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Diane Audrey Ngako, afro-optimiste

La Camerounaise d'origine, actuellement journaliste pour le Monde Afrique, a lancé le 30 juin dernier le site Visiter l'Afrique. Changer…

La Camerounaise d’origine, actuellement journaliste pour le Monde Afrique, a lancé le 30 juin dernier le site Visiter l’Afrique. Changer le regard que la plupart des gens ont sur ce continent

D’origine camerounaise, Diane arrive en France à l’âge de 12 ans. Actuellement journaliste pour le Monde Afrique, elle lance le 30 juin dernier le site Visiter l’Afrique et entend bien changer le regard que la plupart des gens ont sur ce continent. Elle voudrait en effet en finir avec ce discours misérabiliste qui ne prend pas en compte l’énorme potentiel économique et culturel du continent africain. Retour sur son parcours panafricaniste.

Lorsque Diane Audrey Ngako arrive en France, dans le Loiret, elle subit de nombreuses critiques de la part de ses camarades. Qu’il s’agisse de sa couleur de peau ou de son accent. Elle décide alors de faire ce qu’elle appelle un «blackout de son identité africaine» afin de passer inaperçue. Elle coupe le lien avec ses racines. Après l’obtention de son baccalauréat en 2009, elle part aux Etats-Unis, faire des études de sciences politiques. Inspirée par Barack Obama, élu un an plus tôt, elle a pour projet de se lancer en politique. Elle rencontre aux Etats-Unis des jeunes originaires d’Afrique, qui contrairement à elle, revendiquent leur africanité et se montrent très fiers de leur origine. Marquée par cette expérience, elle se lance petit à petit en quête de son africanité reniée.

Retour aux sources
Réalisant que la politique n’est pas faite pour elle, elle rentre en France et entame des études de communication. Elle se rend en 2013 au Cameroun, qu’elle avait quitté 10 ans plus tôt. Elle retrouve un pays métamorphosé, bien loin de ses souvenirs. «Des routes avaient été construites, le paysage n’était plus le même. Le Cameroun que j’avais sous les yeux n’avait plus rien à voir avec celui de 2003, lors de mon départ».

En 2014, elle se rend au Kenya, afin de découvrir un autre visage de l’Afrique et de pouvoir opérer une comparaison avec son pays d’origine. La différence de développement entre les deux pays est frappante. «Nairobi, avec ses buildings et son centre-ville, donne l’illusion des Etats-Unis. On se croirait à Atlanta» dit-elle. Elle prend alors pleinement conscience du potentiel tant économique que culturel dont dispose l’Afrique. De quoi être fière de ses racines.

Repenser l’image de l’Afrique en allant au-delà des clichés
«En Afrique il n’y a pas que des guerres, il y aussi des personnes avec des projets. L’Afrique, c’est 54 pays, avec chacun leur histoire et identité culturelle. On ne peut pas considérer l’Afrique comme un tout» explique Diane. Il lui apparaît comme primordial de changer l’image que les gens ont sur le continent, image notamment véhiculée par les médias, qui se concentrent sur les pandémies tragiques qui déchirent l’Afrique, à savoir le terrorisme, les guerres et les maladies.

«Lorsque Le Monde Afrique m’a contactée, je n’ai pas hésité une seconde. Je venais de quitter mon poste de rédactrice en chef de Roots Magazine, un magazine en ligne dédié à la culture afro-caribéenne». L’édition du Monde dédiée au continent africain, lancée récemment participe à cette évolution de la pensée sur l’Afrique et les africains. Il permet de montrer l’envol de ce continent encore mal connu et qui suscite de nombreuses peurs et interrogations.

«La plupart des gens s’imaginent que l’Afrique est un continent dangereux, qui n’est pas à même de leur offrir la relaxation qu’ils recherchent quand ils veulent partir en vacances. On trouve cependant de nombreuses destinations de rêve en Afrique. D’autant plus que les locaux sont prêts à accueillir les touristes» continue Diane. Avec Visiter l’Afrique, son site collaboratif qui permet aux anciens touristes de partager leur expériences et aux locaux de promouvoir leur région, elle veut changer le regard sur l’Afrique tout en attirant des gens sur place.

Il est également important pour elle de mettre les gens en relation. « Il faut que les gens puissent échanger, puissent se poser des questions et y répondre, qu’ils puissent prendre conscience des ressources africaines, qui sont immenses ». Il s’agit d’une véritable démarche panafricaniste, promouvant l’attractivité du continent mais également la solidarité entre ses habitants et ses visiteurs. « Il faut que les locaux soient impliqués » confie-t-elle.

Un projet coopératif pour faire découvrir l’Afrique sous un jour nouveau
«Si je veux promouvoir le tourisme en Afrique, je souhaite aussi que des voyages d’affaires soient organisés là-bas. Il faut également attirer des investisseurs. En Afrique il y a beaucoup à faire et nous n’avons pas que du pétrole ». La population africaine est en effet jeune, et de plus en plus diplômée. Une main d’ uvre incroyable est ainsi disponible et ne demande qu’à trouver du travail. En termes de tourisme, il est clair que les États doivent établir des politiques afin d’encadrer l’activité touristique afin de créer des emplois. « Le tourisme est un véritable enjeu et l’hôtellerie représente une énorme perspective de création d’emploi», confirme Diane.

En plus de la plateforme Visiter l’Afrique, Diane et son équipe ont de nombreux projets. Premièrement, elle souhaite mettre en place un réseau d’ambassadeurs. L’implication des locaux dans ce projet est une condition sine qua none de sa réussite. «La diaspora aujourd’hui est très étendue et chacun de ses membres est un contributeur potentiel à notre projet. Nous avons créé un compte Instagram afin de partager des photos d’Afrique prises par des tourismes et ceux qui y vivent car d’après nous l’image ne ment pas. Nous souhaitons ainsi que des personnes soient chargées de se rendre à certains endroits, de les photographier, de faire remonter des informations à ce sujet» explique Diane. Il est en effet intéressant de découvrir un endroit par le biais d’un il nouveau et surtout local.

Cette opération contribue au bouche-à-oreille qui permet au projet de se développer. Le contact entre les visiteurs, les populations locales, y compris entre elles, est un composant important de Visiter l’Afrique. «Nous avons même pour projet de lancer un AIRBNB à l’africaine d’ici quelques années». Diane aimerait aussi que la communication entre les amoureux de l’Afrique, ou du moins ceux qui sont curieux de la découvrir, puisse se faire autour d’une passion commune. «Par exemple, si vous aimez la musique, il peut être intéressant de découvrir un pays autour de ce centre d’intérêt. Le site vous permettra d’être mis en contact avec d’autres passionnés».

Le site lancera prochainement sa Web TV. Le but est d’alimenter le site de reportages. «On ira dans un pays, nous commençons par le Cameroun, et on suivra quelqu’un et on parlera avec lui de son activité». Le projet va ainsi voyager de pays en pays, permettant de découvrir de nouveaux horizons ainsi que de rencontrer plusieurs personnes aux professions variées. Enfin, l’équipe va lancer un magazine en ligne, à hauteur de quatre numéros par an. Le magazine, pris en charge par des journalistes sur place et des blogueurs reprendra des portraits ainsi que des reportages réalisés pour la Web TV, tout en ajoutant de nouveaux contenus. L’offre du magazine sera assez large, associant actualité et culture.

Diane Audrey Ngako
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