Le spécialiste des questions frontalières analyse l’impact des barrières douanières dans l’économie du Cameroun
La valorisation du taux des échanges a-t-elle un effet sur la contrebande et la contrefaçon en Relations Interétatiques?
A mon avis, la contrebande ne peut véritablement disparaître. Dans la mesure où la transgression des frontières est un fait historique ancien et profondément ancré dans les m urs. La Douane ne peut que développer des stratégies efficaces pour freiner ce mal qui en fait nuit aux intérêts de tous les pays. Ces accords ne pourront pas empêcher totalement les transgresseurs des frontières d’agir. Cependant, c’est une avancée remarquable dans la lutte contre cette gangrène.
Selon vous, la douane camerounaise doit-elle se focaliser essentiellement aux frontières ?
C’est normal que la Douane s’intéresse avant tout à la frontière. C’est par elle que tout entre au Cameroun. Il est donc impératif que la Douane qui a globalement pour fonction de se rassurer de la qualité des biens qui nous arrivent, soit à la frontière. Il y va de la sécurité globale et de la sécurité financière du pays. Et c’est normal qu’on la retrouve aussi au niveau des aéroports, des ports et de certaines grandes gares ferroviaires, qui sont de même de zones frontalières. Toutefois, sa fonction ne s’arrête pas à ce niveau. On la retrouve sur presque tous les grands axes du pays. Il faut finalement relever que tout le Nord-Cameroun est une grande zone frontière.
La Douane doit-être « facteur, accélérateur et même démultiplicateur de la mondialisation » suivant les propos du Ministre camerounais des Finances. Joue t-elle ce rôle aujourd’hui ?
Je partage cet avis. Contrairement à ce que les gens croient, la Douane et tous les corps participant de la sécurité frontalière sont en fait des instruments de régulation. Ils participent de la sécurisation et de la sécurité des Etats qui sont obligés de coopérer. Dans ce contexte, la Douane contribue à faciliter cette coopération formelle en luttant contre les acteurs illégaux et désordonnés.
Finalement, les frontières divisent-elles ou alors concilient-elles les populations au regard des activités développées autour d’elles?
Par essence, la frontière crée une discontinuité sur un espace a priori continu. C’est un instrument politique de division car, elle détermine les limites de propriété et de souveraineté. Sans elle, l’on ne parlerait pas en termes d’Etats du Cameroun, du Tchad ou du Nigeria. Par conséquent, elle sépare des populations qui sont culturellement proches, à l’instar des Toupouri, Moundang, Peul, Arabe Choa, Kotoko, pour ne citer que ceux-là, qui sont installées de part et d’autre de la ligne. Cependant, Elles ont développé des mécanismes endogènes qui facilitent leurs relations par delà la frontière. D’ailleurs, si vous allez dans nos zones frontalières, vous constaterez que la frontière n’existe guère dans le comportement des habitants. Ils vont et viennent sans se soucier d’elle. Elle n’est même pas visible.