Le secrétaire permanent de Casa-Net dresse le bilan du Davoc 2012, et présente les leçons à tirer de cet évènement
Le Forum Davoc 2012 s’est achevé le 12 octobre dernier, quelles leçons tirez-vous de cette édition?
Avant tout je dois dire la fierté qui a été la nôtre de recevoir la diaspora camerounaise à Genève, de même que les partenaires camerounais et internationaux de cette diaspora, afin de contribuer à faire avancer les choses dans notre pays. Nos attentes par rapport à cette 5ème édition du DAVOC à Genève étaient particulièrement élevées, autant en termes d’organisation qu’en termes de résultats. Je dois dire que nous sommes globalement satisfaits des débats et des Résolutions prises. Concrètement, je tire deux leçons positives de ce Forum DAVOC 2012. D’abord l’effort de clarification consenti par l’Etat camerounais autour de ses attentes vis-à-vis de la diaspora. C’est la première fois que nos autorités prennent le temps d’affiner leurs besoins sectoriels pour une contribution formelle et intelligente de la diaspora. Cet exercice, concentré sur la mise en uvre réussie du DSCE, s’est matérialisé par la production d’un document récapitulant les besoins et les secteurs clés, document mis à la disposition de la diaspora, suite au travail d’une commission interministérielle composée de près de huit départements ministériels. Bien sûr, ce n’est là qu’une première étape dans l’identification du besoin et la mise en cohérence avec l’offre. Mais c’est une étape importante car elle traduit la place importante qu’occupe aujourd’hui la diaspora dans les réflexions économiques au Cameroun. Le Forum DAVOC 2012 aura permis de mettre cela en lumière et c’est une satisfaction. Ensuite, je tire un sentiment très positif de notre Salon des Affaires et des Projets qui permettra désormais la mise en relation des investisseurs de la diaspora avec les opportunités d’affaires au Cameroun. C’est une formule que nous avons expérimenté à Genève et qui s’avère très appréciée par les différents partenaires d’affaires.
Lorsqu’on regarde les résolutions, 6 au total, on retrouve de nouvelles formulations en rapport au DSCE, et rien sur les résolutions passées comme le Fond d’investissement de la Diaspora (CADIDEC) ou encore l’Annuaire des compétences de la Diasporas (CASA-job). Ces deux derniers projets ne sont plus à l’ordre du jour?
Ce n’est pas tout à fait exact. Certes, nous nous déployons vers l’avenir avec un rôle désormais important à jouer par la diaspora camerounaise dans la mise en uvre du DSCE et un rapprochement avec les défis locaux du développement. Mais nos engagements pris lors des précédentes éditions du Forum DAVOC ne sont pas mis de côté. L’Annuaire des compétences de la diaspora a été publié dans une version liminaire destinée à nos partenaires institutionnels lors du Forum DAVOC 2012. Nous finalisons actuellement le modèle économique à appliquer pour rentabiliser l’Annuaire, mais techniquement tout est prêt pour déployer cet instrument. Début 2013, l’Annuaire constituée de centaines de profils de compétences et de profils de projets sera mis à la disposition des autres partenaires, notamment des entreprises et des investisseurs étrangers. S’agissant du Fonds d’investissement de la Diaspora, nous sommes très contents de savoir qu’en Allemagne le CaDiDeC avance vers l’opérationnalisation et que les fonds sont collectés progressivement en attendant la réalisation effective des projets.
Dans les attentes que le Gouvernement formule à l’endroit de la Diaspora pour la réalisation des objectifs contenus dans son document de stratégie pour la croissance et l’emploi, on remarque que l’appui au financement des programmes revient constamment. La diaspora camerounaise a-t-elle aujourd’hui les moyens financiers d’apporter tout au moins une partie des capitaux nécessaires au développement du Cameroun?
L’Etat camerounais a émis plus ou moins clairement ses attentes. Il appartient maintenant à la diaspora de préciser la nature et les orientations de sa contribution multiforme pour la mise en uvre du DSCE mais aussi pour son investissement dans divers projets de développement. Nous voyons d’emblée cette contribution en termes de compétences, de finances et de réseaux. Généralement ces axes de contribution sont intimement liés, car on n’investis pas son argent sans une visibilité sur les ressources humaines et sur les acteurs impliqués. Le fait est que la diaspora a bel et bien la capacité de mobiliser des finances pour soutenir des projets et des programmes de développement. Il peut s’agir de son argent, individuellement ou collectivement, tout comme il peut s’agir de l’argent de ses partenaires. Mais au-delà, il est question pour les camerounais actifs à l’étranger d’avoir une maîtrise transversale et continue des opportunités offertes par la mise en uvre de projets ou de programmes liés au DSCE. Car comme je viens de le dire, il ne s’agit pas uniquement d’investissement financier. Par ailleurs, il faut aussi que ces investissements soient rentables autant pour la diaspora que pour ses partenaires. Cela suppose une organisation saine et transparente des mécanismes de financement et de contrôle sur place. Il faudra certainement faire des arbitrages secteur par secteur, opportunité par opportunité.

Compte tenu des défis auxquels doit encore faire face le CADIDEC pour mobiliser les financements, comment est-ce que vous percevez cet appui au financement ; les transferts directs ou la participation aux emprunts obligataires?
Le Fond d’investissement de la diaspora au Cameroun reste à établir dans son dispositif final. Le CADIDEC, avec son approche de société coopérative, est une des pistes majeures étudiée eu égard, n’est ce pas, du travail important déjà abattu par la diaspora allemande. Toutefois, d’autres pistes sont en étude au sein des autres diasporas et proposent des logiques alternatives reposant notamment sur le financement direct de projets sur emprunts obligataires par exemple. A terme, la mise en place d’une véritable banque de la diaspora camerounaise est envisageable. Il s’agit d’une action inédite au sein de la diaspora, dont cela prend évidemment du temps pour mettre tout le monde d’accord. Je pense qu’il faut être patient et méthodique. Une chose est sûre, la diaspora disposera bientôt de son propre instrument de financement vers le Cameroun.
Un mot sur l’annuaire des compétences de la diaspora dont une mouture a été présentée durant ce Davoc
En effet, une première mouture de l’Annuaire a été transmise à nos partenaires institutionnels pour examen. Il convient de préciser que l’Annuaire des compétences de la diaspora n’est plus envisagé comme un simple regroupement de profils de compétences en quête d’emploi au Cameroun. Il s’agit plus encore d’une base d’experts au service du développement. Le destin de l’Annuaire est donc désormais lié à la mise en uvre du DSCE et même, globalement, à tous les programmes de développement en Afrique pour lesquels une expertise multidimensionnelle de la diaspora peut être utile. C’est en priorité des profils rares et des projets à forte valeur ajoutée qui y seront recensés. Comme je l’ai évoqué, l’Annuaire sera donc mis au service des Etats, des entreprises et des organisations dès début 2013.
Une des résolutions de cette édition du Davoc est la mise en place d’un point focal de CASA NET au Cameroun, quel sera le rôle de ce point focal ?
Le point focal de CASA-NET à Yaoundé sera la première étape de la mise en uvre d’une Agence de Coopération avec la diaspora. Organe privé qui facilitera le retour des finances et des compétences des migrants, en intelligence avec les diverses structures locales. Nous partons de l’idée que la diaspora doit être présente au Cameroun pour une meilleure maîtrise de l’environnement local des affaires. Ce point focal sera animé, entre autres, par d’anciens migrants camerounais.
Avez-vous une idée du thème du Davoc 2013 ? Où aura t-il lieu?
Deux villes sont candidates pour accueillir le prochain Forum. Le processus traditionnel de sélection a été engagé et la prochaine ville hôte devrait et être connue d’ici le mois de décembre 2012. Un des axes importants de réflexion actuellement, duquel devrait se dégager une thématique finale, est le rôle de la diaspora dans l’éducation en Afrique.
