François Bozizé et son épouse ont quitté le Cameroun ce mardi 08 Décembre 2009, après un bref séjour à Yaoundé
Bozizé et madame au Cameroun
Le moins que l’on puisse dire c’est que François Bozizé est venu au Cameroun pour discuter très sérieusement avec son homologue camerounais Paul Biya. La visite du président centrafricain fait suite à celle d’Idriss Deby du Tchad et à celle d’Ali Bongo alors seulement président élu du Gabon. Accueilli hier à sa descente d’avion par le président Paul Biya et son épouse, le couple présidentiel centrafricain a eu droit à un diner d’honneur au palais présidentiel. Il ya aussi eu l’entretien entre les deux premières Dames, à l’issue de laquelle la première dame de Centrafrique a annoncé son intégration auprès des Synergies africaines pour la lutte contre le sida et contre les souffrances.
Visite dans deux contextes particuliers
Cette visite s’est déroulée dans un contexte de crise sous-jacente dans la sous région Afrique Centrale, et une situation politique interne particulière en Centrafrique. Au plan sous régional, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) est à la vielle d’un sommet trop important qui avait initialement été prévu pour la fin du mois de novembre et reporté en raison d’élection présidentielle en Guinée équatoriale. Ce sommet désormais attendu dans les prochains jours devra débattre des sujets sensibles tels que la désignation de nouveaux responsables auprès de certaines institutions financières de l’Afrique centrale (BEAC, BDEAC). La délivrance du passeport biométrique CEMAC dès janvier 2010 et la réforme des institutions régionales sont également autant de sujets de préoccupation. Au plan interne, la Centrafrique est à la veille d’une échéance électorale, une situation qui s’accompagne toujours de gosses perturbations sociopolitiques.
Renforcer la coopération
Dans leur communiqué final, les deux chefs d’Etat ont repris l’essentiel des propos qu’ils ont tenu dans leurs différents toasts prononcés à l’occasion du diner offert dans la nuit du lundi 07 décembre au palais présidentiel de Yaoundé. Les deux dirigeants réaffirment leur engagement à renforcer la solidarité activité entre le deux pays. Aussi évoqué, la question de la délimitation et la démarcation de la frontière, le Cameroun et la RCA partagent à certains points de leur géographie, des groupes socioculturels semblables. Les deux pays s’engagent en outre à veiller à la sécurité transfrontalière. Les deux pays partagent une frontière commune de près de 800 kilomètres. Le peu de moyen de contrôle des deux cotés ont favorisé l’émergence de l’insécurité transfrontalière (enlèvements de bétails, coupeurs de route, commerce illégal d’armes). Cette situation est plus sérieuse pour la Centrafrique, qui pense que cette insécurité est le point de départ des instabilités politiques internes. Enfin les deux chefs d’Etat ont annoncé leur volonté d’améliorer les conditions du transit sur le sol camerounais, des marchandises à destination de la Centrafrique.
Une rencontre sous fond de divergences dans la sous région
La bataille pour le leadership et l’influence est une réalité de la sous-région Afrique centrale, et les enjeux en présence, ne sont pas toujours alignés. Il apparait clairement selon les experts qu’on assiste à la formation de regroupement stratégique, où la Guinée Equatoriale et la République populaire du Congo pourraient se retrouver en minorité. Plusieurs éléments sont à mettre sur la table des discussions. Le Tchad, la Centrafrique et le Cameroun ont tous eu une réaction particulière face aux assauts de la CBC, banque fondée par l’homme d’affaires camerounais Fotso Victor. Selon certains commentateurs que bien sur aucune source officielle ne soutient publiquement le soutien apporté par ces trois pays aux filiales de cette banque dans leur pays a jeté un petit froid chez le confrère Obiang Nguéma de la Guinée Equatoriale. Coïncidence ou pas c’est à bord d’un avion de la compagnie Air leasing appartenant au groupe Fotso, que Bozizé est arrivé au Cameroun.

Le Cameroun détenteur des meilleures cartes
D’un autre coté, le jeune président Bongo du Gabon ne bénéficie pas d’un grand soutient populaire. Les frasques associées à la gestion Gabonaise de la BEAC ont écorné l’image extérieur de son pays a il besoin du soutient de son voisin historique pour renforcer sa légitimité. Quant aux présidents Tchadien et centrafricain ils ont trop besoin du Cameroun pour gérer leurs afflux de réfugiés et surtout le Cameroun est un point de passage fiable pour leurs économies respectives. Des matières de frictions subsistent néanmoins, avec le Tchad sur la question des ressources Halieutiques du lac Tchad, et avec la découverte d’importants gisements de minerais (Diamant uranium) sur la zone qui couvre l’espace frontalier partagé avec la centrafrique. Les experts proposent un schéma hypothétique des enjeux croisés et parfois alignés : le Gabon a besoin de son grand voisin le Cameroun pour conserver son atout à la BEAC, le Cameroun n’y voit pas d’inconvénient mais a besoin de l’appui politique du Tchad et de la Centrafrique, qui à leurs tours sont disposés à condition qu’on renforce et éclaircissent un certain nombre de points, comme la sécurité transfrontalière, le partage des ressources situées en zone frontalières et enfin le soutient politique du Cameroun.
En partant de Yaoundé le président centrafricain se rendait à Malabo, où Obiang Nguema prête serment ce jour. Le prochain sommet de la CEMAC d’être promet très discuté.
