Crée il y’a 8 ans, son mandat arrivait normalement à terme au mois de juin 2009 dernier, les ONG sont préoccupées.
Le Groupe international consultatif (GIC), l’organe indépendant créé pour le suivi environnemental et social du projet du pipeline Tchad-Cameroun, a fini sa mission. Cette situation suscite beaucoup d »inquiétude chez les organisations non gouvernementales. Construit entre 2000 et 2003, cet oléoduc de 1.070 km relie les champs pétrolifères de Doba, dans le sud-ouest du Tchad, au terminal maritime camerounais de Kribi (sud-ouest).
La fin de mission du groupe est le fait de l’arrivée du terme que s’étaient fixé les différentes parties impliquées dans le projet. Il était convenu « avec les différentes parties impliquées dans le projet que notre mandat s’arrêterait en juin 2009 », soit six ans après la mise en service du pipeline, a expliqué à l’AFP Mamadou Lamine Loum, président du GIC qui a publié jeudi dernier à Yaoundé son rapport bilan.
Créé en 2001 par la Banque mondiale, le groupe consultatif était prévu pour être un cadre de protection principalement des préoccupations des ONG. Ainsi en réponse aux griefs du mouvement écologiste mondial, la Banque Mondiale avait proposé un montage institutionnel (institutional design) visant à imposer aux multinationales des règles en matière sociale et environnementale, et à renforcer les capacités des gouvernements du Cameroun et du Tchad afin de leur permettre d’assurer une gestion efficace des opportunités et risques liés au projet.
Le GIC avait ainsi pour mission de conseiller les gouvernements camerounais, tchadien et la Banque elle-même sur l’utilisation des revenus générés par le pipeline. Une mission des plus importantes et délicates, lorsqu’on sait que la redistribution des revenus générés par de tels projets en Afrique reste toujours très opaques. En septembre 2008, cette institution s’était retirée du projet au Tchad pour manifester son opposition à la volonté tchadienne de violer des accords qui prévoyaient l’octroi d’une partie des revenus pétroliers « aux générations futures ».
Le GIC devait également veiller à la réparation des dommages causés à l’environnement par l’ouvrage et au respect des droits des populations. Du coup, de nombreuses ONG sont inquiètes de perdre un interlocuteur objectif et impartial. Sans le GIC, « il va se poser un problème de carence d’informations car il était le seul organe indépendant qui permettait de savoir ce qui se passait réellement sur le terrain. Ses rapports étaient crédibles », a déploré Valéry Nodem, responsable du Réseau de lutte contre la faim (Relufa), regroupant plusieurs ONG camerounaises, et d’après une information rapportée par l’AFP. »Nous risquons d’assister à une baisse d’attention sur le projet car le GIC avait la capacité de porter les préoccupations des populations et des ONG en haut lieu », a-t-il ajouté. Les ONG évoquent aussi les expériences antérieures d’exploitation pétrolière en Afrique, dont aucune n’a jamais été réellement un vecteur de développement, d’où l’importance du rôle que jouait le GIC.
Dans son rapport final qui tient lieu de bilan global, le GIC recommande principalement à la Banque mondiale à veiller au respect du Programme de gestion de l’environnement (PGE) adopté pour faire face aux impacts environnementaux et sociaux du projet. Cette dernière recommandation fait dire à plusieurs observateurs et certains acteurs du projet qu’il serait souhaitable que soit reconduit la mission du GIC. De fait, de nombreuses difficultés qui avaient justifié sa mise sur pied subsistent toujours. Faces aux différentes craintes de dérives, les ONG locales qui sont fortement encadrés par les préoccupations d’ordre public ne possèdent pas les ressources nécessaires pour affronter les problèmes à venir