renouvelables une fois. Quoi qu’il en soit, depuis que nous sommes en détention, nous sommes carrément abandonnés à nous-mêmes et sommes dans l’inquiétude, car la tendance pour le gouvernement est à faire une confusion de genre entre l’activité syndicale et l’activité terroriste ; sous le prétexte que nous avons lancé un mouvement de grève alors que nous sommes sous la menace de Boko Haram», explique le président du Synester.
Le Cameroun s’est doté d’une loi antiterroriste depuis décembre 2014. Cette loi, qui prévoit la peine de mort, assimile au terrorisme, tout acte susceptible de «perturber le fonctionnement normal des services publics, la prestation de services essentiels aux populations ou de créer une situation de crise au sein des populations;» (article 2, alinéa 2 de la Loi N° 2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme).
La Loi antiterroriste a été dénoncée par certains partis politiques d’opposition, à l’instar du MRC de Maurice Kamto et du CPP de Kah Walla, pour son caractère imprécis de nature à porter atteinte aux droits fondamentaux et à empêcher toute manifestation publique légitime.
Dans le préavis de grève signé par Jean Collins Ndefossokeng, et Joseph Deudié, les deux syndicalistes demandaient: la baisse sans délai à 25.000 F CFA du prix de l’assurance, le renforcement des mesures de lutte contre le transport clandestin ; la baisse du prix du carburant ; la revue à la hausse du prix du dépôt ainsi que celui de la course et la restitution à leurs propriétaires des cargos confisqués par le préfet du département du Wouri.