Une étude réalisée à partir des données de 2011 montre que ce pays est le premier fournisseur du Cameroun, avec presqu’un quart de la totalité des importations
Volume des importations
Le bureau local de la Banque Mondiale vient de divulguer la dernière livraison de sa revue périodique appelée «Cahiers économiques du Cameroun ». Intitulé « S’ouvrir sur le monde – spécial facilitation au commerce ». Ce 4e numéro passe en revue les défis et les opportunités au regard de la facilitation au commerce au Cameroun. L’une des informations majeures concerne les importations en provenance du Nigeria, voisin et par ailleurs plus grand marché du continent africain avec une population de près de 170 millions d’habitants. L’étude révèle ainsi que le Nigeria est devenu le principal fournisseur du Cameroun. Le pays a réalisé auprès du Cameroun presque un quart de la totalité de ses importations en 2011, bien loin devant la France, provenance de 13% des importations camerounaises. Le volume de ces importations, apprend-on, est estimé à 58% du total des importations camerounaises en 2011. Parmi les produits importés, figurent les produits manufacturés et les produits pétroliers. En revanche, les exportations camerounaises à destination du Nigeria s’établissent à 8% du volume total du commerce extérieur du pays. Le Nigeria et le Cameroun partagent une frontière terrestre de près de 2.000 kilomètres. Première économie d’Afrique centrale (40% du PIB), le second, poussé par la résolution du différend frontalier relative à la presqu’île de Bakassi (Sud-ouest) rétrocédée en 2008 après avoir quinze ans d’occupation nigériane, entend saisir les opportunités économiques offertes par le géant.
Emergences des économies chinoise, indienne et africaine
« Les Cahiers économiques » de la Banque mondiale révèlent également que cette percée nigériane a un impact considérable sur les importations de l’Union Européenne qui, pendant plusieurs décennies, a mené les débats. Principal partenaire commercial du Cameroun, l’Union européenne (UE) a acheté, en 2011, environ la moitié (en valeur) de ses exportations (pétrole brut à destination de l’Espagne et de l’Italie, cacao à destination des Pays-Bas, bois transformé à destination de la Belgique et de l’Italie et aluminium à destination de la France). Un tiers des importations du Cameroun, indique le rapport, provient de l’UE. Seulement, la Banque mondiale reconnaît que l’importance du lien commercial avec l’Europe a diminué avec l’émergence des économies chinoise, indienne et africaine. La Chine, par exemple, est devenue le marché le plus important pour le coton et les grumes provenant du Cameroun, puisqu’elle achète plus de la moitié de ces produits dédiés à l’exportation. C’est également le cas du Nigeria qui chipe ainsi à la France son éternel maillot jaune. Du coup, la Banque mondiale pense que c’est le levier sur lequel le Cameroun devra le plus actionner. « Saisir les opportunités commerciales au niveau régional constituerait un bon terrain d’apprentissage pour devenir compétitif au niveau mondial. La région semble posséder des marchés porteurs pour les produits camerounais, notamment dans le secteur agricole, et pourrait être plus facile à conquérir, les normes régionales étant proches de celles du Cameroun », suggèrent les rédacteurs de l’étude. Le Cameroun devra pour cela consolider sa position sur le marché de la Cemac avant de saisir les occasions de commercer qu’offre le marché régional plus vaste qu’est la Cedeao. « Pour pouvoir saisir les opportunités qu’offre un régime commercial plus libre et pour que ces avantages profitent au plus grand nombre, il est essentiel qu’un accès élargi au commerce s’accompagne de politiques favorisant la mobilité des facteurs », pensent les experts de la Banque mondiale.
Potentialités
Les informations de cette étude sont confirmées par les autorités camerounaises, qui veulent également améliorer le niveau des exportations en direction de ce pays. Et les experts de la Banque mondiale pensent que le Cameroun regorge d’énormes potentialités, concernant spécifiquement le volet sur les échanges commerciaux. « Le Cameroun occupe une position idéale pour tirer parti des avantages économiques d’un renforcement des échanges commerciaux. En raison de son emplacement stratégique entre le Nigeria et le Gabon, et point de passage possible pour se rendre dans les pays enclavés de l’Afrique centrale (Tchad et RCA), le Cameroun est un carrefour naturel de la région, le port de Douala en étant le principal point d’entrée », ressortent-ils, en enchaînant. « De plus, le pays est géographiquement varié, avec des plaines qui relient le semi-désert sahélien au nord et la forêt équatoriale au sud. Les activités agricoles et économiques y sont donc également variées. Le sol camerounais recèle des ressources naturelles considérables : pétrole, essences forestières de grande valeur et produits agricoles (café, coton, cacao). Il comporte également des ressources inexploitées : gaz naturel, bauxite, diamants, or, fer et cobalt ». Malheureusement, la Banque mondiale regrette que, malgré cette diversité, la base des exportations demeure étroite.