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Enlèvement des français: L’opinion partagée au Cameroun

Passé le moment d'émotion, les informations sur l'enlèvement des touristes français au Cameroun donnent lieu à des interprétations diverses L'enlèvement…

Passé le moment d’émotion, les informations sur l’enlèvement des touristes français au Cameroun donnent lieu à des interprétations diverses

L’enlèvement dans l’extrême nord du Cameroun de 7 touristes français dont quatre enfants anime les discussions au sein de l’opinion publique dans le pays, autant que dans les chaumières et dans la rue. Plus que le drame vécu par les victimes, ce sont les enjeux autour de l’évènement qui sont au c ur de débats. Un point de discussion est la réaction de la France. Son président a laissé filtré que le Cameroun n’était plus sûr. De l’avis de certains leaders d’opinion, cela emmène à se demander si le rapt n’est pas un prétexte. « Il y a une chose, la cacophonie qui a régné sur le fait si oui ou non on les avait retrouvés est un indicateur. Les retrouver tôt aurait été la preuve que l’enlèvement a été organisé, peut-être qui sait, pour justifier l’entrée sur le sol camerounais de militaires français comme c’est le cas aujourd’hui et profiter en disant que le Cameroun n’est plus sûr », a fait savoir Cabral Libie, un journaliste bien connu des chaînes de télévision au Cameroun, lors d’un débat télévisé. Le journaliste a aussi fait remarquer que pour une raison ou une autre, des gens pourraient chercher à déstabiliser le Cameroun. « Souvenez-vous que le Cameroun ne vit pas ses premiers enlèvements d’otages. Il y a eu pendant un certain temps les attaques de pirates et aujourd’hui ce sont des otages à l’extrême nord, tout cela me semble bien louche », a-t-il poursuivi. Des arguments qui s’appuient sur la « froideur présumée » avec laquelle le président aurait reçu son homologue camerounais lors de son dernier passage en France, mais aussi le soutien apporté à Thierry Michel Atangana, détenu dans les prison camerounaises et pour lequel il existe aujourd’hui une preuve du soutien du gouvernement français.

Intervenant sur le sujet, le professeur Eric Mathias Owona Nguini s’est voulu plus distant de cette position. Pour lui on ne peut parler d’un enlèvement déguisé, car compte tenu de la proximité avec la frontière, la secte Boko Haram fortement soupçonnée ici pourrait être à l’origine du rapt pour des raisons financières. « N’oubliez pas que le Boko Haram a été fondé par un camerounais, même s’il a immigré vers le Nigéria. Je ne serai pas surpris, que la déstabilisation vienne de là. Vous vous souviendrez que le Cameroun ne leur a pas facilité la tâche lorsqu’ils étaient récemment traqués au Nigéria ». Une raison que ne partage pas tout le monde. « Le Boko Haram n’a pas besoin d’enlever des gens pour se financier et en plus quoi qu’on dise ce n’est pas un mouvement camerounais », expliquent certains autres. Dans certaines conversations, on peut entendre se poser la question de savoir comment et pourquoi ce touriste français s’est aventuré dans une zone dangereuse avec des enfants. D’autres s’interrogent sur la qualité de la victime. Employé de GDF Suez, on n’hésite pas à penser qu’il était au nord du Cameroun pour bien plus qu’un voyage de visite aux éléphants et aux girafes. Pour sa part, le gouvernement pas la voix de son ministre de la Communication a fait savoir que l’affaire préoccupe au plus haut, et que le Cameroun était un havre de paix. Une réaction qui donné un regain d’intérêt aux médias publics.

Passé le moment d’émotion, les informations sur l’enlèvement des touristes français au Cameroun donnent lieu à des interprétations diverses