Election en Russie: Sur le chemin du camerounais Marcel Tafen Wandji

Joaquim Crima est candidat aux élections municipales à Srednaïa Akhtouba. 9 ans plus tôt, c'était un camerounais! Des élections hautes…

Joaquim Crima est candidat aux élections municipales à Srednaïa Akhtouba. 9 ans plus tôt, c’était un camerounais!

Des élections hautes en couleurs…
Srednaïa Akhtouba, petite localité de 13.000 habitants dans la région de Volgograd en Russie, fait l’objet de toute l’attention de la presse fédérale. La ville est connue pour abriter les luxueuses villas de l’élite politique et industrielle régionale. Mais aujourd’hui elle fait surtout parler d’elle à l’occasion des prochaines élections municipales: l’un des candidats a la particularité d’être originaire de Guinée-Bissau en Afrique. Joaquim Crima, est russe depuis plus de 15 ans, marié à une femme russe, il est un entrepreneur local et exerce dans la culture de pastèques. Membre de Russie unie, le parti du Premier ministre Vladimir Poutine, Crima concoure de façon indépendante.

Joachim Crima, l’Obama russe ?
Il se présentait aux municipales et au poste de député local. Il est aujourd’hui connu sous les surnoms de l’Obama de Volgograd ou de Vassili Ivanovitch en référence à Tchapaïevka, un héros de la Guerre civile devenu la coqueluche des blagues absurdes russes. Lui-même n’hésite pas à faire de l’humour pour alimenter sa campagne électorale. Ainsi, sur des affiches géantes aux abords de la ville, on pouvait lire sous son portrait Je vais trimer comme un noir pour y arriver!(traduit du Russe), équivalent du fameux «Yes I can!». Les médias russes se sont du coup passionnés pour cette campagne peu courante. Qu’un noir aussi bien intégré et charismatique soit élu, c’eut été une première dans un pays connu pour la violence de ses groupuscules néo-nazis contre les étrangers, qu’ils soient stigmatisés pour leur peau (Noirs, Asiatiques) ou leur visage non slave (Caucasiens). De récentes enquêtes démontrent que le racisme en Russie est plus profondément ancré que le simple néonazisme. La majorité des quelques 10 000 noirs vivant dans ce pays se disent menacés en permanence.

Joachim Crima, affiche de campagne
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Comme le Camerounais Marcel Wandji neuf ans plus tôt
Pour exceptionnel qu’elle soit, cette candidature n’est pas une première en Russie. Il y a neuf ans, Marcel TAFEN Wandji, étudiant camerounais ayant obtenu la citoyenneté russe s’est porté candidat au scrutin municipal du 29 octobre dans sa ville de Tver, une localité de 450 000 habitants, au nord-est de Moscou. Le journal les Izvestia voyaient en ce candidat atypique un symbole de la démocratie en Russie. En ce moment là on rêvait déjà que Tver puisse rejoindre Washington ou Philadelphie aux Etats-Unis, dans le club des villes du Nord ayant eu un maire noir. Selon des informations obtenues dans les archives du Saint Petersburg Times, le camerounais alors étudiant en médecine, s’était intégré et fait connaître en animant des émissions comiques dans une télévision locale. En ce moment le slogan Obama n’existait pas. Mais tout comme Joachim Crima, c’est par l’humour qu’il avait alimenté sa campagne. Dans son slogan à lui, il disait : Hé je suis une barre de Snickers (Célèbre marque de chocolat), t’as intérêt à me manger. L’histoire retient qu’il n’as pas été élu. Mais il a brisé quelques tabous, et donné un visage différent des noirs aux yeux des russes.

De l’espoir en vue
Joachim Crima a connu le même sort. Il est sortie troisième derrière des candidats à la peau blanche. Toutefois, la journaliste Anna Stepnova, citée par The Huffington Post, explique que la candidature de Joaquim Crima relève d’une stratégie classique en Russie de captation des votes contestataires. Sans avoir de véritable chance d’être élu, Crima serait, par sa candidature opportune, assuré d’obtenir un siège au conseil de district en 2011. C’est pourquoi il se dit encouragé. Je veux participer de nouveau aux prochaines élections, a-t-il confié. Ces élections très locales, du simple fait de leur caractère «multiethnique», ont attiré les médias du monde. Srednaïa Akhtouba est ainsi devenue malgré elle la vitrine de la tolérance et de la probité d’une Russie assez critiquée pour ses manquements et sa xénophobie.

Affiche de campagne dans la rue
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