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Discours du Chef de l’Etat – Fonctionnaires camerounais et assimilés: Mythomanes et comédiens?

Analyse de Charles Mongue Mouyeme (consultant en communication et marketting) Depuis la diffusion du message du Chef de l'État camerounais…

Analyse de Charles Mongue Mouyeme (consultant en communication et marketting)

Depuis la diffusion du message du Chef de l’État camerounais du 31 décembre 2013, et ses reproches vis-à-vis du fonctionnement de l’administration publique du pays, nous assistons à un ballet de fonctionnaires et assimilés dans les médias qui réagissent à ce message. Rappelons d’abord les invectives du Président Biya envers nos fonctionnaires: «Mais d’où vient-il donc que l’action de l’État, dans certains secteurs de notre économie, paraisse parfois manquer de cohérence et de lisibilité ? Pourquoi, dans bien des cas, les délais de prise de décision constituent-ils encore des goulots d’étranglement dans la mise en uvre des projets? Comment expliquer qu’aucune région de notre territoire ne puisse afficher un taux d’exécution du budget d’investissement public supérieur à 50 % ? Enfin, il est permis de s’interroger sur l’utilité de certaines commissions de suivi de projets, qui ne débouchent sur aucune décision. (.) Notre Administration reste perméable à l’intérêt particulier. Ce dernier est le plus souvent incompatible avec l’intérêt de la communauté nationale. Dans un Etat moderne, cette dérive ne doit pas être tolérée. La plupart de nos grands projets mettent en jeu, à un stade ou à un autre de leur mise en uvre, les compétences de divers services. Je ne suis pas sûr que l’indispensable coordination entre ceux-ci ait toujours lieu.» Alors que nous devrions logiquement assister à des réactions de protestation des fonctionnaires et assimilés qui ont coutume de soutenir que notre administration marche bien «conformément aux très hautes instructions et directives de Chef de l’Etat, mises en uvre par le Premier Ministre Chef du gouvernement, et exécutées par les membres du gouvernement », nous sommes surpris de constater qu’ils sont d’accord avec les constats ( ?!) du Chef de l’État.

Tel douanier vous parle de l’enrichissement scandaleux de certains fonctionnaires au mépris de l’intérêt général (quoi ? Sa majestueuse villa de Koweit City, ou Denver, ou Santa Barbara est bel et bien le fruit de l’intérêt général. personnalisé !) ; tel doyen d’université vous dit que le mérite n’est plus le critère pour avancer (c’est vrai que les notes sexuellement transmissibles dans sa faculté montrent le mérite qu’ont les jeunes à être sexy) ; tel préfet ou sous-préfet vous décortique les goulots d’étranglement dans les procédures de marchés (les «enveloppes» qu’il reçoit des soumissionnaires étant donc certainement destinées à fluidifier ces procédures) ; tel membre civil d’une commission régionale des marchés découvre subitement que les entreprises qui gagnent et exécutent les marchés n’ont très souvent aucune compétence (il signe souvent les documents de marché sous la contrainte alors) ; tel ministre (eh oui !) vous explicite les incohérences dans les actions de l’administration et l’incapacité de beaucoup à prendre des décisions (lui, bien sûr, prend tous les jours des décisions « à mettre à l’actif du Chef de l’État, Son Excellence. ») ; tel cadre du RDPC est devenu subitement volubile sur les tares de la gouvernance du pays (même s’il traitait les opposants qui osaient le dire hier encore d’oiseaux de mauvais augure et d’apprentis-sorciers qui peignent tout en noir alors que la Cameroun se porte très bien) ; tel journaliste des médias publics vient de réaliser que notre administration est archaïque (ses enquêtes de Grand Reporter ne lui avaient montré jusqu’ici que des fonctionnaires qui méritaient ses articles dithyrambiques) ; bref, tout ce beau monde agrée, explique, et affine même les griefs portés contre notre administration par le Président de la République. Vous notez cependant que pour chacun d’eux, c’est le reste de l’administration publique qui est concerné ici, et non eux-mêmes. Chacun d’eux est blanc comme neige, hyper compétent, contrairement à ceux dont parlait le Président. Quand vous avez fini de regarder ces prestations médiatiques des fonctionnaires et assimilés, vous ne pouvez vous empêcher de penser sérieusement que notre administration est composée de mythomanes et de comédiens. Certains devraient donc être suivis par des psys, et les autres devraient se présenter aux castings de théâtre et de cinéma. P.S.: Lorsque, pendant l’élection présidentielle, les fonctionnaires désertent les bureaux administratifs pour aller en campagne électorale avec la bénédiction et la couverture du parti au pouvoir, dans quel chapitre classe-t-on ça dans le diagnostic présidentiel du 31 décembre 2013 au soir ? »

Charles Mongue Mouyeme
Charles Mongue M)/n