Depuis dix ans, cette somme est allouée chaque année par le gouvernement camerounais pour permettre la régénération des forêts du pays, objet d’une importante exploitation commerciale
Chaque année, près de 800 millions de F Cfa, soit un montant total d’environ 8 milliards depuis dix ans, sont alloués par le gouvernement camerounais pour permettre la régénération des forêts du pays, objet d’une importante exploitation commerciale. Les chiffres ont été communiqués mercredi, 16 décembre 2015, à Yaoundé, par le secrétaire général du ministère des Forêts et de la Faune, Denis Koutou Koulagna.
De sources officielles, le secteur forestier, qui joue le rôle de second pourvoyeur d’emplois en milieu rural, est l’un des moteurs de l’économie du Cameroun, avec une contribution de 6% au produit intérieur brut (PIB) et environ 41 milliards de F Cfa de recettes fiscales annuelles issues des exportations.
Selon Denis Koutou Koulagna, la gestion durable de ces ressources est une priorité.
En 1994, le gouvernement a fait voter par l’Assemblée nationale (Parlement) une loi spécifique à ce secteur qui distingue deux types de domaine forestier : d’une part, un permanent, et d’autre part, un non permanent. Pour le premier, il s’est fixé l’objectif de couvrir au moins 30% du territoire national, contre environ 20% en ce moment, d’après les estimations officielles.
C’est le domaine réservé aux forêts classées, qui comprennent les forêts communales. Au nombre de vingt-six aujourd’hui, celles-ci représentent une superficie de 721.912 hectares, soit le dixième des forêts classées et une production de 1.600 mètres cubes de bois au cours des quinze dernières années, a rapporté M. Koutou Koulagna.
C’est le principal thème de discussions d’un atelier régional organisé jusqu’à jeudi sous le thème : « la capitalisation des 15 ans d’expérience de mise en uvre de la foresterie communale au Cameroun ».
Avec une participation ivoirienne et béninoise, ces assises rassemblent un grand nombre d’élus locaux camerounais, sous l’assistance technique de la coopération allemande (GIZ). L’enjeu est la gestion durable des ressources forestières et fauniques puis la conservation de la biodiversité au Cameroun, a souligné la directrice de cet organisme, Ulrike Maenner.
« Gérer durablement une forêt communale, c’est être capable de la recevoir, l’utiliser et la transmettre aux générations futures dans un état amélioré », a-t-elle exposé, tout en relevant les opportunités de création d’emplois et de renforcement des activités productrices traditionnelles au bénéfice des populations locales.
Relever un tel défi revient à « mutualiser les moyens et les ressources afin d’agir de manière efficace », a cependant plaidé Dupont Obiéni, maire de la commune de Ndikimeki (Centre) et président de l’Association des communes forestières du Cameroun (Acfcam).
En quinze ans, beaucoup de progrès ont été accomplis, de l’avis de Bruno Mvondo, expert et président du Réseau des chefs traditionnels d’Afrique pour la gestion durable de la biodiversité et des écosystèmes de forêt (Rectrad).
« Le bilan est positif, parce que c’est l’expression de la décentralisation de la gestion de la forêt et des revenus issus de la forêt. Il y a par exemple des forêts qui ont maintenant des options : forêt communale REED+, forêt communale mangrove. Ça montre qu’on est allé au-delà de la simple forêt communale pour en faire des forêts communales spécialisées. C’est un grand pas », a-t-il dit.
Reste maintenant une plus grande vulgarisation des techniques de gestion des ressources et la pleine appropriation du processus par les communes et les communautés au sein des communes. Tout comme il s’impose la nécessité d’« appliquer la loi telle qu’elle est présentée et l’améliorer pour une application qui donne des résultats positifs, et surtout spécialiser les forêts communales ».
Pour l’autorité traditionnelle, il s’agit de faire en sorte que ces forêts « ne soient pas des forêts qui ne sont là que pour la valorisation du bois, mais toute ressource ligneuse et non ligneuse. Y compris les grands concepts qu’on a aujourd’hui, tels que la déforestation et la dégradation de la forêt, les changements climatiques ».

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