La mesure prend effet ce vendredi 29 juillet 2010
Le Comité de politique monétaire de la Banque des états d’Afrique centrale (BEAC) était réuni la semaine dernière à Douala, la capitale économique camerounaise. Il l’issue de cette rencontre, le gouverneur de la BEAC et président statutaire du CPM, Lucas Abaga Nchama a annoncé la baisse de 25 points de base du taux directeur de la banque centrale, 25 points de base des taux d’intérêt sur placements des banques, la baisse des taux d’intérêt sur placements publics de 20 points de base pour le mécanisme de stabilisation de recettes budgétaires et de 25 points de base pour les dépôts spéciaux. Une mesure qui se justifie par la fragilité de la reprise économique, l’atténuation des tensions inflationnistes et la nécessité d’inciter au recyclage des excédents de liquidités dans l’économie réelle. Baisser le taux directeur revient à baisser le coût de l’argent. C’est ce qui se passe lorsque les économies sont en crise, a expliqué le président du CPM, au cours de la conférence de presse d’après rencontre. Les banques sont certes sur liquides, mais elles ne financement pas suffisamment l’activité. Le coût du crédit est élevé a-t-il ajouté. Dans les milieux bancaires, on affirme que les banques auront du mal à suivre. La raison est simple, les banques pour prêter, ont souvent recours aux dépôts rémunérés, dont on ne peut changer les taux de rémunération aussi facilement, le cas par exemple des dépôts à termes qui sont souvent rémunérés intégralement à la constitution. «Nous sommes dans des économies de marché. Nous n’avons pas pour rôle de cogner sur les banques, nous leur laissons le soin de fonctionner librement, mais elles se doivent d’appliquer toutes les résolutions du Comité de politique monétaire», a souligné le gouverneur de la BEAC.
Dans le communiqué final rendu à l’issue de cette réunion du 23 juillet, il est relevé avec satisfaction le redressement, bien que fragile, de la croissance économique, à 4,1% en 2010 contre 2,1% en 2009. Une amélioration en relation avec le retour de la croissance mondiale, la hausse de la production pétrolière et du gaz, le lancement d’importants projets d’extraction minière et l’intensification des travaux de construction des infrastructures publiques dans les pays membres. Le CPM a aussi fait part du recul de l’inflation de 4,3% en 2009 à 3,6% en 2010. L’incitation de l’économie n’est donc pas la raison appropriée pour justifier cette baisse des taux directeurs, à moins que la BEAC n’aie pas dit la vérité sur l’Etat de l’économie de la sous-région. En 2008, alors que la crise financière internationale s’annonçait, une baisse des taux d’intérêt du même ordre n’avait pas empêché à la sous-région de subir les effets de la crise, avec ce taux de croissance descendu à 2,1% en 2009. Baisser les taux directeurs alors que la croissance revient et a même doublé selon le CPM, pousse à s’interroger. Au mois de mars 2010, le fonds monétaire international avait émis des doutes sur les prévisions de croissances annoncées dans le communiqué final du comité politique et monétaire de la BEAC, durant cette période. Le FMI se basait sur les données actualisées de sa revue, le World Economic Outlook (Weo). Du reste, ceux qui risquent d’être la victime de ce flou dans l’information sont les épargnants. Normalement la baisse des taux directeurs de la banque centrale et leur application par les banques commerciales devraient impliquer une baisse de la rémunération de l’épargne, autant qu’une baisse de prix sur certains autres produits bancaires.
Une situation qui serait un double tranchant pour les consommateurs. Les parents d’élèves par exemple pourront récupérer l’argent perdu sur la rémunération de leur épargne sur la baisse du coût du crédit scolaire. Mais certains experts ne sont pas si sûrs. «Les choses sur le plan de la réalité ne se présentent pas toujours aussi clairement», nous a confié un employé de banque. Certaines analyses laissent aussi envisager que la baisse par la BEAC de ses taux directeurs, permettra à la puissance économique de la CEMAC, le Cameroun, de finaliser son opération d’emprunt obligataire. Selon certaines sources, loin d’être profitable aux petits investissements, la baisse des taux directeurs aurait rendu l’emprunt de l’Etat Camerounais qui pèse quand même 200 milliards de FCFA, trop lourd. Une situation qui selon certains aurait été de nature à avoir une mauvaise influence sur la réalisation des grands projets du Cameroun. Selon d’autres sources, la véritable explication résiderait dans la volonté de la BEAC, de servir de principal support de financement pour les États de la sous-région, au regard des difficultés rencontrées avec le FMI. Pourtant, cette baisse des taux directeurs pourrait avoir une conséquence très dangereuse pour la reprise en Afrique centrale. Lorsque l’argent coûte moins cher comme l’a dit le gouverneur de la BEAC,cela améliore les comptes d’exploitation des entreprises. Mais à l’inverse elle pourrait aussi rendre les opérations d’importation plus chères. Car la baisse des taux directeurs peut dans certains cas, opérer comme une dévaluation masquée dans une hypothèse de retour d’une l’inflation (augmentation des prix), qui n’épargnerait pas l’achat des devises, intervenant dans l’acquisition des biens et des services en dehors de la zone CFA.

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