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Volker Türk au Cameroun, «les réfugiés ne sont pas des gens qui veulent commettre des crimes»

Le Haut-commissaire assistant a exprimé mercredi le désir du HCR de voir le gouvernement continuer à accorder sa protection et…

Le Haut-commissaire assistant a exprimé mercredi le désir du HCR de voir le gouvernement continuer à accorder sa protection et l’asile aux réfugiés nigérians, notamment à ceux résident à Kolofata.

Le Haut-commissaire assistant chargé de la protection Nations unies pour les réfugiés, Volker Türk, a achevé mercredi, 19 juillet, une visite de deux jours qui s’inscrit dans le cadre de la continuité du programme d’assistance et de protection des réfugiés nigérians vivant dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. La situation de ces réfugiés et l’accord tripartite – signé le 03 mars dernier entre le HCR, l’Etat du Cameroun et du Nigéria – sur leur retour volontaire ont été au centre des échanges avec des membres du gouvernement national.

Le Cameroun accueille 324 781 réfugiés sur ses terres, selon des données du HCR disponibles depuis le 30 juin dernier. Ce sont notamment, 212 534 nigérians, 91 278 nigérians et 20 969 réfugiés urbains. A cela s’ajoute des milliers de Nigérians qui se sont établis à Kolofata (Extrême-Nord), hors de l’encadrement du HCR, y improvisant un camp. Leur installation dans cette partie du pays a été suivie d’une part, par une série de cinq attentats suicides, et d’autres part, par le rapatriement de 889 personnes. «Il y a eu des retours de Kolofata qui a été pour nous un sujet de préoccupation et on a abordé cela avec les deux gouvernements. Pour nous, c’est important de mettre en place un mécanisme pour répondre au besoin de sécurité mas aussi aux besoins de la protection des réfugiés et de trouver un équilibre entre les deux.  Il faut savoir que les réfugiés ce sont des gens qui fuient les violences et les conflits. Ce ne sont pas des gens qui veulent commettre des crimes ou qui veulent agir comme des combattants. Ils cherchent la protection, ils cherchent à survivre dans un contexte difficile», indique Volker Tûrk.

Du côté du Cameroun, la présence des Nigérians à Kolofata semble embarrasser les autorités. Le 20 juin dernier, le gouverneur de l’Extrême-nord, Midjiyawa Bakary, avait, au cours d’une interview à la CRTV, déclaré qu’il était bon que ces populations rentrent chez elles. D’ailleurs un jour plus tôt, il s’était rendu à Kolofata avec l’intention de refouler ces personnes, mais s’était ravisé sur conseil des organisations humanitaires. «Ce camp n’est pas sécurisé…On ne sait pas qui est qui. Je pense qu’il est bon que ces populations rentrent chez-elles», avait-il déclaré.

S’exprimant sur la question des réfugiés nigérians au Cameroun, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma, avait mis en exergue des arguments financiers pour expliquer l’importance que le Nigéria abrite lui-même ses populations. «Cet afflux de réfugiés constitue une charge particulièrement lourde pour les pouvoirs publics, de même que pour les communautés d’accueil dont les ressources déjà limitées, se trouvent soumises à une pression souvent forte». Le ton particulièrement dur employé par ce membre du gouvernement lors d’une communication, le 29 mars, laissé percevoir un malaise qui ne saurait être vu du simple point de vue économique.

« Nonobstant de sa générosité et sons sens de l’hospitalité, le Cameroun n’a pas vocation à devenir un vaste camp de réfugiés à ciel ouvert. Il est avéré que seule une petite partie du territoire nigérian est touchée par les agissements du groupe Boko Haram. Il serait donc logique que les ressortissants nigérians qui fuient les exactions de ladite secte soient recasés dans des zones sécurisées de ce pays », avait poursuivit le ministre au lendemain des allégations du HCR relatif au rapatriement forcé des réfugiés nigérians.

Volker Türk appelle le gouvernement à respecter les engagements pris dans le cadre de l’accord tripartite signé le 23 mars entre le HCR, le Cameroun et le Nigeria et relatif à des facilités à mettre en place pour le retour des réfugiés.

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