Trois jeunes artistes, réunis sous le nom 3Kokoricos, présentent en ce moment «Contemporary Paintings in Douala»
Il faudra désormais compter avec ce nom, les « 3Kokoricos ». Ce sont trois jeunes artistes plasticiens, dont une congolaise, Aza Mansongi et deux camerounais Samuel dallé et Kristine Tsala, tous issus de l’Académie des Beaux Arts de Kinshasa. C’est là que démarre, et ils étaient loin de s’imaginer, leur belle histoire. C’était en 2006. Après leurs études, alors qu’ils faisaient déjà de petits travaux ensemble, ils décident de venir s’installer au Cameroun, pour, disent-ils, toucher d’autres horizons, sentir d’autres parfums. Là, nous sommes en 2008. Et comme l’explique le seul homme de la bande, l’art est dynamique, donc il est important de se déplacer. D’où notre migration sur Douala. A bras ouvert, Douala les accueille. Ici, l’inspiration ne se fait pas attendre. Dans un premier temps, et c’est la voie qui nous semblait plus facile c’est sur internet qu’ils publient leurs travaux. Jusqu’à ce qu’un mécène, qui a choisi de rester dans l’anonymat précise l’un des artistes, tombe dessus il y a huit mois, et décide de nous encourager, de soutenir notre travail. C’est alors que naît le projet de l’exposition que donnent actuellement les 3Kokoricos à Douala.
Fraîches, chaleureuses et dans l’air du temps
Chacun d’entre aux a bossé avec acharnement depuis six mois, pour produire un résultat aussi émouvant. Défendant chacun une démarche, une thématique bien précise, même si nous nous étions dits dès le départ, que toutes les toiles devaient dégager au final une certaine chaleur explique Kristine. Pendant qu’elle s’inspire de la rue, des odeurs du quotidien, des formes, des épices, Samuel, lui, peint les scènes de la vie. A mi-chemin entre l’abstraction et le figuratif, entre l’ombre et la lumière, il est surtout influencé par tout ce qu’il voit autour de lui : Ce que je vois, je le représente à ma façon. Je donne ma vision du monde avec des métaphores soutient-il. Pour Kristine, il est question de montrer comment le monde est contemporain, comment les gens se mélangent et le monde devient un tout. Dans mes uvres, tout le monde y est et personne n’y est en même temps. Tandis qu’Aza, elle, s’intéresse davantage aux expressions. Le visage, les humeurs, la joie, la tristesse, voilà ce qui m’inspire. Bref elle représente son environnement avec un pinceau comique, de quoi apporter du bonheur et déstresser les gens affirme-t-elle.
Rivaliser avec les artistes européens
Au total, ce sont une quarantaine de toiles, exposées de part et d’autre d’un lieu non réputé pour les expositions, mais tout aussi fréquenté. Le restaurant Le BOJ à Bonanjo. Et c’était justement cela le but emmener les artistes et leurs uvres vers le public, les sortir du cadre conventionnel que sont les galeries, car celles-ci sont un peu fermées à une catégorie de personnes. Or il fallait faire profiter les nôtres au maximum, avant que les uvres ne sortent du pays. Puisque les 3Kokorikos vont entamer avec ce travail une tournée européenne à partir de janvier 2012. Tournée qui devrait les conduire notamment en France, Grande Bretagne, Etats-Unis, Brésil, Espagne, mais les dates exactes sont encore entrain d’être finalisées. Pour les trois artistes, c’est une aubaine comme jamais ils n’en ont eu. Cette sortie va nous permettre de côtoyer d’autres artistes du monde entier, de nous améliorer et surtout de voir l’impact que peut avoir ce travail à l’extérieur. Pour les organisateurs, la vision se veut bien plus large, comme l’explique Murielle Ekotto – Mengata. .Les promoteurs des Kokoricos souhaiteraient que les amateurs d’art occidentaux ne regardent plus ces uvres comme de belles décorations africaines mais comme des uvres dignes de rivaliser demain avec celles de grands artistes contemporains européennes ou américains déjà reconnus. Les trois artistes entendent aussi à travers ce travail, lancer, comme leur nom l’indique, un signal fort. Le chant du coq est un indicateur de temps et signifie pour nous en tant qu’africains, qu’il est temps de se lever et se mettre au travail. C’est en même temps l’une des missions fondamentales de l’art, que d’éveiller les consciences et détermine ainsi notre manière de fonctionner. Pour les 3Kokoricos, c’est donc le jour qui se lève.