Le chef de l’Etat fustige ceux qui contestent sa légitimité et les séparatistes qui s’obstinent à poursuivre la lutte armée.
Du dépit qui transparait tout au long du discours du président Paul Biya, lors de son traditionnel laïus du 31 décembre à la nation.
Alors que des contestations – toujours durement réprimées – de son pouvoir se maintiennent quand l’occasion se présente, Paul Biya met à l’index cette « minorité [qui] paraît avoir oublié les règles qui gouvernent la vie démocratique ».
« Est-il nécessaire de rappeler qu’une démocratie a pour seul arbitre le peuple souverain ? Lorsque celui-ci s’est prononcé à travers des élections libres et transparentes, et que les résultats sont proclamés après l’examen d’éventuels recours, ces résultats doivent être respectés et acceptés par tous », rappelle Paul Biya.
Depuis sa réélection, en octobre 2018, pour un énième mandat consécutif depuis 37 ans, le chef de l’Etat a dû faire face aux « marches blanches» organisées par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) de Maurice Kamto, son principal opposant.
A l’étranger, il est en permanence traqué par une diaspora hostile à son pouvoir. Celle-ci a remporté une victoire en juillet 2019, lorsqu’après des manifestions en Suisse, les autorités helvétiques ont prié Paul Biya et son épouse d’écourter leur « court séjour privé ».
A ceux-là, Paul Biya dit : « s’agissant du comportement excessif de certains de nos compatriotes de la diaspora – qu’ils soient ou qu’ils ne soient plus Camerounais – je pense qu’ils devraient, par patriotisme, s’abstenir de propos négatifs à l’égard de leur pays d’origine. On doit toujours respecter sa patrie, ses institutions et ceux qui les incarnent ».
Et Paul Biya de pointer « les réseaux sociaux » et « tel ou tel organe de presse » qui ne peuvent « changer les résultats d’une élection, encore moins les manifestations illégales, les violences et les attaques personnelles ou haineuses ».
Un autre motif de dépit pour le président de la République, la poursuite de la crise sociopolitique dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Paul Biya constate avec regret que « l’activité criminelle des groupes armés continue de perturber la vie publique, économique et sociale dans ces régions ».
« Pourtant, poursuit-il, ces derniers mois, diverses mesures ont été prises pour ramener à la raison ces jeunes qui, pour la plupart, se sont laissé endoctriner. Des appels à déposer les armes leur ont notamment été lancés et des perspectives de réinsertion sociale ouvertes ».
Le chef de l’Etat évoque ainsi le plan « DDRR » et le « succès » du « Grand dialogue national » organisé pour justement mettre un terme au conflit.
Et comme il l’avait déjà fait il y a un an sans succès, Paul Biya menace de nouveau : « Pour ceux qui s’obstinent à demeurer dans la mauvaise voie et qui continuent à avoir recours à la violence, nous n’aurons pas d’autre choix que de les combattre pour protéger tous nos concitoyens. Nos forces de défense et de sécurité feront une fois de plus leur devoir avec mesure, mais sans faiblesse ».
Tout comme son gouvernement tout au long de l’année 2019, donc l’action était davantage à la justification des actions de répression, Paul Biya est sur la défensive. Sa légitimité faisant de plus en plus l’objet de contestations.