L’engouement autour de cette journée s’est fait moins sentir chez les femmes par rapport aux années antérieures
Comme chaque année, les femmes ont pris « leur jour ». Chacune à sa manière. Mais cette année à Douala, on était bien loin des fois où les rues ne rayonnaient qu’aux couleurs de leurs pagnes de circonstance. Le constat général fait état de ce que, bien que certaines demeurent dans l’optique d’affirmer leur liberté, l’engouement a diminué. Ce jour, d’aucunes ont fermé les comptoirs de marchés, d’autres ont déserté les bureaux dès la matinée, mais pas pour faire grand-chose. « Je suis resté chez moi. Je travaille beaucoup et un jour comme celui-ci est juste une occasion pour moi de me reposer » affirme madame Henriette N, mère au foyer de 46 ans et vendeuse de vivres frais au marché Sandaga à Douala.
A la question de savoir pourquoi elle n’arbore pas le pagne du jour, Lucie, 28 ans, répond « je ne peux pas sortir 6000 Fcfa pour acheter le pagne du 08 mars alors que ma famille a du mal à s’en sortir. Ce matin je suis allée à mon boulot comme tous les jours, je n’ai jamais compris le sens de cette célébration dans le contexte camerounais ». Charline T, assistante de direction n’est pas loin de cette idée. « Je n’ai aucun engouement parce qu’aucune résolution concrète ne se dégage de cette journée pour les femmes. On va défiler et après quoi ? Alors autant se dire que c’est une journée comme toutes les autres et moi je suis allée au travail comme d’habitude sans pression ». La réplique de Félicité, présidente d’une association de femmes ne se fait pas légère. « C’est normal que certaines femmes disent cela parce qu’elles n’appartiennent à aucun mouvement. C’est ensemble que l’on peut faire des choses, poser des actions concrètes. Après le défilé à la place de l’Udéac, les femmes de mon association et moi allons manger ensemble, mais juste pour sympathiser autour de ce que nous avons fait et des objectifs que nous nous fixés pour les mois à venir ».
Dans les rues, celles qui portent l’uniforme sont pour la plus part des jeunes filles, qui en réalité veulent juste se mettre à la mode du jour. « On a dit que c’est le pagne du 8 mars pour les femmes, alors je le porte aussi ». Mais comme chaque année, les fêtardes étaient toujours de la fête, dans les bars et autres coins animés de la ville. De la très réputée « rue de la joie » de Déido à la foire Fomaric qui fermait ses portes ce jour en passant par les discothèques, elles ont « soulevés » les kaba. Jusque tard dans la nuit. Et comme dit une jeune demoiselle emportée par l’ambiance sur les coups de minuit, « à chacune son 8 mars ohhh ! Moi je m’amuse autant que je peux. Et tant pis pour les jalouses ». Une situation qui fait dire à certains que le 8 mars est une question de culture, il faut repenser, redéfinir son sens dans le contexte camerounais, au regard de la situation socio-économique de plus en plus difficile.