La logique de placer les investissements étrangers au c ur du processus du développement minier a été diluée par la présentation de solutions alternatives
Prenant la parole pour le début des travaux de réflexion et de partage d’expérience dans le cadre du deuxième forum minier qui a débuté à Yaoundé la capitale camerounaise le 29 mai 2012 dernier, l’administration camerounaise a présenté sa stratégie du développement du secteur minier. Une stratégie présentée en deux temps, d’abord par le directeur des mines et de la géologie, et ensuite sur un autre aspect, par un responsable du ministère de l’économie et du plan. Dans sa présentation, le directeur des mines a orienté la réflexion vers les opportunités que présentait la mine au Cameroun. « Le pays connait une croissance soutenue, il est au c ur d’un potentiel énorme de développement sous régional, il accorde des avantages fiscaux, il est en cours d’adhésion à des processus de transparence comme l’ITI ou encore celui de Kimberley et enfin bientôt seront des grands projets, notamment routiers, et énergétiques. Cela en fait pays idéal pour investir dans le domaine des mines », a fait savoir monsieur Maurice Mouaffo. Le responsable camerounais a, au passage, présenté les contraintes du secteur, dont l’insuffisance des ressources humaines qualifiées et celle d’infrastructures de transport. Un aspect que le gouvernement a dit prendre au sérieux. L’occasion aura été ainsi donnée de présenter le plan ferroviaire national. Un projet très ambitieux de près de 15 000 milliards de FCFA soit 1,2 fois le produit intérieur brut (PIB) du pays, à réaliser dans les 13 prochaines années. Même si le gouvernement semble fier de son plan minier, il n’empêche que la logique de le confier à des investissements étrangers de manière principale ne fait pas l’unanimité.
«Moi je les entends causer et je suis un peu surpris. De quoi discutons-nous ici, de la manière dont le Cameroun doit faire pour s’adapter aux exigences des investisseurs étrangers ? C’est mon impression en tout cas. On ne peut pas prétendre développer une stratégie minière de grande envergure, alors qu’on intervient à aucun moment du processus. Nous manquons de capacités tant au repérage, à l’exploration et aussi à l’exploitation. D’un autre côté, nous avons un plan d’élimination des contraintes, les grands projets, qui passent par l’aide des bailleurs de fonds. Cela réduit notre marge de man uvre. Une solution pour ma part, serait de discuter comment améliorer l’artisanat minier et le faire grandir jusqu’au stade de l’industrie», explique pour sa part Dieudonné Essomba, un expert de la macro économie camerounaise. La situation ne semble pourtant pas prête de s’améliorer. Dans son exposé sur les tendances du secteur minier en Afrique et dans le monde, le professeur Magnus Ericsson, a fait savoir que malgré son potentiel énorme, l’Afrique toute entière ne présentait que 10,2% de l’activité minière mondiale. Ce qui la place en difficulté dans le processus de négociation avec de gros investisseurs, bien outillés et très calés sur les objectifs. Il fera aussi savoir qu’au-delà des différents cadres que l’on peut mettre en place dans les pays, le travail industriel de la mine est devenu très couteux. Pourtant le secteur semble avoir de beaux jours devant lui. « Les minerais sont utilisés dans tous les segments de l’économie aujourd’hui, que ce soit pour les industries mécaniques, les technologies de pointe ou le développement de l’urbanisation à l’échelle universelle », a expliqué le professeur Magnus. La solution semble désormais venir non pas des stratégies nationales, mais des regroupements sous régionaux et même régionaux. La vision du régime minier de l’Afrique a ainsi été présentée par Olivier Maponga. Une vision qui donne la possibilité et des outils aux pays du continent, de pouvoir discuter avec les investisseurs de manière plus pertinente, mais surtout qui devrait permettre sur la base des programmes régionaux comme le REMAP en Afrique centrale, de mobiliser les ressources internes afin de pouvoir espérer de parvenir à un développement minier endogène.
