Le gouvernement a émis un appel d’offres restreint pour la mise en place d’un fonds de garantie de prêts aux PME et d’une structure spéciale de crédit
L’information, qui a fait l’objet d’une publication de deux appels d’offres dans le « Cameroon-tribune » du 08 août 2012, laisse entrevoir que le gouvernement envisage de mettre en place deux structures dont le rôle sera d’apporter un soutien supplémentaire au financement de l’économie, notamment le secteur des PME (Petites et Moyennes Entreprises). La première, dénommée Fonds de Garantie pour les Crédits aux Petites et Moyennes Entreprises (FOGAPME), est proposée par le ministère des finances dans le but de garantir l’accès des PME aux crédits bancaires. Ce fonds devra « nécessairement disposer en son sein d’un fonds d’aide au conseil pour l’assistance des promoteurs dans l’élaboration des dossiers bancables auprès des banques commerciales », peut-on lire dans l’avis d’appel d’offres. Le deuxième instrument de facilitation d’accès au financement est appelé « Crédit national ». Il lui est attribué les missions « d’accorder sur le plan local des prêts au compte de l’Etat et de gérer les emprunts extérieurs. Pour l’essentiel, le gouvernement qui a retenu restrictivement trois consultants pour la manifestation d’intérêt, souhaite avoir des propositions sur la forme des deux institutions, leurs modalités d’interventions, la politique des taux d’intérêt appliquées et un chronogramme de mise en uvre de chacune des structures. Pour le FOGAPME, le cabinet retenu pour l’étude devra aussi spécifier les modalités de fonctionnement du Fonds d’aide au Conseil pour l’assistance des promoteurs dans l’élaboration d’un projet bancable. Pour le « Crédit National », il est attendu des propositions sur la manière dont elle pourra procéder pour gérer les emprunts extérieurs.
Un projet surprenant .
Si l’objectif d’apporter des solutions aux problèmes de financement des PME justifiant ces deux appels à manifestation d’intérêt est en lui-même pertinent, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’efficience des termes de référence des deux études. « Des études sur les problèmes en rapport au financement des PME au Cameroun il y en a des tonnes, les problèmes sont connus et nous voyons mal comment une étude supplémentaire apportera de nouvelles informations jusqu’ici inconnues », s’est exprimé un expert du ministère des finances sur le sujet. La source, contre ces projets, rappelle au souvenir, que pour ce qui est du FOGAPME par exemple, il y a une similitude avec le FOGAPE (Le Fonds d’aide et de garantie aux petites et moyennes entreprises) de l’époque dans les termes de références de l’étude et que les circonstances qui ont conduit à la faillite de cette structure aujourd’hui n’ont pas beaucoup changé. Panne d’idées ou suractivité du gouvernement, il est difficile de situer cette initiative du gouvernement. L’étude pour ces deux structures est lancée alors qu’on attend encore le démarrage effectif de la Banque des PME et celle de l’agriculture. Selon des sources internes à la COBAC (Commission Bancaire de l’Afrique Centrale), le gouvernement camerounais n’aurait pas apporté la garantie que ces deux structures auraient la possibilité aux normes prudentielles appliquées aux établissements financiers de la sous-région. « Une banque prête l’argent qu’elle possède soit à travers les dépôts, les remboursements de prêts ou encore avec le financement de la Banque Centrale. Dans tous les cas, il faudrait que l’analyse du risque démontre une forte fiabilité et les banques annoncées par le gouvernement n’ont pas dû apporter toutes ces garanties » a expliqué Bernard Ouendji, un expert de l’économie camerounaise.
. Qui s’éloigne des questions essentielles
L’appel d’offre du ministre des finances semble indiquer que l’étude ne donnera pas un conseil sur l’opportunité ou non de mettre en place ces fonds. Or dans la logique des missions qu’on leur a accordées, on n’est pas loin d’autres concepts qui ont fait leurs parcours au Cameroun. On peut citer pêle-mêle le PAJER-U, le programme d’appui à la jeunesse rurale et urbaine, dont il n’existe aucun bilan effectif, le PIAASI, le programme d’appui et d’assistance au secteur informel, dont on n’a aussi aucun bilan. Dans le même temps, et au regard des missions assignées au Crédit National en gestation, on s’interroge sur la logique gouvernementale. Il existe déjà dans le cadre des directions spécifiques du ministère de l’économie, des programmes d’accord de prêts bonifiés, mais pour lesquels aucun audit n’a jamais été fait. De même, on comprend mal comment est-ce que va fonctionner une structure en charge de gérer la dette extérieure du Cameroun, alors que la CAA (caisse autonome d’amortissement), jusqu’ici est en charge du dossier. Selon certaines analyses, la mise en place des facilitations d’accès au crédit pour les PME camerounaises, est un problème peu pertinent. Une des grosses contraintes que vivent les PME locales dans un contexte où l’Etat est le principal client est celui du conflit entre les délais de paiements et les engagements sociaux. « Beaucoup de jeunes entreprises meurent avant la fin de leur troisième année, parce qu’il y a une pratique qui s’est installée au Cameroun, le non-paiement des factures. L’Etat est au-devant de cette pratique. Imaginez seulement que le stock de la dette intérieure, détenue essentiellement par les PME est de près de 500 milliards de FCFA dont certaines durent depuis cinq ans. Cette somme reste constante, alors que de son côté, lorsqu’on fait un jour sans régler une facture ou son impôt, le principal est tout de suite assorti des pénalités, je ne vois pas la garantie qui peut aider les entreprises dans ce cas, les risques d’insolvabilités étant toujours élevés », a indiqué Dieudonné Essomba expert en macro économie au ministère e l’économie. Les résultats de l’étude sont fortement attendus.