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Emmanuel Pondi: Faire de Mandela ce que les Asiatiques ont fait de Confucius

Dans son dernier livre, l’universitaire camerounais suggère que le héros sud-africain puisse être érigé en mythe et sa «méthode» enseignée

Le 18 juillet 2014 a été célébrée la «Journée internationale Nelson Mandela», journée instituée en 2009 par l’Assemblée générale des Nations-Unies pour inciter chaque personne à consacrer 67 minutes de son temps pour aider les autres. La célébration de cette journée cette année avait une symbolique toute particulière, elle intervenait sans son héros, décédé le 5 décembre 2013. Le timing était excellent pour le Pr. Jean Emanuel Pondi de publier son livre sur le premier président Noir de l’Afrique du Sud de l’ère démocratique sous le titre: «Nelson Mandela, un exemple pour l’humanité». Ceci pour associer sa voix aux échos sur l’ uvre de Madiba, le père de la Nation Arc-en-ciel, à l’occasion de la journée internationale éponyme. «C’est le seul être à avoir une journée de l’ONU qui lui soit dédiée», s’émerveille le Pr. Pondi.

Le chef du département de Politique internationale présente dès l’introduction l’objet de son ouvrage de 146 pages sur un homme dont les valeurs auront été saluées, somme toute, de l’hémisphère nord à l’hémisphère sud. «A titre fondamental, le présent ouvrage aura atteint son objectif si le lecteur que vous êtes, pouvait retenir qu’il y eût un homme, Nelson Mandela, qui démontrât dans l’exercice de son mandat politique, sur un continent, l’Afrique, qu’il était possible de faire rimer vie publique, comportement vertueux, culture du pardon et cohésion nationale», relève l’internationaliste par ailleurs actuel secrétaire général de l’université de Yaoundé I.

L’histoire à grands traits
Pour parvenir à son objectif, Jean-Emmanuel Pondi entreprend de présenter la vie, l’ uvre et l’héritage de Nelson Mandela en des grands traits répartis sur cinq chapitres. Dans le premier, intitulé «Aperçu historique de l’Afrique du Sud sous le régime apartheid», l’auteur revient, entre autres, sur la mise en place des premières lois de l’Apartheid en 1911 ; les grands architectes de ce système à l’instar de Hendrick Verwoerd qui devint Premier ministre en 1958 après avoir été ministre des Affaires étrangères pendant 7 ans ; la création des bantoustans en 1959. C’est après avoir présenté ce contexte qu’il met en exergue «Le combat héroïque de Nelson Mandela et ses compagnons» (chapitre 2). Oliver Tambo, Govan Mbeki, Walter Sisulu, Nomzano Winfreda Madikizela-Mandela (Winnie) sont cités sur le parcours de Mandela, ce Thembu né le 18 juillet 1918 à Mvezo qui créera la branche armée de l’ANC en juin 1961 avant d’écoper d’une prison à vie avec quelques camarades le 12 juin 1964 à l’issue du célèbre «Procès de Rivonia».

Les 27 années passées en prison (18 à Robben Island ; 6 à la prison de haute sécurité de Pollsmoor ; 3 à la prison Victor Verster) auront été édifiantes pour le leader de l’ANC. «Du prisonnier au héros. De l’utilisation judicieuse de l’arme du pardon et de la réconciliation en politique», écrit Emmanuel Pondi au chapitre trois qui revient sur la libération de Mandela le 11 février 1990 ; l’accession de ce dernier à la présidence sud-africaine en mai 1994, la promulgation, sous sa présidence, de la constitution non-raciale de ce pays en 1996.

Célèbre après sa sortie de prison, Mandela le deviendra davantage après un unique mandat passé à la tête de la présidence de l’Afrique du Sud. A sa mort en 2013, on apprend ainsi qu’il aurait reçu tout le long de sa vie plus de 250 prix et récompenses. En outre, près de 500 ouvrages auraient été consacrés à sa personne qui a connu des «hommages et une reconnaissance planétaire», précise Le Pr. Pondi au chapitre 4.

C’est Desmond Tutu, l’ancien archevêque du Cap qui présente le mieux l’homme dans un article paru dans le journal sud-africain Mail and Guardian le 7 décembre 1993, cité par Emmanuel Pondi: «Madiba vivait ce qu’il prêchait.N’avait-il pas convié ses geôliers comme invités d’honneur à son installation comme Président ? N’avait-il pas déjeuné avec Percy Yutar, l’épouse du Procureur de Rivonia qui l’avait condamné à perpétuité en 1964 ? Ne s’envola-t-il pas pour Oraria, le tout dernier ranch afrikaner pour boire une tasse de thé avec madame Betsy Verwoerd, la veuve du grand architecte de la politique de l’Apartheid ? Madiba a été un extraordinaire cadeau pour nous et le monde entier. Il croyait fermement qu’un leader devait se mettre au service de ceux qu’il dirige et ne pas utiliser son statut pour le renforcement de sa propre gloire».


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Confucius
Les voix dissidentes sur le bilan du fondateur de la Nation Arc-en-ciel (chapitre 5), notamment dans le domaine économique et la lutte contre le VIH-SIDA, ne peuvent faire taire l’héritage de Mandela. Lequel héritage, Pondi s’attèle à présenter au chapitre 6. L’internationaliste en recense principalement trois: «L’héritage de Madiba à l’Afrique du Sud: la fusion des anciennes victimes et de leurs oppresseurs»] ; i «Le legs de Nelson Mandela à son continent: S’ancrer dans sa culture pour aller à la conquête du monde» ; «L’héritage de Nelson Mandela au monde: la démonstration du triomphe de la vertu dans la sphère publique».

Le nouvel ouvrage du Pr. Jean-Emmanuel Pondi n’apporte pas de grande nouveauté pour quiconque s’est intéressé de peu à Nelson Mandela, mais dense pour ceux qui le découvrent. Le premier président noir de l’Afrique du Sud démocratique a laissé au monde deux excellents livres autobiographiques qui ont nourri et continuent de nourrir de nombreux écrits sur sa personne. Toutefois, le livre du Pr. Pondi sonnerait comme un ouvrage de plus si l’on omettait de prendre en compte la conjugaison qu’il fait de divers discours pour brosser un idéal type qui devrait être pris en exemple en Afrique.

Ce sont également les propositions – surprenantes – qu’il fait à la conclusion qui donnent force à ce texte. Pour le chef du département de Politique internationale de l’université de Yaoundé I, «L’Afrique a besoin d’un ciment unificateur, d’un repère convergent qui soit son hymne à la gloire de sa diversité». L’universitaire propose à cet égard que l’Union africaine puisse solliciter à chacun de ses Etats l’introduction d’enseignements sur l’ uvre de Nelson Mandela. Et même des «chaires sous régionales» pour cristalliser en Mandela la norme de référence en termes de valeurs morales et de références dans la vie comme les Asiatiques l’ont fait avec Confucius, ce philosophe et moraliste chinois qui vécut de 541 à 479 avant Jésus-Christ.

«Nelson Mandela, un exemple pour l’humanité» est le troisième livre du Pr. Emmanuel Pondi qui s’intéresse au profil des personnalités après Barack Obama en 2009 et Mouamar Khadafi en 2012. Il a été édité par Afric-Eveil et est en vente, en français et en anglais, à 7 Euros sous format électronique sur des sites comme Amazon et peut être acquis à 2800 F CFA en version physique dans les librairies. Un prix à la portée du grand nombre pour partager et discuter l’héritage de Madiba.

Le Pr. Jean-Emmanuel Pondi (g) le 15 juillet 2014 à Yaoundé lors de la présentation de son ouvrage sur Nelson Mandela
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