Intégration présente la vie comme elle va dans la localité une dizaine de jours après le coup de force des assaillants
Les bureaux administratifs de l’arrondissement de Kolofata, dans le département du Mayo Sava, reprennent du service ce lundi 4 août 2014, après une semaine de fermeture obligée, consécutive aux événements survenus dans la nuit du 26 juillet dernier. Toutefois, lors de la reprise du travail administratif, il manquera à l’appel les services de douane. Les autorités compétentes ont décidé de ne plus s’en servir dans les localités de Kolofata, Amchidé et Limani. Les douaniers de ces postes frontières ont été déployés ailleurs. Et pour cause, la situation de guerre déclarée ne favorise plus les échanges commerciaux entre le Cameroun et le Nigéria à partir de ces trois localités. Selon nos informations, le calme est de retour dans la petite ville de Kolofata située à une vingtaine de kilomètres du Nigéria.
La semaine dernière, il était impossible à un civil étranger d’accéder à la localité sous haute surveillance militaire. Des indiscrétions ont néanmoins permis d’obtenir des informations de première main. Ainsi, le bilan humain provisoire fait état d’une vingtaine de militaires tués (12 soldats du Bataillon d’intervention rapide – Bir et 10 gendarmes). Une quinzaine de personnes civiles ont également été tuées, parmi lesquelles dix morts dans le domicile du vice – premier ministre Amadou Ali. Une dizaine de personnes sont enlevées, en l’occurrence l’une des épouses du vice – Premier ministre, un magistrat en visite de famille chez Amadou Ali, le maire – lamido, etc. Il est à préciser que le bilan officiel reste à rendre public par les autorités compétentes.
Les circonstances de l’attaque armée demeurent floues. Mais des informations concordantes confirment que l’attaque était menée par des hommes en tenue du BIR. Ils seraient arrivés dans de véhicule 4×4, comme des soldats en opération de routine. Selon certaines sources, les assaillants parlaient l’haoussa et le kanouri. Ils étaient près de cinq cents individus. Ils auraient attendu 23h de la nuit pour opérer pendant plusieurs heures. Selon toute vraisemblance, des secours militaires en provenance de la localité lointaine de Kirewa auraient été pulvérisés par des roquettes des forces ennemies. Des soldats du Bir y auraient laissé leur vie sur le carreau. Curieusement, l’unité du Bir basée à Kolofata n’aurait pas bougé le petit doigt durant l’attaque. Est†ce du fait des effectifs réduits?
En effet, une partie du contingent de Kolofata serait allée la veille prêter main forte à une localité voisine en proie aux attaques de Boko Haram. Autre curiosité: les soldats basés à Amchidé et Limani (plus proches de Kolofata) ne sont pas venus en renfort à leurs collègues pris en grippe par les assaillants. D’où les questions: comment autant d’assaillants (environ 500) ont†ils procédé pour pénétrer sans être vus sur le territoire camerounais? Attaquée pendant plus de trois heures à l’intérieur de son territoire (20km de distance avec la frontière nigériane), pourquoi l’armée camerounaise n’a-telle pas su réagir? Comment les assaillants et les otages ont†ils pu se volatiliser sans laisser de traces?
Autant de questions sans réponse qui laissent prospérer toutes sortes d’interprétations. Et au†delà d’une action d’éclat attribuée à Boko Haram, les enquêteurs n’excluent pas la thèse d’un règlement de comptes interne. Selon des informations non recoupées, la secte islamique ne revendique pas l’attaque de Kolofata. Une lettre signée Boko Haram circulerait à Kolofata. Dans ce courrier†là, Boko Haram dit ne rien à voir ce qui s’est passé à Kolofata. Ce qui en rajoute à l’opacité dans la compréhension des événements survenus dans cette localité. Affaire à suivre.
