Par Florence Aimée TITCHO, Vice-Présidente et Jean Baudelaire BELENGUE, Secrétaire Général Adjoint du RACE
Les 12 et 13 août 2013, l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (ARSEL) a effectué une mission de contrôle dans les agences commerciales de l’opérateur AES/SONEL situées dans la ville de Yaoundé. Cette opération ponctuelle de l’Agence faisait suite à la plainte du RACE adressée le 16 juillet 2013 au MINEE (Ministère de l’Eau et de l’Energie) avec une ampliation au Premier Ministre, contre AES/SONEL et l’ARSEL pour « coaction d’arnaque sur les consommateurs d’électricité ». Les références des quittances citées dans la correspondance de l’ARSEL datée du 05 août 2013 relative à cette opération étant exactement les mêmes que les copies envoyées en pièces jointes avec notre plainte et connaissant la torpeur légendaire de l’Agence dans ce type dossier, nous sommes sûrs que cette action est sans doute la réponse à une injonction pressante de la tutelle, le MINEE en l’occurrence, sensibilisé au plus haut niveau par notre requête. Autre fait certainement aussi lié à cette plainte, c’est le lancement le 18 juillet 2013 par la même ARSEL, d’une curieuse annonce « à manifestation d’intérêt pour la mise en uvre d’un projet pilote d’un comptage intelligent des consommations et performances du service public de l’électricité ». Il s’agit prétendument pour l’Agence, à travers ce projet, « d’améliorer » la fiabilité de la facturation de l’électricité. Lorsqu’on se souvient du rejet massif par les consommateurs de l’expérimentation des compteurs à prépaiement introduits pendant quelques temps par l’opérateur AES/SONEL et rapidement abandonnée, on se demande ce qui se cache réellement derrière ce projet de « compteurs intelligents ».
Il faut rappeler qu’à l’origine, ce projet aujourd’hui récupéré par l’ARSEL, était porté par feu André Atiofack Kenfack, expert en électricité, promoteur du cabinet d’expertises KEN International et regretté conseiller du RACE. Ce projet dont l’étude était déjà bien avancée du vivant de ce compatriote, devait être réalisé en partenariat avec un fournisseur français d’équipements électriques. D’ailleurs, sous anonymat, un cadre de l’Agence nous a avoué que les 02 enquêtes de satisfaction clientèle menées par l’ARSEL en juillet 2011 sur un échantillon de 6000 abonnés d’AES/SONEL et celle de juin 2012 sur 10000 abonnés, avaient uniquement pour but de légitimer l’introduction de ces futurs nouveaux compteurs sur le marché national. Quoiqu’il en soit, pour nous, cette agitation tous azimuts de d’Agence est une grosse comédie. C’est une nouvelle man uvre de diversion, une fausse impression d’action après cette Nième escroquerie de la facturation de l’électricité révélée par le RACE et qu’elle ne pouvait ignorer. Mieux, par cette gesticulation, l’ARSEL tente d’émousser la dynamique de dénonciation enclenchée par notre organisation autour de cette affaire et à laquelle plusieurs autres associations de consommateurs ont spontanément adhéré.

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Nous ne le dirons jamais assez, la régulation dans le secteur de l’électricité au Cameroun est une réalité virtuelle. Aux yeux de tous, l’ARSEL est une institution profondément défaillante. Depuis sa création le 15 juin 1999 par décret présidentiel N°99/125, on ne se souvient pas d’une seule décision de l’Agence en faveur des usagers. Au contraire, en dépit de la gestion calamiteuse du service public de l’électricité par AES/SONEL, l’ARSEL a été incapable d’infliger la moindre sanction à l’encontre de cette entreprise, s’illustrant même comme le principal organisateur du racket opéré depuis plus de 12 ans sur les consommateurs. Dès lors, nul besoin d’aller consulter un devin ou un sorcier pour constater une insidieuse collusion d’intérêts maffieux aux relents concussionnaires entre les cadres dirigeants de l’ARSEL et les administrateurs d’AES/SONEL. Puisqu’ elle refuse volontairement de sévir contre l’opérateur AES/SONEL, au lieu de se livrer à un obscur «deal» sur les soi-disant «compteurs intelligents» et de missionner quelques agents à une promenade de santé grassement payée par le contribuable, on attend de l’ARSEL qu’au moins, elle dévoile la structure du tarif de l’électricité et nous dise à quelle «sauce» les consommateurs seront «bouffés» durant les 05 prochaines années, en rendant public le nouveau contrat de concession issu de la 2ème révision quinquennale de cette convention, renégociée et signée l’année dernière. En tout état de cause, en ce qui nous concerne au RACE, sachant d’expérience que toutes les «descentes sur le terrain» de l’ARSEL à AES/SONEL se soldent systématiquement par des «recommandations» jamais suivies d’effets concrets, il y a longtemps que nous n’accordons plus le moindre crédit aux balivernes de l’Agence. De même, nous conseillons vivement aux consommateurs de ne rien attendre des contorsions épistolaires de Monsieur Jean-Pierre KEDI (Directeur général de l’ARSEL) et son staff, au sujet de la facturation de l’électricité. La mobilisation agissante est l’unique moyen susceptible de garantir la sauvegarde de nos intérêts fondamentaux.
L’accès à l’énergie est un droit essentiel et inaliénable !
Fait à Douala, le 17 août 2013
Pour le Bureau Exécutif du RACE