Impulsé par la déclaration de Paris, le DSCE devra prendre en compte un ensemble de données propres à la réalité locale
Renforcer l’unité nationale
Le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi en cours de finalisation au Cameroun diffère du DSRP sur au moins un point. Le Cameroun cette fois devrait pouvoir exercer une maitrise effective de ses politiques et stratégies de développement. Face à cette nouvelle latitude, il y aura plusieurs défis à relever.
Consolider le processus démocratique et renforcer l’unité nationale
On retrouve au Cameroun plusieurs ethnies et autant de langues, sur lesquelles se superposent d’autres facteurs de divergence (religion, politique, groupement, etc.). L’ambition d’un Etat – Nation sur un tel ensemble est en permanence bloquée par ces considérations identitaires. Malgré les progrès réalisés en la matière, la consolidation des acquis d’intégration nationale, de paix, de justice, de cohésion sociale et de démocratisation reste un défi. La consolidation du processus démocratique sur le plan politique par exemple, pose l’enjeu de l’existence d’un Etat de droit, de la promotion et du respect des libertés individuelles et collectives, de la séparation des pouvoirs, de l’émergence d’une société civile écoutée et responsable et de la participation de tous les acteurs de la société à la gestion du pays.
Rendre la croissance plus effective
Le deuxième enjeu est celui de la croissance économique et de l’emploi. Le Cameroun a connu une légère embellie suite à l’atteinte du point d’achèvement PPTE et aussi de la relance des matières premières les deux années qui ont suivi. Mais la croissance reste fragile tant dans sa dynamique que dans ses effets attendus sur l’amélioration des conditions de vie. Son analyse a montré qu’elle repose à plus de 50%, sur les Ménages et les Entreprises Individuelles, secteur regroupant en majorité des unités exerçant dans l’informel (agriculture et commerce notamment), et dont les capacités à booster les performances ne peuvent garantir une croissance soutenue. Le pays est confronté à la difficulté à se doter d’un secteur industriel compétitif. La raison, une mauvaise insertion dans l’économie mondiale et la faiblesse des capacités opérationnelles au niveau national. A ce problème s’ajoute celui de la répartition de la richesse créée ; la part rémunérant le capital reste toujours plus importante que les revenus salariaux et autres cotisations sociales.
Contrôler le facteur socio démocraphique
Le document prévoit aussi de gérer un certain nombre de problèmes socio démographiques. Le Cameroun est constitué d’une population en majorité jeune. Une situation qui accentue le poids de la population à charge (jeunes et vieux). La forte proportion des jeunes accroît les besoins en infrastructures et services sociaux, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Elle génère une importante main d’ uvre que le système économique ne peut actuellement contenir et qui de ce fait, est contrainte de se recycler dans des activités informelles, mal rémunérées et sans adéquation avec leur formation. Le défi sera de faire de la population du Cameroun un facteur moteur de son développement à travers une croissance démographique maîtrisée, la formation du capital humain et l’allongement de l’espérance de vie. Une tâche bien délicate.
Maîtriser l’urbanisation et consolider la gouvernance
Le quatrième enjeu est celui du développement urbain et de l’aménagement du territoire. Des études démontrent qu’au rythme actuel d’urbanisation, plus de 75% de la population camerounaise vivra dans les villes d’ici 25-30 ans. Les problèmes qu’engendrent une urbanisation accélérée et mal maîtrisée, déjà effectives à Douala et Yaoundé pourraient s’amplifier si aucune action n’est engagée. Le document ambitionne d’anticiper le développement indispensable des villes, grands centres de consommation et réserves de facteurs nécessaires à tout essor industriel.
Le dernier défi est celui de la gouvernance. Il renvoie à une utilisation efficiente et efficace du potentiel et des ressources humaines, matérielles et financières dont dispose le pays pour son développement. Ce défi conditionne la bonne intégration du Cameroun dans l’économie mondiale.