le contexte de crise impose une amélioration de la demande publique et de stimulation de l’offre de production
Le rapport sur la situation des finances publiques camerounaises bien que rendu en fin d’année 2008, est plus que jamais à prendre en compte, selon certains analystes de la vie économique au Cameroun. Il est communément admis aujourd’hui que l’équilibre atteint par les finances publiques dans le pays présente l’avantage de garantir la solvabilité financière de l’Etat. Toutefois, une dette intérieure considérable continue encore d’exercer des effets néfastes directs sur l’espace budgétaire (mobilisation des ressources, efficacité de la dépense publique). L’équilibre des finances publiques réalisé ces dernières années est défavorable à la croissance et à la réduction de la pauvreté. A l’évidence, le principal goulot d’étranglement provient moins d’un manque de ressources publiques (ressources publiques ou ressources de financement mobilisées par l’Etat) que de la faible efficacité de la dépense publique.
Divers obstacles, notamment institutionnels (défaillances dans la gouvernance) font que L’efficacité de la dépense publique est particulièrement faible. Les ressources mobilisées par l’Etat donnent lieu à une production de biens publics largement inférieure à celle qui pourrait être réalisée. Cette situation, qui n’est pas nouvelle, explique en grande partie le retard pris par le Cameroun en matière d’infrastructures collectives, d’éducation, de santé, etc. Elle explique aussi un environnement des affaires très peu attractif pour les investisseurs alors que ce pays bénéficie d’une situation géographique qui en fait un carrefour, avec une ouverture maritime, des ressources naturelles intéressantes, et un effectif relativement important de main d’ uvre qualifiée. Une politique adéquate de dépense publique efficace visant à favoriser l’activité productive, notamment celle des biens non échangeables, pourrait réduire les obstacles actuels qui expliquent la faible capacité d’absorption actuelle du Cameroun. Une telle orientation donnerait alors son sens à une mobilisation renforcé des ressources, qu’il s’agisse des ressources budgétaires ou des ressources de financement. En levant le goulot d’étranglement de la faible efficacité de la dépense publique, on obtiendrait alors un élargissement de l’espace budgétaire.
Les ressources publiques du Cameroun ont toujours été caractérisées par une dépendance croissante depuis le début des années 2000 vis-à-vis des recettes pétrolières. Il en a résulte une forte instabilité et une vulnérabilité élevée des recettes publiques vis-à-vis des fluctuations exogènes des cours internationaux du pétrole. Une analyse faisant appel à des évaluations de taux de pression fiscale effectif sur la base de comparaison internationale, à des évaluations spécifiques pour les principaux impôts est confirmée par une analyse effectuée en faisant appel au concept d’effort fiscal: dans le cas du Cameroun, il est possible et souhaitable d’augmenter le niveau des ressources publiques sous réserve d’une progression de la composante « amélioration de l’efficacité de la dépense publique » de l’espace budgétaire. Un effort particulier est à engager pour accroître le niveau de recettes publiques non pétrolières afin de réduire la dépendance des ressources publiques globales vis-à-vis de recettes instables et non pérennes à long terme. Des réformes de législation ont déjà été engagées mais demeurent la difficulté majeure d’un système d’exonérations largement discrétionnaires. Des progrès supplémentaires dans l’administration de l’impôt aussi bien en douane qu’au niveau de l’administration fiscale sont indispensables pour parvenir à la mobilisation d’un montant de ressources publiques en rapport avec la stratégie de réduction de la pauvreté.
Les ressources de seigneuriage sont limitées et, en raison de leur effet sur l’inflation au-delà d’un seuil optimum, n’ont pas vocation à être développées dans le cadre d’une politique de préservation de la compétitivité et des principaux équilibres macroéconomiques. Compte tenu de la surliquidité actuelle du système bancaire, il serait possible de mobiliser des ressources de financement interne, notamment à travers l’émission de bons du Trésor (actuellement envisagée) sans que cette mobilisation de ressources au profit de l’Etat soit à l’origine d’un effet d’éviction. L’analyse a montré que des fonds importants disponibles auprès des bailleurs n’étaient pas mobilisés essentiellement en raison de difficultés de capacité d’absorption. A cet égard, des mesures pour améliorer la gouvernance seraient utiles. Le premier et principal effort du Cameroun en matière d’espace budgétaire doit porter sur l’amélioration de l’efficacité de la dépense publique. Un effort tout particulier doit être apporté à une amélioration de l’ensemble de la chaîne de la dépense publique. Sans une amélioration substantielle de l’efficacité de la dépense il serait illusoire d’augmenter son niveau global ce qui implique, hors mobilisation de dons supplémentaires, d’augmenter les recettes ou d’accroître l’endettement.