Le comité technique en charge de la gestion intégrée des ressources forestières et minières s’est prononcé pour une suspension des permis chevauchant les aires protégées
A l’issue de ses travaux le 23 avril dernier, le comité technique de suivi des recommandations du forum (CTSF) sur la gestion intégrée des ressources forestières et minières qui examinait la question des chevauchements entre permis miniers et aires protégées a suggéré des propositions qui inquiètent les opérateurs du secteur. Le comité qui est constitué de parlementaires, des représentants des bailleurs de fonds et de la société civile, a proposé entre autre solutions au problème que « Les permis miniers chevauchant les aires protégées fassent l’objet d’un redécoupage, afin de préserver l’intégrité des aires protégées, dans le respect de la loi. » Parmi les autres résolutions du comité, il est question que «les nouvelles attributions de permis dans les zones des aires protégées soient suspendues, jusqu’à ce qu’un mécanisme de consultation soit mis en place avec les autres ministères chargés de la gestion des ressources naturelles, afin de s’assurer du respect des lois sectorielles.» Si la proposition de ce groupe de travail est retenue, ce serait au total 28 permis miniers et pétroliers qui seraient concernés. Le comité a tenu cependant à préciser que pour les permis déjà donnés, « les compagnies recevront, quand cela sera possible, des espaces en compensation ». Des représentants de Camiron, la filiale camerounaise de l’entreprise Sundance Ressources, attributaire d’une licence d’exploration de fer dans la localité de Mbalam à la frontière avec le Congo ont fait part de leurs inquiétudes. « Si des investisseurs sont au courant de telles orientations, cela risque d’être dur de les convaincre d’apporter leurs capitaux. Il faudrait donc trouver une solution rapide à cette situation », a expliqué Arend Van Der Goes, un des responsables de la firme lors des travaux.
Le responsable a de quoi s’inquiéter. Depuis la disparition tragique de son staff dirigeant à la suite d’un crash d’avion, Sundance Ressources peine à trouver des investisseurs pour l’accompagner dans le projet d’investissement chiffré à 4 000 milliards de FCFA. L’entreprise a signé un mémorandum d’entente avec les Chinois de Hanlong, mais ces derniers ont fixé un cahier de charge rigide. Camiron devrait avoir un permis avant le mois de mai 2012. Une tâche désormais délicate, avec la fin de la session parlementaire de mars et complexe si des risques de considérations environnementales viennent s’ajouter. Autre partenaire à l’exploration qui s’est prononcé sur la question, CAMINEX, la filiale du groupe Affero Minning, titulaire d’un titre d’exploration à Djoum dans le sud du pays. « Pour ce qui est du fer par exemple, lorsqu’on tombe sur une zone à forte densité d’exploitation, il est difficile de la compenser par une autre, donc du coup les responsables devront faire des arbitrages importants, entre le besoin de se développer ou de protéger la nature », a expliqué Serges Tekem de CAMINEX. La société civile elle, se veut conciliante. « Le but n’est pas de porter préjudice à l’exploitation des richesses du sous-sol ou de la forêt. Il est question ici d’attirer surtout l’attention des décideurs sur le fait qu’un projet minier aussi lucratif qu’il soit ne doit pas occulter le fait qu’il a des revers sur le long terme, qu’il faut pouvoir identifier et encadrer. Sinon après cela devient difficile surtout dans un contexte actuel où on a du mal à mettre en place la responsabilité sociale des entreprises » a expliqué Brendan Schwartz du réseau de lutte contre la faim (RELUFA). D’ici à ce que les réflexions du groupe deviennent des mesures opérationnelles, il risque de s’écouler du temps. Et pendant ce temps, de nombreux sites d’exploration seraient devenus des sites d’exploitation. Risque alors de s’ouvrir un conflit de règle difficile à arbitrer.

Esso-Tchad)/n