Société



EN CE MOMENT


Douala : des commerçants déguerpis au marché New-Deïdo

Des comptoirs établis près de la chaussée ont été détruits et des marchandises embarquées dans les grands camions, le mardi…

Des comptoirs établis près de la chaussée ont été détruits et des marchandises embarquées dans les grands camions, le mardi 24 avril 2018.

La mine serrée, Claude Fanmi tient à peine debout ce mercredi 25 avril 2018. Il a du mal à articuler les mots pour raconter le « calvaire » qu’il a vécu hier au marché New-Deïdo de Douala. Le commerçant fait savoir qu’il a perdu toute sa marchandise lors d’une opération de déguerpissement supervisée par le sous-préfet de l’arrondissement de Douala 1er, Jean-Marie Tchakui Noundie. Claude Fanmi évalue à près de 300 000 francs CFA le coût des régimes de plantain emportés dans les grands camions de la Communauté urbaine de Douala (Cud), pendant les casses.

Selon les témoignages, le sous-préfet et près de 50 policiers, gendarmes et agents de la police municipale ont investi le lieu-dit « Carrefour Rond Point Hôtel Omnisports » autour de 8h, le mardi 24 avril 2018. A coups de gourdins, les agents de la municipalité ont aussitôt entamé la destruction de tous les comptoirs établis en bordure de la chaussée. Des tables, hangars et autres palettes ont été démolis. L’opération a duré près de six heures.

Les vendeurs déplorent la confiscation de leurs marchandises pendant cette opération d’envergure, encadrée par les forces de maintien de l’ordre. «C’était grave. Des commerçantes qui voulaient mettre leurs marchandises à l’abri ont été bousculées. Ils ont embarqué nos marchandises dans des camions. Ils sont arrivés sur place avec quatre camions. Chaque véhicule a effectué au moins trois tours. Ils ont écrasé d’autres vivres à coups de pieds et avec leurs véhicules, malgré les pleurs des vendeurs», décrie Etienne Kenfack, un fripier.

Le jeune homme affirme qu’il a eu de la chance. Il a conduit le porte-tout sur lequel était rangée sa marchandise vers un quartier voisin, pour y trouver refuge. Mais la majorité des vendeurs n’ont pas eu la même opportunité. Geneviève Ngometa, vendeuse au marché New-Deido depuis 30 ans, explique que son sac de pommes de terre (évalué à 35 000 francs CFA) et deux sacs de macabo (56 000 francs CFA) ont été embarqués dans les véhicules pour une destination inconnue. Près d’elle, un marchand signale la confiscation de son sac de haricot d’une valeur de 70 000 francs CFA.

« Les gens s’installent sur la voie publique. On ne pouvait plus passer par le marché New-Deïdo. Et nous nous plaignons qu’il y a des bouchons dans la ville. Or, les routes existent et nous les occupons anarchiquement. Le marché New-Deïdo était devenu un haut lieu du désordre urbain dans l’arrondissement de Douala 1er. C’est pour cette raison que monsieur le préfet m’a instruit de descendre pour remettre un peu d’ordre dans cet espace marchand. Il y a des boutiques à l’intérieur du marché», a indiqué le sous-préfet.

Les vendeurs expliquent qu’ils s’acquittent des frais de propreté journaliers à raison de 100 francs CFA par personne. Ils font savoir également qu’ils paient aussi les droits de place journaliers de 100 F Cfa. Ils estiment en outre que le prix de la location des boutiques à l’intérieur du marché est beaucoup trop élevé pour les petits commerçants. « Il faut débourser mensuellement au moins 30 000 francs CFA pour une boutique à l’intérieur du marché. C’est cher», renseigne un commerçant.

Mercredi, quelques commerçants avaient repris position sur le site. « C’est un éternel recommencement. Mais à chaque fois que ce sera nécessaire, je n’hésiterai pas à redescendre sur le terrain. Il y aura une opération de veille pour que les populations puissent profiter de cette route de plus de 10 mètres de largeur. Il était temps d’assainir », rassure Jean Marie Tchakui Noundie. Mercredi, autour de 10h justement, deux policiers et des agents de la mairie de Douala 1er s’assuraient du respect de la mesure.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne