La grève qu’a connue l’école était l’aboutissement des mois de fustrations
Désormais il n’y a pas que le scandale de la BEAC qui préoccupe les Chefs d’Etats des pays de la Cemac. Le mouvement d’humeur qui a commencé le mercredi 23 septembre 2009 est venu remettre au goût du jour un malaise vieux de plusieurs mois. L’institution sous-régionale, dont les élèves viennent de franchir une étape en entamant la grève, semble avoir mal. Dans ce cas précis, il s’agissait non pas d’un dysfonctionnement quelconque au niveau de la haute hiérarchie, mais d’une gestion administrative taxée par les élèves de militaire et d’arbitraire. Les élèves de l’Ecole d’Hôtellerie et de Tourisme au cours de leur contestation n’ont cessé de marteler sur l’amélioration de leurs conditions. Mais de quelles conditions est-il exactement question ?
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Le délégué des étudiants, le tchadien Horyo Ndilitaham Frédéric |
Un constat que les élèves appuient d’exemples concrets, comme c’est le cas pour les logements. A ce propos, les travaux de construction d’un bloc de deux étages avaient été entamés par l’ancien Directeur général, pour servir d’internat. A la rentrée, les élèves ont été logés à la va-vite au premier étage, en attendant que celles du haut, plus confortables ne soient achevées. Sauf que les chambres allouées aux élèves ne disposent pas de lumière, encore moins de nacots aux fenêtres. Beaucoup sont contraints de faire avec les moyens de bords, alors que d’autres préfèrent tout simplement vivre hors du campus. Pour palier ces problèmes, le Dg qui n’a pas fait de visite des locaux, a indiqué amputer de l’argent des pécules des élèves pour réhabiliter l’internat. Alors que le bâtiment fait l’objet d’inondation régulière, rien n’a été fait à ce jour pour régulariser la situation.
Autre gêne, celui de la couverture médicale. Malgré que ces frais médicaux soient défalqués des caisses de la Cemac, le Dg demande tout simplement aux élèves de na pas tomber malade. Des affirmations confirmées par d’autres élèves qui sont conscients de ce que leur infirmerie n’a rien de tel, notamment pour ce qui est des médicaments de première nécessité. La situation est quasi identique pour les pécules dont devraient bénéficier les élèves tout au long de l’année. Aujourd’hui, ceux-ci ne reçoivent leur « argent de poche » que dix mois sur douze.
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Kitsara Alain, étudiant de nationalité congolaise |
En plus des questions liées à la restauration, même les élèves dénotent des leçons non complétées par les séminaires, les conférences, mais surtout, remarquent-ils, une maigreur des frais alloués aux stages en entreprise et la non prise en charge des cas d’accident.
Ce que les étudiants ne comprennent toujours pas, et qui fait aujourd’hui l’objet de ce mouvement de contestation, c’est que l’école fonctionne avec un budget de plus d’un milliard de Fcfa, pendant qu’ils vivent dans des conditions problématiques. Comment ne pas pouvoir gérer 80 élèves avec un budget aussi respectable? Toujours est-il que des indiscrétions glanées par le reporter, les enseignants de l’EHT-Cemac toucheraient dans les 2.000.000 Fcfa chacun tous les fins de mois. Tout cela était assez suffisant pour une montée d’adrénaline chez les Elèves. Ce qui ne s’est pas fait attendre.
Quant on sait comment ces élèves se sont pliés par quatre pour bénéficier d’une formation de haut niveau, il y a de quoi se demander où va la Cemac. Pour rappel, les concours annuels de l’entrée à la Cemac se déroulent simultanément dans les six Etats concernés. A l’issue, seuls une douzaine de candidats sont retenus par pays, avec une moyenne de 12/20 au moins pour chacun. Les candidats retenus bénéficient ainsi d’une formation entièrement sponsorisée par les caisses de la Cemac. Eux qui faisaient encore confiance aux édits de la conférence des chefs d’Etats de la CEMAC tenue à Bangui le 3 mars 2007, et qui à l’occasion ont vu naître des cendres de l’ENHAT l’actuelle institution à caractère sous-régionale. Au vu des derniers évènements, c’est à se demander ce qu’il en est vraiment. En fait, au-delà d’une simple école, c’est bien là la preuve de la déchéance de tout un système sous-régional, celui de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale.